Dans l'Aude, l'incendie d'une ampleur exceptionnelle est fixé information fournie par AFP 07/08/2025 à 21:00
Le pire incendie depuis au moins 50 ans sur le pourtour méditerranéen français, qui a coûté la vie à une personne, a été fixé jeudi soir dans l'Aude, après avoir parcouru 17.000 hectares de végétation en un peu plus de 48 heures.
"Le feu est fixé", a déclaré à l'AFP Lucie Roesch, secrétaire générale de la préfecture de l'Aude.
C'est le résultat de "la lutte menée depuis le début", se sont félicités les pompiers du département. "C'était un travail classique mais d'une ampleur extraordinaire", ont-ils précisé à l'AFP.
"La mobilisation des sapeurs pompiers restera intense sur le terrain dans les jours à venir", écrit la préfecture dans un communiqué, ajoutant que "les personnes sinistrées, sauf autorisation des autorités locales sur place, ne peuvent pas encore regagner leur domicile".
"Les axes fermés à la circulation restent pour l’essentiel non reconnus et donc potentiellement encore dangereux, notamment du fait de la présence de cables électriques sur les routes", poursuit-elle.
Parti mardi après-midi de la commune de Ribaute, à une quarantaine de kilomètres de Narbonne et de Carcassonne, l'incendie a parcouru 17.000 hectares de pinède et de garrigue, dont 13.000 brûlés, selon la sécurité civile.
- "Encore beaucoup de travail" -
"La journée a été très largement consacrée à traiter les foyers qui étaient encore actifs", ont indiqué auparavant les pompiers de l'Aude.
Leur patron, le colonel Christophe Magny, à la tête des opérations, avait annoncé que "l'objectif (était) de pouvoir fixer" le feu au plus tard en fin de journée.
De son côté, le préfet de l'Aude, Christian Pouget, a expliqué que l'incendie ne serait pas "déclaré éteint avant plusieurs jours", ajoutant: "Il y a encore beaucoup de travail".
Jeudi soir, 1.500 foyers étaient encore privés d'électricité, a fait savoir à l'AFP Enedis, pour qui "la priorité immédiate (...) est d'assurer la continuité des services essentiels", comme l'accès à l'eau ou aux réseaux de télécommunications.
"Il faut d'abord sécuriser le réseau électrique, dont des poteaux ont brûlé", a expliqué le préfet.
Au troisième jour de combat contre le feu, plus de 2.000 pompiers et 500 engins sont restés mobilisés jeudi, appuyés d'un dispositif aérien important.
L'Union européenne a également annoncé se tenir "prête à mobiliser" des ressources.
Le sinistre géant a aussi détruit ou endommagé 36 habitations et brûlé 54 véhicules, selon le bilan provisoire de la préfecture.
C'est le pire incendie depuis au moins 50 ans sur le pourtour méditerranéen français, selon une base de données gouvernementale répertoriant les feux de forêt depuis 1973.
À Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, une femme de 65 ans qui avait refusé de quitter sa maison a été retrouvée morte mercredi à son domicile dévasté par les flammes. La préfecture a également décompté 13 blessés: deux habitants hospitalisés, dont un grièvement brûlé, et onze sapeurs-pompiers, dont un souffre d'un traumatisme crânien, selon le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau venu sur place.
- Vignobles perdus -
D'après les premiers éléments de l'enquête, le feu a démarré à Ribaute, sur le bord d'une route, selon la gendarmerie.
Le parquet de Carcassonne a indiqué à l'AFP ne pas connaître encore son origine.
Le préfet a évalué "de 800 à 900 hectares" les vignobles perdus.
"Si on n'est pas aidés, on ne se relèvera pas. On perd gros. C'est un désespoir complet. Ça m’écœure, cette vigne, toutes ces années de travail, c'est parti en fumée en une heure", confie à l'AFP Fabien Vergnes, 52 ans, dans sa propriété de 20 hectares à Tournissan, à quelques kilomètres de Saint-Laurent.
- Naufragés du feu -
Le préfet de l'Aude a également indiqué que quelque 2.000 personnes évacuées n'avaient pas encore pu regagner leur domicile.
Jeudi, "plusieurs centaines de personnes ont été accueillies dans les salles polyvalentes mise à disposition" par les communes, selon le communiqué de la préfecture.
La salle des fêtes de Lézignan, a accueilli près de "200 personnes en état de stress", explique Max Valette, le chef de la réserve communale de la Sécurité civile.
"Jusqu'à 17 de ces lieux d'accueil ont été ouverts par les mairies, soit concernées directement par les incendies, soit en solidarité pour accueillir les personnes ne pouvant pas retourner chez elles ou naufragées de la route", a ajouté le préfet venu rencontrer les sinistrés de Lézignan.