Cyclisme: Le grand défi de Pogacar sur Paris-Roubaix information fournie par Reuters 11/04/2025 à 11:01
par Vincent Daheron
En "Cannibale" des temps modernes, en référence au surnom de la légende belge Eddy Merckx, le Slovène Tadej Pogacar s'est lancé un nouveau défi à sa démesure : Paris-Roubaix.
Dimanche, au départ de Compiègne (Oise) pour le troisième Monument - les cinq courses d'un jour les plus prestigieuses du calendrier - de la saison cycliste, le champion de 26 ans sera le premier vainqueur sortant du Tour de France depuis l'Américain Greg LeMond en 1991 à poser ses roues sur les redoutables pavés du Nord (55,3 km de pavés répartis en 30 secteurs, parcours total de 259,2 km).
D'autres chiffres illustrent cette anomalie : Bernard Hinault est le dernier vainqueur du Tour de France à avoir remporté Paris-Roubaix en 1981 tandis qu'Eddy Merckx est le dernier vainqueur sortant du Tour à avoir levé les bras sur l'Enfer du Nord en 1973.
"Paris-Roubaix est une course complètement différente, c'est un nouveau territoire, mais j'accepte pleinement le défi. Je vais essayer de faire de mon mieux", a déclaré Tadej Pogacar, triple vainqueur du Tour de France, sur le site de son équipe UAE Team Emirates.
La reine des classiques, l'autre surnom de la course, a souvent été considérée comme l'apanage des gros gabarits pour résister aux pavés souvent tranchants ou disjoints.
"Pour gagner un grand tour, il faut être un grimpeur, mais normalement ce ne sont pas les grimpeurs qui gagnent une course plate (comme Paris-Roubaix)", explique pour Reuters le Norvégien Thor Hushovd, sur le podium de la course nordiste en 2009 et 2010. "C'est difficile de rouler sur les pavés plats quand on pèse 66 kg."
Tadej Pogacar maîtrise déjà les pavés belges, ceux du Tour des Flandres qu'il a remporté dimanche dernier pour la deuxième fois après 2023. Dans cet autre Monument, les monts pavés avec des courts passages à plus de 20% de pente favorisent ses qualités de grimpeur.
"LE BON MOMENT"
"On sait qu'il peut gagner les Flandres parce que sa force est dans les bosses mais Paris-Roubaix est une course complètement différente car toute plate", poursuit Thor Hushovd, désormais manager général de l'équipe Uno-X Mobility.
Treizième de Paris-Roubaix juniors en 2016, Tadej Pogacar s'était également montré à l'aise sur la 5e étape du Tour de France 2022 qui présentait 19,4 km de pavés. Après être passé à l'offensive à une vingtaine de kilomètres de l'arrivée, il avait pris la 7e place en reprenant 13 secondes aux autres favoris au général, dont le futur vainqueur du Tour, le Danois Jonas Vingegaard.
Après avoir reconnu la mythique trouée d'Arenberg en février dernier, le champion du monde a annoncé sa participation fin mars dans la foulée de sa troisième place au premier Monument de la saison, Milan-San Remo, le seul qui lui résiste avec Paris-Roubaix.
"Ce sera une course très difficile mais je pense qu'avec la forme que j'ai, c'est le bon moment pour essayer", a dit le Slovène. "Nous avons eu une grande bataille le week-end dernier au Tour de Flandres et j'espère qu'on pourra encore faire un bon spectacle dimanche."
Malgré la concurrence du double vainqueur néerlandais Mathieu van der Poel ou du Danois Mads Pedersen, 3e l'an passé, une victoire de Tadej Pogacar n'étonnerait pas grand monde.
Depuis 70 ans, seuls le Français Jean Forestier en 1955 et l'Italien Sonny Colbrelli en 2021 ont triomphé dès leur première participation.
(Reportage Vincent Daheron, édité par Augustin Turpin)