Course à "l'exaflop" : où se trouvent les supercalculateurs les plus puissants du monde ? information fournie par Boursorama avec Media Services 05/09/2025 à 12:57
L'Europe a inauguré vendredi 5 septembre Jupiter, son premier ordinateur "exascale", géant et ultra-rapide, destiné à combler son retard dans l'intelligence artificielle, et à renforcer la recherche scientifique, en particulier sur le climat. Etats-Unis et Chine dominent un secteur aux données embrumées dans le brouillard stratégique.
Avec la mise en action en Allemagne de "Jupiter ", l'Union européenne rejoint le cercle très restreint des puissances dotées d'ordinateurs dits "exaflopiques", ces supercalculateurs capables d'effectuer plus d'un milliard de milliards d'opérations par seconde, aux côtés des États-Unis et, selon nombre d'experts, de la Chine.
D'autres pays disposent de supercalculateurs sans pour autant atteindre le seuil de l'exaflop: notamment le Japon, la Corée du Sud, le Royaume-Uni et le Canada, qui comptent chacun plus de dix systèmes dans le classement Top500, une liste de référence des ordinateurs les plus puissants du monde.
Les supercalculateurs, utilisés pour la modélisation du climat, la recherche médicale, la science des matériaux ou l'entraînement de modèles d'intelligence artificielle, sont de très grands ordinateurs agrégeant plein d'unités informatiques pour réaliser un grand nombre d'opérations de calcul ou de traitement de données "en parallèle", explique sur son site le Commissariat français à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA).
Ils permettent ainsi de simuler un phénomène réel pour l'étudier, à partir de sa conversion en équations mathématiques. La vitesse de traitement des opérations s'exprime principalement en Flops (Floating Point Operations Per Second), soit le nombre d'additions ou multiplications décimales réalisées par seconde.
C'est sur cette base qu'est constituée la liste Top500, gérée par la société de conseil allemande Prometeus GmbH et mise à jour depuis 1993 par une équipe américano-allemande de chercheurs.
Jupiter se hisse à la quatrième place en termes de performance théorique maximale. Seules trois machines le dépassent, toutes américaines: "El Capitan", "Frontier" et "Aurora", installées dans des laboratoires du Department of Energy.
La Chine disposerait elle aussi de supercalculateurs exaflopiques, selon plusieurs experts, mais leurs performances restent confidentielles. Cette opacité contribue à redonner l'avantage aux États-Unis, qui survolent désormais un classement dominé par la Chine au tournant de la décennie actuelle.
L'Europe brille par sa sobriété
Les États-Unis comptent ainsi 175 supercalculateurs dans la liste de juin, représentant 48,4% des capacités de calcul du Top500. La Chine en aligne 47, l'Allemagne 41 et le Japon 39, dont "Fugaku", qui a occupé la première place entre 2020 et 2022 avant d'être détrôné par les Américains.
Cinq des dix ordinateurs dans le top 10 mondial sont européens: "Jupiter" (Allemagne), "HPC6" et "Leonardo" (Italie), "Alps" (Suisse) et "Lumi" (Finlande).
Comme les superordinateurs sont de plus en plus puissants et denses, leur consommation électrique devient très importante et dégage énormément de chaleur. Sur ce terrain, l'Europe tire son épingle du jeu: la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni abritent plusieurs des systèmes les plus économes au monde. "Jupiter" fonctionne ainsi grâce à un refroidissement à l'eau, là où nombre de ses concurrents nécessitent une ventilation ou une climatisation énergivore.