Conseil des ministres: Macron retrouve un gouvernement sur le fil du rasoir information fournie par AFP 27/08/2025 à 09:45
Un gouvernement en sursis à l'Elysée. De retour du fort de Brégançon où il a passé son été, le président Emmanuel Macron tient mercredi un conseil des ministres, à moins de deux semaines d'un vote de confiance aux accents de moment de vérité.
Retour de vacances agité: les membres de l'exécutif se retrouvent à l'Elysée à 10H00 deux jours après l'annonce surprise - ils en ont été informés 30 minutes avant - par François Bayrou qu'il engagera le 8 septembre devant l'Assemblée nationale la responsabilité de son gouvernement sur le désendettement de la France et le cap budgétaire à fixer pour 2026.
Pour que François Bayrou puisse demander la confiance de l'Assemblée, une délibération du Conseil des ministres est nécessaire. Le chef de l'Etat doit par ailleurs convoquer une session extraordinaire du Parlement.
La porte-parole du gouvernement Sophie Primas tiendra sa traditionnelle conférence de presse en fin de matinée à l'issue du Conseil. "Pour l'instant, on ne prépare pas les cartons, on est occupé à expliquer", a-t-elle assuré sur TF1.
La décision de l'exécutif ouvre cependant une nouvelle période d'incertitudes qui place de nouveau Emmanuel Macron en première ligne. Car les oppositions de gauche et d'extrême droite ont fait savoir qu'elles ne voteraient pas la confiance, et le gouvernement a donc toutes les chances de tomber.
Une conséquence qui rend le choix de François Bayrou, confronté à l'impopularité de son plan d'économies budgétaires de près de 44 milliards d'euros, largement incompris au sein de la classe politique.
"Je ne comprends pas ce coup de poker. Pas de méthode, pas de contacts, pas de négociation pendant l'été. Et tout d'un coup, faites-moi confiance en général et ensuite on pourra discuter", a résumé à gauche sur France 2 Raphaël Glucksmann qui y voit "un mal français, le manque d'humilité".
Une incompréhension partagée à mots couverts dans le camp présidentiel. "Cette décision, elle est prise. On peut ergoter sur +est-ce qu'il fallait la prendre ou pas? Elle est là", a balayé l'ex-Premier ministre Gabriel Attal sur France inter.
Même au sein du socle gouvernemental, la confiance n'est pas complètement garantie, notamment au sein de la cinquantaine de députés Les Républicains (LR) où "il n'y a pas à ce stade d'unanimité sur le vote de confiance", a indiqué à l'AFP une source parlementaire.
- Dissolution -
François Bayrou a promis mardi de se battre "comme un chien" pour éviter la chute du gouvernement et demandé aux oppositions de "réfléchir" et de renoncer à leurs "réflexes spontanés", les appelant à choisir entre le "chaos" et "la responsabilité".
Dans un message visant principalement les socialistes, qui ont annoncé dès lundi qu'ils voteraient contre la confiance alors que Matignon espérait trouver un compromis avec eux, il a souligné qu'il ne demandait "à personne de se renier" et se dit prêt à négocier sur la taxation des hauts patrimoines.
Le chef du gouvernement, qui espère que les Français fassent pression sur leurs députés en sa faveur et sera mercredi soir au 20H de TF1, n'a pas non plus l'opinion publique de son côté: seuls 27% des personnes interrogées disent espérer que M. Bayrou soit maintenu en fonctions par les députés, selon un sondage Elabe pour BFMTV.
Dans un autre sondage Ifop, 63% des Français réclament une nouvelle dissolution alors qu'ils n'étaient que 41% début juin.
Une dissolution, jusqu'ici écartée par le chef de l'Etat et que seul le RN réclame, LFI demandant de son côté une présidentielle anticipée.
Gabriel Attal ne croit ainsi pas "qu'une nouvelle dissolution apporterait de la stabilité". "Ce n'est pas aux Français de régler les problèmes de l'Assemblée, c'est à l'Assemblée de régler ses propres problèmes", a-t-il estimé.
Même embarras chez les socialistes. En cas de dissolution de l'Assemblée, un accord programmatique entre le PS et LFI tel que celui négocié sous l'égide du Nouveau front populaire (NFP) en 2024 "ne paraît pas concevable", estime le chef des députés socialiste Boris Vallaud pour qui "la logique voudrait que le président de la République laisse sa chance à la gauche" à Matignon.
L'incertitude politique se transmet sur les marchés: la Bourse de Paris a perdu 1,70% mardi, tandis que les actions des banques, qui détiennent en masse des titres de dette française, chutaient nettement et que les taux d'emprunt français se tendaient.
La dette publique française représente près de 114% du PIB, soit la troisième plus importante de la zone euro derrière la Grèce et l'Italie.