Connecter le GNL d'Alaska à l'Asie ? Trump relance le projet de gazoduc pour relier Etats-Unis et Japon
information fournie par Boursorama avec Media Services 06/03/2025 à 09:25

Fin janvier, le gouvernement japonais avait esquissé les contours d'un soutien financier XXL au projet de pipeline américain, malgré des incertitudes persistantes quant à son coût.

Le projet de nouveau gazoduc emprunterait pour partie le chemin du gazoduc déjà construit entre les champs du grand nord de l'Alaska et le port de Valdez (illustration) ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / MARIO TAMA )

Les ressources du grand nord de l'Alaska attirent l'attention. Au cours de son discours fleuve prononcé devant le Congrés, mardi 4 mars, Donald Trump a assuré qu'il comptait finaliser prochainement un projet de gazoduc en Alaska qui permettrait de livrer du gaz "(au) Japon, (à) la Corée du Sud et d'autres nations". "Mon gouvernement travaille sur un immense projet de gazoduc en Alaska, parmi les plus grands au monde, dans lequel le Japon, la Corée et d'autres nations pourront être nos partenaires. (...) Tout est prêt" pour lancer le projet, a-t-il assuré lors de son premier discours devant le Congrès depuis son retour.

Ce projet de gazoduc avait déjà été mentionné par le président américain en présence du Premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, début février, Donald Trump assurant que l'archipel s'était alors engagé à acheter "des quantités record" de gaz naturel américain. "Nous discutons d'un gazoduc depuis l'Alaska, qui est le point le plus proche" pour livrer du gaz vers le Japon, avait-il alors assuré.

Le projet vise à connecter les champs de gaz du "North Slope", le comté de l'extrême-nord de l'Alaska, à une installation GNL côtière située plus au sud, dans la péninsule du Kenai, via un gazoduc de plus de 1.200 kilomètres.

Sept à neuf jours de navigation

Ce dernier emprunterait sur sa partie nord le tracé de l'oléoduc Trans-Alaska, inauguré en 1977, qui relie les champs pétrolifères du North Slope au terminal de Valdez. Le nouveau "pipe", chargé de gaz, bifurquerait lui plus à l'ouest, sur sa seconde partie, vers la baie d'Anchorage. Selon Alaska LNG, le projet vise ainsi à construire un complexe de liquéfaction sur le terminal historique de Nikiski, à l'arrêt depuis 2018.

De ce site, le gaz naturel liquéfié pourrait être embarqué par bateau vers les grands ports asiatiques, en sept à neuf jours de navigation, à hauteur de 20 millions de tonnes par an, promet la direction du projet.

L'idée de construire un gazoduc en Alaska existe depuis la découverte en 1967 de larges réserves de gaz -- et de pétrole -- sur la côte nord du territoire, plus précisément autour de la baie de Prudhoe. Un premier projet avait été lancé à la fin des années 1970, avant d'être finalement abandonné, faute de viabilité économique. Un autre a fait surface dans les années 2000, sous l'impulsion notamment de la gouverneure de l'Etat de l'Alaska Sarah Palin.

De grands groupes pétroliers étaient prêts à investir, parmi lesquels TransCanada, ConocoPhillips, BP et ExxonMobil. Même le géant russe Gazprom avait manifesté son intérêt en 2008. Mais le projet a connu le même sort, à nouveau pour des considérations financières.

L'entreprise pétrolière et gazière publique taïwanaise CPC Corporation s'était également dite "très intéressée par le gaz naturel de l'Alaska. La société continuera à évaluer la faisabilité et est prête à augmenter ses achats", avait déclaré le ministère des Affaires économiques de Taïwan dans un communiqué. Le ministère du Commerce de la Corée du Sud a déclaré mardi à qu'il était en discussions concernant le projet. "Etant donné l'intérêt marqué des Etats-Unis, nous engageons activement des discussions, mais à ce stade, il n'y a rien de concret n'est à annoncer", a indiqué un responsable du ministère à l'AFP, précisant qu'aucune décision n'avait encore été prise concernant la participation de Séoul.

Fervent défenseur des énergies fossiles, Donald Trump a annoncé dès le premier jour de son retour au pouvoir un état d'"urgence énergétique" pour doper la production d'hydrocarbures des Etats-Unis. Parmi les mesures prises à cet escient, le républicain a signé un décret présidentiel pour annuler l'interdiction de nouveaux forages dans une immense zone maritime décidée par son prédécesseur. Cela concernait notamment l'Alaska mais des associations avaient alors saisi la justice, estimant que le président n'a pas le droit de revenir sur la décision prise par son prédécesseur de protéger ses zones sans passer par le Congrès. En 2019, un juge fédéral de l'Alaska avait déjà jugé illégale la levée par le président Donald Trump d'une interdiction de forages pétroliers et gaziers dans l'Atlantique et dans l'Arctique décidée par son prédécesseur Barack Obama. Mais au-delà du Japon, d'autres pays, tels que les Philippines ont fait part de leur intérêt pour recevoir des livraisons de gaz naturel liquéfié provenant d'Alaska. Selon Donald Trump, les pays concernés se sont engagés à réaliser "des investissements de milliers de milliards de dollars chacun" dans ce projet mais aucun gouvernement étranger n'a jusqu'ici fait d'annonce spécifique en la matière.