Conférence de presse de Bayrou à l'orée d'une rentrée agitée
information fournie par Reuters 25/08/2025 à 13:31

Réunion hebdomadaire du cabinet au Palais de l'Elysée à Paris

PARIS (Reuters) -Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adressera ce lundi aux Français à travers une conférence de presse à l'approche d'une rentrée politique et sociale périlleuse qui le verra défendre le budget 2026 au Parlement, où son gouvernement est menacé de censure.

Le mouvement informel "Bloquons tout" lancé sur les réseaux sociaux pour le 10 septembre et soutenu par la gauche pèse aussi sur cette période qui semble de celle de tous les dangers pour le gouvernement installé en tout début d'année.

"Je veux remettre les choses en place sans ambiguïté et envoyer un message de mobilisation et de responsabilité", déclare François Bayrou à la Tribune Dimanche, trois jours après avoir dîné avec le président Emmanuel Macron dans sa résidence d'été du fort de Brégançon (Var).

"Je ne crois pas que la réponse des Français puisse être de bloquer le pays", déclare-t-il aussi.

A travers des déplacements et des interventions sur les réseaux sociaux, le Premier ministre a passé l'été à tenter d'expliquer le contenu de son projet de budget pour 2026 dévoilé mi-juillet, qui entend faire près de 40 milliards d'économies via des mesures souvent impopulaires.

Il prévoit notamment la suppression de deux jours fériés, une "année blanche" impliquant le gel de certaines dépenses de l'Etat, le blocage du barème de l'impôt sur le revenu, le déremboursement de certains médicaments et une nouvelle réforme du système d'assurance-chômage.

Des entretiens avec des responsables politiques et syndicaux sont prévus cette semaine pour en débattre, en amont de la reprise des travaux au Parlement fin septembre.

Aucun député de la France insoumise (LFI) n'ira aux rencontres avec le gouvernement, a toutefois prévenu lundi la cheffe de file du groupe parlementaire, Mathilde Panot.

"Il n'y a rien à négocier dans ce budget", a-t-elle déclaré sur BMFTV/RMC. "Nous refusons la logique même du budget", qui est "désastreuse".

"BLOQUONS TOUT"

LFI, qui a annoncé le dépôt d'une motion de censure le 23 septembre pour faire tomber le gouvernement Bayrou, s'est par ailleurs posé en soutien du mouvement de protestation informel né sur les réseaux sociaux, "Bloquons tout".

Apolitique au départ et dépourvu de leader identifié, le mouvement de protestation a reçu le soutien de La France insoumise, des Écologistes, des communistes et des socialistes.

"Nous nous mettons au service de ce mouvement populaire", a dit Mathilde Panot, affirmant respecter que le mouvement "soit autonome et apartisan".

Par la voix de ses élus, le Rassemblement national (RN) a fait savoir pour sa part qu'il ne s'associerait pas à cette mobilisation, qu'il juge récupérée par la gauche.

"À chaque fois que LFI récupère quelque chose, elle le pourrit", a dénoncé lundi sur franceinfo le député RN Julien Odoul.

Le RN exclut pour l'heure de voter la motion de censure déposée par LFI le mois prochain mais laisse planer la menace lors du débat budgétaire qui se tiendra en octobre.

"Le débat budgétaire commence au mois d’octobre et c’est là et seulement à ce moment-là qu’on verra quelles sont les décisions qui seront prises par ce gouvernement", a déclaré Julien Oudoul.

"Si François Bayrou persiste et signe dans ses orientations désastreuses, s’il ne souhaite pas la rupture avec le macronisme (...), la chute est inévitable".

LE GOUVERNEMENT "N'A PAS PEUR"

La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, s'est pour sa part montrée prudente face au mouvement "Bloquons tout", évoquant des modes d'action "flous" et mettant en garde contre des "tentatives de noyautage et d'instrumentalisation de l'extrême droite."

Les fédérations de taxis ont dit leur intention de manifester dès le 5 septembre pour protester contre les nouveaux tarifs du transport sanitaire.

SUD-Rail, troisième syndicat de cheminots, a appelé de son côté à faire "grève massivement" le 10 septembre.

Face à cette rentrée potentiellement explosive, le gouvernement "n'a pas peur", a affirmé lundi la ministre déléguée chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes Aurore Bergé sur Europe 1.

"Je pense qu'il faut ni excès de fébrilité, ni excès de confiance", a-t-elle ajouté, reconnaissant "une part de sincérité" dans le mouvement du 10 septembre face à la colère de "celles et ceux qui ont l'impression de participer plus que d'autres à l'effort collectif".

"C'est pour ça qu'il ne faut pas qu'on se trompe sur la question du budget justement. Qu'il faut que l'effort soit partagé, bien ciblé", a affirmé Aurore Bergé, défendant un projet de budget gouvernemental dont "le premier des efforts" porte "sur l'Etat et non pas sur de l'impôt supplémentaire".

(Rédigé par Elizabeth Pineau et Blandine Hénault, édité par Zhifan Liu)