Commission d'enquête sur l'islamisme: LFI "n'acceptera jamais l'entrisme religieux", assure Mélenchon
information fournie par AFP 06/12/2025 à 18:42

Jean-Luc Mélenchon devant la commission d'enquête parlementaire à l'Assemblée nationale, à Paris le 6 décembre 2025 ( AFP / Bertrand GUAY )

La commission d'enquête parlementaire, voulue par la droite sur des liens supposés entre mouvements politiques et réseaux islamistes, a offert samedi une tribune à sa cible principale Jean-luc Mélenchon, qui a exposé sa vision de la laïcité et assuré que La France insoumise "n'acceptera jamais l'entrisme religieux".

Reconnaissant "l'existence d'une menace islamiste au milieu de bien d'autres", le tribun de 74 ans a estimé que son mouvement avait déjà été "innocenté" par les travaux de la commission.

Parmi "tous les responsables de services de renseignement que vous avez entendus, aucun ne dit qu'il y a un lien entre nous et les islamistes", a-t-il affirmé.

Il a aussi fait référence à l'audition des auteurs d'un rapport sur l'entrisme des Frères musulmans. "Il n’a pas été mis en évidence, à notre connaissance, dans la doctrine de la mouvance française, de documents visant l’islamisation à court ou moyen terme" en France, avait relevé l'un des deux auteurs, Pascal Courtade, devant les parlementaires.

Ne se sentant pas responsable de la présence de tel militant islamiste ou autre "urluberlu" aux côtés d'Insoumis dans certaines manifestations propalestiniennes, le leader de LFI a renvoyé la balle au président de la commission Xavier Breton (LR), qui avait manifesté contre le Mariage pour tous. Dans ces manifestations, "vous étiez avec des islamistes, ça ne vous a pas dérangé ?", a-t-il ironisé.

La mise en place de cette commission d'enquête a connu de nombreux soubresauts et provoqué de vives réactions dans la classe politique notamment car elle ne comporte aucun élu issu de la gauche dans son bureau (président, vices-présidents, secrétaires...).

Xavier Breton a tenté samedi de convaincre qu'elle ne vise "pas un parti en particulier", alors que LFI se sent particulièrement ciblée.

L'audition de Jean-Luc Mélenchon lui aura en tout cas permis de développer son point de vue sur la laïcité de l'Etat, garantie par la loi de 1905, une question "fondatrice" à ses yeux.

Il a expliqué "avoir évolué" sur la question et "renoncé à une forme d'anticléricalisme grossier" au fil des rencontres de sa vie, et non pas par clientélisme électoral à l'égard d'une population musulmane comme l'en accusent ses détracteurs.

- "L'Etat est laïc", "pas la rue" -

Jean-Luc Mélenchon devant la commission d'enquête parlementaire à l'Assemblée nationale, à Paris le 6 décembre 2025 ( AFP / Bertrand GUAY )

Il a mis en garde le rapporteur, le ciottiste Matthieu Bloch, contre la tentation à droite et à l'extrême droite de vouloir réglementer des pratiques religieuses, interdire le port du voile dans la rue ou la pratique du jeûne.

"Bien sûr, il y a des gens qui (le) mettent sur la tête comme un signal religieux. A nous de faire preuve de discernement. C'est l'État qui est laïc en France, ce n'est pas la rue et les adultes s'habillent comme ils l'entendent", a-t-il plaidé.

Quant aux mineurs, "la loi reconnaît à chaque parent le droit de transmettre ses valeurs à ses enfants", a-t-il fait valoir. Et quid de la circoncision ? s'est-t-il interrogé.

Confronté aux accusations d'antisémitisme de son mouvement par la députée Renaissance Prisca Thévenot, il les a balayées, faisant part de son "agacement de devoir sans cesse montrer patte blanche devant des inquisiteurs de circonstance".

Il a cependant tenu à défendre le professeur de l'université de Lyon 2, suspendu pour avoir qualifié de "génocidaires à boycotter" vingt personnalités dont une majorité de confession juive, affirmant que "cet enseignant n'est pas antisémite".

Après Jean-Luc Mélenchon, la commission a entendu le ministre de la Justice Gérald Darmanin qui n'a évoqué ni LFI ni d'autres partis dans son audition, mettant l'accent sur la radicalisation en général, notamment en prison.

La commission, qui doit prochainement terminer ses travaux, a auditionné une trentaine de personnes dont des universitaires, des sondeurs, le directeur du renseignement de la préfecture de police de Paris et le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez.

Outre M. Mélenchon, la seule cheffe de parti convoquée a été Marine Tondelier.

La patronne des Ecologistes a accusé mardi la commission de "nourrir ce climat de suspicion permanente qui pèse sur un trop grand nombre de nos compatriotes en raison d’une appartenance réelle ou supposée à une religion, en l’occurrence l’islam".