Colombie: verdict pour l'ex-président Uribe accusé de subornation de témoins information fournie par AFP 28/07/2025 à 04:00
Un tribunal colombien rend lundi son verdict dans une affaire de subornation de témoin visant l'ancien président Alvaro Uribe (2002-2010), le premier chef de l'Etat colombien à être poursuivi par la justice pénale.
L'homme politique de 73 ans risque jusqu'à 12 ans d'emprisonnement.
L'affaire remonte à 2012. L'ex-président accuse alors un sénateur de gauche, Ivan Cepeda, de chercher à obtenir de faux témoignages le liant aux paramilitaires en guerre contre les guérillas de gauche entre les années 1990 et le début des années 2000.
Mais cela se retourne contre lui: la Cour suprême s'abstient de poursuivre M. Cepeda et la justice commence au contraire à enquêter sur M. Uribe, le soupçonnant d'avoir lui-même tenté de manipuler des témoins - d'ex-combattants de groupes armés emprisonnés - pour discréditer son adversaire. En 2020, la justice ordonne finalement son arrestation.
- "Vengeance politique" -
La figure de la droite colombienne affirme avoir simplement souhaité les convaincre de dire la vérité et voit dans le procès, ouvert en mai 2024, le produit d'une "vengeance politique". Plus de 90 témoins se sont présentés à la barre.
L'enquête, ouverte en 2018, a connu de nombreuses péripéties. Plusieurs ministres de la Justice ont cherché à mettre fin aux poursuites, jusqu'à l'arrivée à la tête du ministère de Luz Camargo, nommée par le président de gauche Gustavo Petro, elle-même ancienne membre d'une guérilla et ouvertement adversaire de M. Uribe.
Le parquet affirme disposer de preuves à l'encontre de la version d'Alvaro Uribe, en particulier du témoignage d'un ancien paramilitaire.
"Nous avons besoin d'une énorme victoire l'année prochaine", a lancé l'ancien président dans un discours d'une heure, dimanche, à Medellin, sa ville natale du nord-ouest colombien, en référence à l'élection présidentielle de 2026, tout en critiquant le gouvernement Petro.
L'ancien président a par ailleurs été entendu dans le cadre d'une enquête préliminaire sur le meurtre d'agriculteurs par des paramilitaires en 1997, alors qu'il était gouverneur du département d'Antioquia (nord-ouest).
Il est aussi visé par une plainte pour son implication supposée dans plus de 6.000 exécutions et disparitions forcées de civils imputées à l'armée sous sa présidence.
Lors de son mandat, Alvaro Uribe a mené une campagne militaire contre les cartels de la drogue et la guérilla des Farc qui, en 2016, a signé un traité de paix avec son successeur Juan Manuel Santos.