CIJ: Israël doit faciliter l'aide à Gaza et subvenir aux besoins des Palestiniens information fournie par AFP 22/10/2025 à 21:05
La Cour internationale de justice (CIJ) a déclaré mercredi qu'Israël était tenu, en vertu du droit international, de faciliter l'acheminement de l'aide à Gaza, soulignant que le pays devait subvenir aux besoins fondamentaux des Palestiniens, essentiels à leur survie.
Cette décision de grande portée de la CIJ intervient alors que les organisations humanitaires s'efforcent d'intensifier l'aide humanitaire indispensable à Gaza, après le fragile cessez-le-feu conclu plus tôt ce mois-ci.
L'avis de la CIJ n'est pas juridiquement contraignant, mais la Cour estime qu'il a "une grande portée juridique et une autorité morale".
Le président de la CIJ, Yuji Iwasawa, a déclaré qu'Israël était "dans l'obligation d'accepter et de faciliter les programmes d'aide fournis par les Nations Unies et ses entités".
Parmi ces organisations figure l'UNRWA, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, qu'Israël a interdite après avoir accusé certains de ses employés d'avoir participé à l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre.
La CIJ a jugé qu'Israël n'a pas étayé ces allégations.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a jugé "très importante" la décision de la CIJ, ajoutant espérer qu'Israël "s'y conformera".
Elle "intervient à un moment où nous faisons tout notre possible pour renforcer notre aide humanitaire à Gaza. Son impact est donc déterminant pour nous permettre d'agir à la hauteur de la situation tragique dans laquelle le peuple de Gaza vit encore", a-t-il dit à des journalistes à Genève.
Israël, qui n'a pas pris part à la procédure, a indiqué rejeter "catégoriquement +l' avis consultatif+ de la CIJ, qui était tout à fait prévisible depuis le début en ce qui concerne l'UNRWA"?
"Il s'agit là d'une nouvelle tentative politique visant à imposer des mesures politiques contre Israël sous le couvert du +droit international+", a affirmé le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Oren Marmorstein, sur X.
Yuji Iwasawa a souligné que la CIJ "rejette l'argument selon lequel la demande abuse et instrumentalise le processus judiciaire international".
Le délégué palestinien auprès de la CIJ, Ammar Hijazi, a de son côté exhorté la communauté internationale à veiller à ce qu'Israël se conforme à la décision de la Cour.
"Il incombe à la communauté internationale de défendre ces valeurs et d'obliger Israël à s'y conformer", a-t-il déclaré aux journalistes présents.
Mardi, Abeer Etefa, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies pour le Moyen-Orient, a déclaré que 530 camions de l'organisation étaient entrés à Gaza depuis le cessez-le-feu.
Ces camions ont livré plus de 6.700 tonnes de nourriture, ce qui est, selon elle, "assez pour nourrir près d'un demi-million de personnes pendant deux semaines".
La cour de La Haye a déclaré qu'Israël, en tant que puissance occupante, avait l'obligation de "garantir les besoins fondamentaux de la population locale, y compris les fournitures essentielles à sa survie".
La juridiction a rappelé l'obligation, en vertu du droit international, de ne pas recourir à la famine comme méthode de guerre.
- "Graves préoccupations" -
L'ONU a demandé à la cour de La Haye de clarifier les obligations d'Israël, en tant que puissance occupante, envers les Nations unies et d'autres organismes, "y compris s'agissant d'assurer et de faciliter la fourniture sans entrave d'articles de première nécessité essentiels à la survie" des Palestiniens.
En avril, les juges ont entendu pendant une semaine des témoignages de dizaines de pays et d'organisations, dont une grande partie concernait le statut de l'UNRWA.
Lors d'audiences devant la cour de La Haye en avril, M. Hijazi avait déclaré aux juges que le blocage de l'aide humanitaire par Israël constituait une "arme de guerre", provoquant une famine à Gaza.
Un responsable américain, Josh Simmons, avait quant à lui exprimé de "sérieuses inquiétudes" quant à l'impartialité de l'UNRWA et avait allégué que le Hamas utilisait des installations de l'agence.
L'affaire de mercredi est distincte des autres affaires auxquelles Israël est confronté en vertu du droit international concernant sa campagne à Gaza.
En juillet 2024, la CIJ a rendu un autre avis consultatif déclarant "illégale" l'occupation des territoires palestiniens par Israël, et demandant sa fin dès que possible.
Les juges de la CIJ examinent également les accusations portées par l'Afrique du Sud, selon lesquelles Israël aurait violé la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948 par ses actions à Gaza.