Chômage partiel, services suspendus, instabilité... : quelles sont les conséquences de la paralysie budgétaire aux Etats-Unis ? information fournie par Boursorama avec Media Services 01/10/2025 à 11:06
Les Etats-Unis sont entrés mercredi en période de paralysie budgétaire, le "shutdown", avec pour conséquence le gel d'une partie de l'administration fédérale, sans aucune solution en vue dans l'immédiat au Congrès entre les républicains de Donald Trump et l'opposition démocrate.
Depuis mercredi 1er octobre à minuit (4h01 GMT), les États-Unis sont entrés en paralysie budgétaire, faute d'accord sur le budget entre entre républicains et démocrates. Le "shutdown" va entraîner l'arrêt des activités non-essentielles de l'État fédéral, la fermeture de certains services publics et des perturbations pour de nombreux secteurs notamment les transports. La précédente paralysie budgétaire date de 2018, lors du premier mandat de Donald Trump, quand l'Etat fédéral avait fermé ses portes durant 35 jours.
• Les services en berne
Les fonctionnaires considérés comme "essentiels" doivent continuer à venir travailler mais sans être payés . Cela concerne notamment les militaires en service actif, les forces de sécurité, le contrôle aux frontières ou encore les contrôleurs aériens. Mais aussi l'entretien des réseaux électriques ou les soins médicaux hospitaliers.
Pour les agents "non essentiels", la paralysie entraîne du chômage partiel, sans rémunération, jusqu'à ce qu'un budget soit voté. Concrètement, cela entraîne la fermeture totale ou partielle de certains parcs nationaux et des musées, plus de temps pour passer la sécurité dans les aéroports, une réduction des contrôles sur l'alimentation ou l'environnement ainsi que des perturbations pour certains programmes d'aide alimentaire, dont le programme WIC d'aide alimentaire destiné aux femmes et aux enfants de foyers à faibles revenus.
Quelque 750.000 fonctionnaires devraient se retrouver en chômage partiel , selon une estimation du bureau budgétaire du Congrès (CBO) publiée mardi.
Les dépenses liées aux retraites ou aux programmes de santé à destination des personnes âgées et à bas revenus (Medicare et Medicaid) devraient être maintenues mais les demandes d'inscriptions repoussées, a précisé le Comité pour un budget fédéral responsable (CFRB), une organisation bipartisane.
Il estime que 10.000 demandes quotidiennes avaient été repoussées durant le précédent "shutdown", en 2018.
• L'économie touchée
Autre conséquence : la publication de statistiques économiques pourrait être retardée, augmentant l'incertitude sur les marchés. "Les trois quarts des dépenses sont maintenues. Les Américains ne vont pas être confrontés à un arrêt total des services publics", a assuré le PDG de l'ONG Partnership for Public Service, Max Stier, lors d'une conférence de presse téléphonique.
Cependant, a-t-il ajouté, "les dommages provoqués sont souvent plus insidieux" , en stoppant notamment "des investissements nécessaires pour notre gouvernement sur le long terme".
Effets d'autant plus marqués si la présidence met ses menaces à exécution : en cas de "shutdown", la réduction des effectifs de fonctionnaires, mis au chômage technique, pourrait devenir permanente, a récemment menacé le directeur du budget de la Maison Blanche, Russell Vought.
Le coût pour l'économie américaine pourrait en revanche être sévère : selon la compagnie d'assurance NationWide, chaque semaine de paralysie pourrait réduire la croissance de 0,2 point de pourcentage .
• Une durée imprévisible
Dans les faits, la paralysie peut durer aussi longtemps que le bras de fer continue si aucun camp ne décide de faire un pas vers l'autre. D'autant qu'il s'agit généralement d'une situation très impopulaire, qui pousse républicains comme démocrates à se renvoyer la responsabilité du blocage.
À un peu plus d'un an des élections de mi-mandat de novembre 2026, lors de laquelle la majorité présidentielle pourrait être remise en question, les considérations électoralistes pourraient primer .
Le "shutdown" le plus long de l'histoire des États-Unis, et également le dernier en date, a duré 35 jours en décembre 2018 et janvier 2019, sous la présidence de Donald Trump. En moyenne, depuis le premier en 1976, la paralysie n'a cependant duré que huit jours.
Plus elle durera, plus l'économie américaine en sera fragilisée. "Les marchés détestent l'incertitude plus encore que les mauvaises nouvelles", souligne Stephen Innes, de la société de gestion d'actifs SPI Asset Management.