Chine: la croissance trimestrielle au plus bas depuis un an
information fournie par Boursorama avec AFP 20/10/2025 à 08:52

La croissance économique chinoise a continué de ralentir au troisième trimestre 2025, au rythme le plus faible depuis un an, sur fond de faible consommation des ménages et de tensions commerciales entre Pékin et Washington.

( AFP / GREG BAKER )

Le géant asiatique peine à se relever de la pandémie de Covid-19 et est confronté à une crise persistante dans l'immobilier, qui pèse sur les finances des collectivités locales et sur la confiance des ménages.

"Beaucoup de gens hésitent à dépenser car leurs revenus ne sont pas suffisants et de nombreuses entreprises licencient, voire ferment", résume Alin, une employée quarantenaire dans le secteur de l'assurance.

Cette situation est aggravée par la guerre des droits de douane lancée en début d'année par le président américain Donald Trump.

Dans ce contexte, la croissance du PIB chinois sur la période juillet-septembre s'est établie à +4,8% sur un an, a indiqué lundi le Bureau national des statistiques (BNS).

Il s'agit d'un net ralentissement par rapport au trimestre précédent (+5,2%), mais attendu par les économistes sondés par l'AFP.

"La croissance tient encore", écrit dans une note Julian Evans-Pritchard, analyste du cabinet Capital Economics, qui souligne toutefois des faiblesses persistantes en matière de consommation et d'investissements.

"Avant la croissance annuelle du PIB était de 10, 9 ou 8% (...). Elle est aujourd'hui d'environ 5%, mais l'économie continue de croître", note M. Wang, 36 ans, employé dans la finance.

- "Alarmant" -

Le moral mitigé des consommateurs se traduit dans les chiffres publiés lundi par le BNS: indicateur clé de la consommation, la croissance des ventes de détail a ralenti en septembre à son rythme le plus faible depuis novembre 2024 (+3% sur un an).

Ce fléchissement s'explique notamment par l'atténuation des effets des programmes de stimulation de la consommation, lancées par les autorités l'an dernier, selon Julian Evans-Pritchard.

L'appétit des ménages pour la dépense est aussi freiné par la poursuite de la baisse des prix immobiliers, qui ont enregistré en septembre leur plus fort recul en un an, estime l'économiste.

"Pour encourager la consommation, les subventions à elles seules ne suffisent pas", estime l'employée Alin.

"C'est plutôt une question globale dans son ensemble", ajoute-t-elle, évoquant la sécurité de l'emploi, le prix de l'immobilier ou encore les dépenses liées à l'éducation.

Autre indicateur dans le rouge, les investissements en capital fixe ont chuté au troisième trimestre, en particulier dans l'immobilier (-13,9% sur un an), selon le BNS.

Ce plongeon est "rare et alarmant", note Zhiwei Zhang, économiste en chef du cabinet Pinpoint Asset Management.

Signe positif, la production industrielle a grimpé de 6,5% en septembre sur un an, selon le BNS, soit plus que la prévision d'analystes interrogés par Bloomberg (+5%).

Mais cette croissance s'explique "uniquement parce que les exportations, toujours solides, ont compensé la faiblesse de la demande intérieure", note Julian Evans-Pritchard.

"Ce schéma de croissance n'est pas durable et l'économie chinoise risque de ralentir davantage à moyen terme si les autorités n'adoptent pas des mesures plus vigoureuses pour stimuler la consommation", juge-t-il.

Ces statistiques sont publiées au premier jour d'une importante réunion des membres du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir.

Durant ce "plénum" de quatre jours, les hommes forts du pays délibéreront sur l'orientation, notamment économique, pour les prochaines années.

Le prochain plan quinquennal (2026-2030) devra se "concentrer sur l'objectif de réaliser la modernisation socialiste, en vue de bâtir un grand pays et de faire progresser la régénération nationale", avait déclaré le dirigeant chinois Xi Jinping en avril, selon un média officiel.

- Rencontre Xi-Trump? -

Des discussions sont également attendues plus tard ce mois-ci entre des haut responsables chinois et américains pour tenter de résoudre les tensions commerciales.

Une rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping pourrait également avoir lieu en marge du prochain sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (Apec) qui s'ouvrira à la fin du mois en Corée du Sud.

Face aux tensions commerciales, nombre d'experts appellent depuis des années Pékin à effectuer une transition vers un modèle de croissance davantage tiré par la consommation intérieure, plutôt que par les exportations.

L'Etat-parti chinois a fixé un objectif de croissance "d'environ 5%" pour l'année 2025.

Cette ambition reste réaliste, selon des économistes, qui soulignent toutefois que ces chiffres officiels pourraient être surestimés par rapport à la croissance réelle.