Chantiers de l'Atlantique: Paris propose in extremis une nouvelle extension
information fournie par Reuters 30/12/2020 à 15:41

CHANTIERS DE L'ATLANTIQUE: PARIS PROPOSE DE PROLONGER D'UN MOIS LE CONTRAT DE CESSION

PARIS/MILAN (Reuters) - Le gouvernement français a proposé mercredi au groupe italien Fincantieri de prolonger une nouvelle fois, pour une durée d'un mois, l'accord de cession des Chantiers de l'Atlantique censé expirer jeudi.

Officiellement lancée en 2018, l'opération, qui a déjà fait l'objet de quatre prolongations, doit donner naissance à un nouveau champion européen sur le marché de la construction navale.

Mais le rapprochement entre le français et son rival italien n'a toujours pas obtenu le feu vert de la Commission européenne qui s'inquiète d'une possible réduction de la concurrence sur un marché déjà concentré.

Il se heurte parallèlement à l'hostilité d'une partie de la classe politique locale française préoccupée par le risque de pertes d'emplois et de transferts de technologie vers la Chine.

"La prolongation de la crise économique, et le manque de visibilité du secteur de la croisière rendent complexes l’étude par la Commission du dossier", explique le ministère français de l'Economie et des Finances dans un communiqué.

"Dans ces conditions il a été décidé de prolonger de nouveau le SPA de un mois afin de permettre à la Commission de finaliser son instruction et à Fincantieri de répondre aux dernières questions posées par la Commission", ajoute le communiqué.

Cette proposition a le soutien de Rome, a-t-on appris auprès d'une source gouvernementale italienne.

Un peu plus tôt dans la journée, deux sources avaient dit à Reuters que Paris et Rome discutaient de l'opportunité d'une prolongation de l'accord de cession.

UN MARCHÉ ÉBRANLÉ PAR LE COVID

Une lettre devrait être envoyée aux commissaires européens à la Concurrence et à l'Industrie, Margrethe Vestager et Thierry Breton, a indiqué le ministre italien de l'Industrie Stefano Patuanelli à des journalistes.

Aux termes de l'accord conclu en février 2018, Fincantieri, qui est indirectement contrôlé par l'Etat italien, est censé racheter 50% des Chantiers de l'Atlantique auprès de l'Etat français pour 59,7 millions d'euros.

La France a parallèlement accepté de prêter 1% de ses parts au groupe italien pour lui permettre de prendre le contrôle opérationnel de la compagnie sous condition d'engagements concernant l'emploi, la gouvernance et la propriété intellectuelle.

La crise sanitaire provoquée par l'épidémie de coronavirus a ébranlé le marché de la construction navale, en faisant chuter la demande pour les croisières, asséchant les finances des grands croisiéristes.

Basés à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), les Chantiers de l'Atlantique, ex-STX France, sont les seuls chantiers navals français capables de produire des navires de fort tonnage, comme des porte-avions et d'autres bâtiments militaires, ce qui en fait un actif national stratégique.

Le site a été choisi pour construire le successeur du porte-avions français Charles de Gaulle.

(Gwénaëlle Barzic et Elisa Anzolin, avec Giuseppe Fonte et Angelo Amante à Rome, édité par Nicolas Delame)