Centrafrique-Le président Touadéra, allié de Moscou, vise un troisième mandat information fournie par Reuters 28/12/2025 à 13:31
(Actualisé avec ouverture des bureaux de vote et témoignage d'une électrice)
Au pouvoir depuis 2016, le président Faustin-Archange Touadéra vise un troisième mandat consécutif lors des élections générales organisées ce dimanche en République centrafricaine en vantant son bilan en matière de sécurité dans un pays toujours fragile depuis la guerre civile des années 2010.
Une victoire de ce mathématicien de formation, âgé de 68 ans, conforterait les intérêts de la Russie, qui a conclu de nombreux accords de coopération avec Bangui, assurant la sécurité du pays en échange d'un accès à ses ressources naturelles comme l'or ou le diamant.
L'opposition, composée de six candidats, est menée par deux anciens Premiers ministres, Anicet-Georges Dologuélé et Henri-Marie Dondra, qui ont tous deux fait face à des tentatives de disqualification de la part des soutiens du président sortant
pour possession présumée d'une nationalité étrangère.
Si les deux hommes sont toujours en lice, Faustin-Archange Touadéra est considéré comme le favori en raison de son contrôle sur les institutions étatiques et ses ressources financières supérieures, selon les analystes.
La contestation des candidatures d'Anicet-Georges Dologuélé et Henri-Marie Dondra "s'inscrivent dans un schéma apparent de manoeuvres administratives qui ont désavantagé de manière disproportionnée les politiques de l'opposition tout en favorisant le parti au pouvoir, Le mouvement Coeurs unis", a déclaré Human Rights Watch le mois dernier.
"Leur admission tardive dans la course soulève des questions quant à savoir si les électeurs ont réellement le choix."
À Bangui, la capitale, les bureaux de vote ont ouvert à l'heure prévue, à 6 heures, heure locale (5 h GMT), selon un journaliste de Reuters. Ils fermeront à 18 heures, heure locale, et les résultats provisoires sont attendus d'ici le 5 janvier. Près de 2,4 millions de personnes se sont inscrites sur les listes électorales.
Les femmes ont "énormément souffert" pendant les années de conflit en République centrafricaine, mais la situation s'améliore, raconte Béatrice Mokonzapa, une commerçante qui s'est rendue dans un bureau de vote à Bangui.
"Nous avons la sécurité aujourd'hui. J'espère qu'elle continuera. Et pour cela, le président Touadéra est le mieux placé pour garantir notre sécurité", a-t-elle ajouté.
LA RUSSIE ET LE RWANDA RENFORCENT TOUADÉRA
En 2018, la République centrafricaine est devenue le premier pays d'Afrique de l'Ouest et centrale à faire appel aux mercenaires russes de Wagner, une mesure depuis également prise par le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
Deux ans plus tard, le Rwanda a déployé des troupes pour soutenir le gouvernement de Faustin-Archange Touadéra alors que des groupes rebelles menaçaient la capitale et tentaient de perturber les élections de 2020, empêchant finalement le scrutin dans 800 bureaux de vote à travers le pays, soit 14% du total.
Le pays est plus sûr aujourd'hui, après la signature de plusieurs accords de paix avec des groupes rebelles cette année.
Cependant, ces acquis restent fragiles. Les rebelles n'ont pas totalement déposé les armes, la réintégration est incomplète et les incursions de combattants venus du Soudan voisin alimentent l'insécurité dans l'est.
Outre la présidence, les Centrafricains sont appelés à élire leurs parlementaires et leurs élus régionaux et municipaux.
Si aucun candidat n'obtient plus de 50% des voix à l'élection présidentielle, un second tour aura lieu le 15 février. Le second tour des élections législatives aura lieu le 5 avril.
Le cabinet de conseil Pangea-Risk a indiqué dans une note que le risque de troubles post-électoraux était élevé, car les opposants sont susceptibles de contester la victoire attendue du président sortant.
Un processus de vote sans heurts pourrait cependant renforcer les déclarations de Faustin-Archange Touadéra, qui a affirmé que la stabilité était de retour. Cette affirmation a été étayée l'année dernière par la levée, par le Conseil de sécurité de l'Onu, d'un embargo sur les armes et d'un embargo distinct sur les exportations de diamants.
En novembre, le Conseil de sécurité de l'Onu a prolongé le mandat de sa mission de maintien de la paix. Les États-Unis se sont opposés à cette décision, demandant une prolongation plus courte et un transfert de la sécurité à Bangui.
(Reportage Pacome Pabandji, rédigé par Robbie Corey-Boulet ; version française Kate Entringer)