"Ironie" ou "énervement", Cédric Jubillar relativise ses propos sur un meurtre de Delphine
information fournie par AFP 02/10/2025 à 17:21

Cédric Jubillar le 22 septembre 2025, devant la cour d'assises du Tarn, à Albi ( AFP / Ed JONES )

"J'étais énervé" ou c'était "de l'ironie": Cédric Jubillar a relativisé jeudi devant la cour d'assises du Tarn des propos à des amis à qui il avait affirmé vouloir, ou avoir, tué son épouse disparue fin 2020.

Alors que son ami Sébastien vient de déposer devant la cour, des avocats des parties civiles le pressent de s'expliquer sur cette phrase dite le 17 décembre au soir, au lendemain de la disparition de Delphine: "évidemment, c'est moi qui l'ai tuée".

"Je n'ai pas tué Delphine, c'est une certitude, (dire ça) ce n'est pas intelligent, c'est sûr, mais qu'est-ce que vous voulez que je vous dise de plus? Je pense que c'est mon tempérament, j'ai besoin d'expulser, de faire de l'humour", répond-il.

Quelques heures plus tôt, il avait aussi relativisé des propos rapportés par une autre connaissance, un jeune homme de 16 ans, quelques jours avant la disparition de Delphine: "Ça se passe pas bien, j'ai envie de la tuer".

"Oui je l'ai dit parce que j'étais énervé", a-t-il déclaré, réfutant en revanche avoir affirmé qu'il allait l'"enterrer", comme l'avait également laissé entendre l'ami de l'accusé, absent à l'audience jeudi mais dont la présidente de la cour a relu les procès verbaux d'audition.

-"Grande gueule"-

"Quand je suis énervé contre des gens, oui, je dis souvent que j'ai envie de les tuer", a aussi déclaré l'accusé.

Dans une des rares dépositions depuis le début du procès, le 22 septembre, donnant une vision plutôt positive du peintre-plaquiste de 38 ans, Sébastien l'a qualifié de "grande gueule", ajoutant: "mais quand on le connaît, on sait qu'il était comme un caniche, qui aboie mais ne mord pas, il restait quelqu'un de sympathique".

Une avocate des parties civiles lui faisant remarquer qu'il traitait sa femme de "connasse" en lui disant "ferme ta gueule, tu me saoules!", le témoin reconnaît qu'il s'agissait de "violences verbales". Ça, ce sont des "morsures", lui fait remarquer cette avocate qui représente les frères et sœur de Delphine, Elsa Correia Barberis.

Les débats de la journée ont par ailleurs permis d'entendre l'assistante maternelle qui s'occupait des enfants du couple, quand l'un ou l'autre partaient à son travail.

"Pour moi, c'était un couple normal, jamais je n'ai pensé qu'il se passerait la catastrophe", a confié cette dame qui avait appris seulement quelques semaines avant sa disparition que Delphine Jubillar souhaitait quitter son mari.

- "Mieux" que Daval -

"C'est Monsieur qui me l'a dit", a déclaré la témoin, ajoutant qu'il était énervé, tenant des propos comme: "Elle veut divorcer, elle veut jouer à ce jeu-là, on va jouer à ce jeu-là".

Cette femme a décrit un homme qui pouvait se montrer désagréable et irascible.

À la barre, elle s'est aussi souvenue d'un épisode particulier, lié à l'affaire Jonathann Daval, un féminicide retentissant dans lequel l'accusé avait longtemps joué le mari éploré, jugé le mois précédant la disparition de Delphine Jubillar.

Alors qu'un soir, cette affaire était évoquée à la télévision, il aurait dit à propos de M. Daval: "Il est pas malin, j'aurais fait mieux que ça, on l'aurait jamais retrouvée".

Cédric Jubillar devant la cour d'asises du Tarn, à Albi, le 23 septembre 2025 ( AFP / Lionel BONAVENTURE )

Interrogé sur cette déclaration, Cédric Jubillar a contesté avec fermeté l'avoir prononcée.

- "apprécié" -

Pour lui, ce témoignage comme ceux de proches de Delphine le décrivant depuis plusieurs jours sous un jour peu flatteur, sont surtout destinés à l'"enfoncer encore plus car ils veulent que ce soit moi le coupable".

La cour a par ailleurs entendu jeudi quelques témoins, pour la plupart très jeunes, apparus comme étant plutôt proches de Cédric Jubillar.

Dans la matinée, l'un d'entre eux a tenu à dire qu'il considérait l'accusé comme son "ami" et que ce n'était pas "quelqu'un de mauvais", tandis que deux autres jeunes appelés à la barre, mineurs au moment des faits, ont raconté avoir peu fréquenté l'accusé avec qui il leur était arrivé de fumer des joints, de jouer à la pétanque ou à la console.

Un ami de collège l'a également décrit comme "quelqu'un qu'(il a) toujours apprécié", "toujours de bonne humeur" et "travailleur", un portrait qui venait offrir un autre éclairage sur l'accusé, le plus souvent décrit comme antipathique et irascible.