Canada: La Banque du Canada baisse ses taux et note des risques pour l'économie
information fournie par Reuters 17/09/2025 à 16:24

Le bâtiment de la Banque du Canada à Ottawa

par Promit Mukherjee et David Ljunggren

La Banque du Canada (BoC) a décidé mercredi de baisser son principal taux directeur à 2,5%, le niveau le plus bas depuis trois ans et la première réduction en six mois, en raison de la faiblesse du marché de l'emploi et d'une moindre inquiétude quant aux pressions sous-jacentes concernant l'inflation.

Cette réduction de 25 points de base était largement attendue par les marchés après la pause décidée en mars qui a été prolongée jusqu'en juillet. Avant cette pause initiale, la BoC avait réduit ses taux de 225 points de base en neuf mois, avec une première baisse en juin 2024.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a déclaré que l'effet négatif des droits de douane voulus par le président américain Donald Trump se traduisait par la persistance d'une incertitude considérable.

"Mais avec une économie plus faible et moins de risques à la hausse pour l'inflation, le Conseil des gouverneurs a jugé qu'une réduction du taux directeur était appropriée pour mieux équilibrer les risques à l'avenir", a-t-il déclaré lors de la conférence de presse qui a suivi les décisions de l'institution.

"La Banque continuera d'évaluer les risques, sur un horizon plus court que d'ordinaire, et sera prête à réagir à de nouvelles informations", a-t-il ajouté.

La décision de ce mercredi a été prise à l'unanimité par les sept membres du Conseil des gouverneurs, a précisé Tiff Macklem.

Il faut remonter à juillet 2022 pour voir le principal taux directeur au Canada à 2,50%.

Dans un premier temps, l'économie canadienne a relativement bien résisté aux droits de douane américains imposés dans certains secteurs essentiels. Mais au cours des deux derniers mois, le marché de l'emploi s'est détérioré, perdant plus de 100.000 postes. Le taux de chômage est remonté à un sommet de neuf ans, si l'on exclut les années comprenant la pandémie de COVID-19.

Le produit intérieur brut (PIB) du Canada s'est contracté de 1,6% au deuxième trimestre et les perspectives pour le troisième trimestre sont faibles.

"Dans les mois à venir, la faiblesse à la fois de la croissance démographique et du marché du travail viendra vraisemblablement freiner les dépenses des ménages", écrit la Banque du Canada dans son communiqué de politique monétaire.

Les contrats à terme sur les marchés monétaires montrent qu'une nouvelle baisse des taux, lors de la réunion du 29 octobre, recueille une probabilité d'environ 48%.

Après la décision de la BoC, le dollar canadien s'échange à environ 1,376 pour un dollar américain, pratiquement stable.

Le Canada fait face à la fois à des droits de douane de la part des Etats-Unis et de la Chine, deux de ses principaux partenaires commerciaux. Tiff Macklem a souligné que les effets directs de ces surtaxes pourraient s'étendre à d'autres secteurs de l'économie.

De nombreuses entreprises ont indiqué à la Banque du Canada qu'elles suspendaient leurs plans d'investissement et qu'elles craignaient un affaiblissement de la demande à mesure que les retombées économiques s'étendent.

(Version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)