Cambodge-Thaïlande: une trêve fragile met fin aux affrontements information fournie par AFP 29/07/2025 à 18:32
Les combats ont cessé à la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande, mais les deux camps ont continué mardi de s'accuser de violations du cessez-le-feu, entré en vigueur après plusieurs jours d'affrontements sanglants.
L'armée thaïlandaise a accusé ses adversaires d'avoir violé la trêve à de multiples endroits, dans des assauts qui ont pris fin au petit matin, ce que Phnom Penh a démenti.
Depuis, aucun heurt n'a été signalé et des responsables militaires des deux côtés se sont rencontrés. "Il y a eu une escarmouche, mais tout s'est résolu quand les commandants se sont rencontrés", a affirmé mardi à la presse le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, qui a facilité l'accord de paix.
Les rancoeurs entre la Thaïlande et le Cambodge liées à leur différend territorial, hérité du temps de l'Indochine française, sont tenaces. Et le récent épisode de violences a atteint une intensité rarement vue ces dernières décennies.
Les affrontements, étalés sur plusieurs fronts parfois séparés par des centaines de kilomètres, ont fait au moins 43 morts, et provoqué le déplacement d'environ 330.000 civils, selon des données actualisées mardi.
Le Premier ministre thaïlandais par intérim Phumtham Wechayachai et son homologue cambodgien Hun Manet se sont mis d'accord sur une trêve, à la suite d'une médiation malaisienne, encouragée par les Etats-Unis et la Chine.
L'armée thaïlandaise a indiqué avoir capturé 18 soldats cambodgiens à la suite d'attaques sur son territoire. Le Cambodge de son côté dément toute attaque après l'accord de cessez-le-feu.
- Médiation malaisienne -
Les affrontements ont officiellement fait 30 morts côté thaïlandais, dont 15 soldats, et 13 morts, dont cinq militaires, côté cambodgien. Plus de 188.000 Thaïlandais ont évacué les zones à risques, selon Bangkok, et plus de 140.000 Cambodgiens ont fait de même, d'après Phnom Penh.
La situation des personnes déplacées reste compliquée. "La situation est toujours fragile", a confirmé Maratee Nalita Andamo, porte-parole du ministère thaïlandais des Affaires étrangères.
Lat Laem, agriculteur, a été l'un des premiers évacués à revenir chez lui, dans le village de Kouk Khpos, à une dizaine de kilomètres de la frontière thaïlandaise.
"Je suis heureux d'être de retour à la maison", a-t-il déclaré à l'AFP, après un voyage de deux heures sur un tracteur, à travers des villages fermés et des rues désertes. Il travaillait dans sa rizière lorsque les premières explosions ont éclaté, annonçant le début des combats menés avec artillerie, roquettes, avions de chasse et troupes au sol.
Les relations entre la Thaïlande et le Cambodge, unis par d'importants liens économiques et culturels, sont au plus bas depuis des décennies. Avant que les affrontements éclatent, des mesures prises par les deux gouvernements ont réduit drastiquement la circulation des marchandises et des personnes, sur fond de flambée du discours nationaliste.
"Félicitations à tous!", a écrit le président américain Donald Trump sur son réseau Truth Social après l'annonce de la trêve, indiquant avoir parlé aux dirigeants des deux pays. "J'ai envoyé l'instruction de reprendre les négociations sur le volet commercial", a-t-il ajouté.
Le dirigeant républicain avait demandé samedi aux deux royaumes de s'entendre, sous peine de geler les discussions portant sur les droits de douane prohibitifs qui doivent frapper ces deux économies dépendantes des exportations le 1er août.
Les deux pays, ciblés par une surtaxe de 36%, ont dit espérer par le passé vouloir sceller un "accord" avec Washington.
"Nous attendons toujours que les Etats-Unis décident ou pas d'accepter notre proposition", a déclaré mardi le ministre thaïlandais des Finances, Pichai Chunhavajira, en charge de conduire les discussions.
L'Union européenne, les Nations unies et la France ont aussi salué lundi l'annonce du cessez-le-feu.