Cambodge-Thaïlande: le cessez-le-feu est entré en vigueur information fournie par AFP 28/07/2025 à 20:23
Le cessez-le-feu conclu entre la Thaïlande et le Cambodge est entré en vigueur à minuit dans la nuit de lundi à mardi, après cinq jours d'affrontements meurtriers à leur frontière.
Les deux pays sont parvenus à "un accord commun prévoyant un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel", avait déclaré plus tôt lundi le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, dont le pays a joué les intermédiaires, après trois heures de discussions avec ses homologues des pays concernés.
Le président américain Donald Trump s'est lui félicité de son rôle dans l'obtention de ce cessez-le-feu. "Je suis ravi d'annoncer qu'après l'intervention du président Donald J. Trump, les deux pays sont parvenus à un cessez-le-feu et à la paix. Félicitations à tous !", a écrit le président sur son réseau Truth Social, indiquant avoir parlé depuis aux dirigeants des deux pays.
Dans la ville cambodgienne de Samraong, à 20 kilomètres de la frontière, un journaliste de l'AFP a entendu des tirs d'artillerie incessants tout au long de la journée de lundi, avant que les explosions ne cessent 30 minutes avant minuit (17H00 GMT lundi).
Dans la province cambodgienne de Preah Vihear, où ont eu lieu certains des combats les plus intenses, le calme régnait vingt minutes après le début officiel du cessez-le-feu, a annoncé son gouverneur, Kim Rithy, sur Facebook.
Les affrontements ont tué depuis jeudi dernier au moins 38 personnes et provoqué le déplacement d'environ 300.000 habitants.
Les deux royaumes d'Asie du Sud-Est s'opposent depuis des décennies sur le tracé de leur frontière commune, définie au temps de l'Indochine française. Mais rarement dans l'histoire moderne un tel épisode de violences avait secoué la région.
L'accord de cessez-le-feu prévoit que les commandants militaires des deux parties se rencontrent à 07H00 locales (00H00 GMT), avant la réunion d'un comité transfrontalier au Cambodge le 4 août.
La Thaïlande et le Cambodge se sont accusés mutuellement d'avoir attaqué en premier, et chaque camp a remis en cause la sincérité de l'adversaire, avant de s'asseoir à la table des négociations, sous l'oeil des Etats-Unis et de la Chine.
- retour à la "normale" -
Le Premier ministre thaïlandais par intérim, Phumtham Wechayachai, a salué l'intervention de la Malaisie, qui occupe la présidence tournante de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean), de la Chine et du "président Trump".
"Nous avons convenu d'un cessez-le-feu, qui, nous espérons, sera respecté de bonne foi par les deux parties", a-t-il déclaré.
De son côté, le Premier ministre cambodgien Hun Manet a jugé que cet accord de paix offrait une chance d'un "retour à la normale".
Un espoir prudent dominait parmi les déplacés, des deux deux côtés de la frontière, après l'annonce du cessez-le-feu.
Au Cambodge, Phean Neth, 45 ans, a trouvé refuge dans un vaste camp de déplacés sur le site d'un temple, loin des combats. "Je suis tellement heureuse que je ne peux pas le décrire".
Côté Thaïlandais, Tee Samanjai, 68 ans, pense déjà à son retour à la ferme et ce qu'il y fera: "vérifier les poulets, fertiliser le riz, et prendre soin des champs". Mais l'inquiétude n'est pas loin. "Je veux rentrer mais je n'ai pas du tout confiance dans le Cambodge. Personne dans notre village n'a confiance".
Bangkok et Phnom Penh étaient à couteaux tirés depuis la mort d'un soldat khmer, fin mai, lors d'un échange de tirs dans une zone contestée. Depuis, sur fond de flambée du discours nationaliste, les deux pays se sont engagés dans une surenchère de mesures qui ont affecté les flux économiques et de personnes.
Avant le déclenchement des affrontements, la Thaïlande avait aussi expulsé l'ambassadeur cambodgien de son territoire et rappelé le sien présent au Cambodge. Le royaume khmer avait répondu en dégradant "au plus bas niveau" les relations diplomatiques avec son voisin.
- "Paix durable" -
L'Union européeenne a salué lundi une "percée significative", la cheffe de la diplomatie Kaja Kallas jugeant "essentiel que les deux pays mettent en oeuvre" le cessez-le-feu de "bonne foi".
Paris a de son côté estimé que "cette avancée significative doit être le point de départ d’un règlement durable des différends par des voies pacifiques, conformément au droit international".
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, par la voix d'un porte-parole, a "exhorté" lundi soir dans un communiqué "les deux pays à respecter pleinement l'accord et à créer un environnement propice au règlement des questions de longue date et à l'instauration d'une paix durable".
Donald Trump avait appelé le chef des deux camps samedi, les exhortant à s'entendre autour d'un accord rapide, sous peine de geler les discussions portant sur les droits de douane prohibitifs qui doivent frapper ces deux économies dépendantes des exportations le 1er août.
Les affrontements ont officiellement fait 25 morts côté thaïlandais, dont onze soldats, et 13 morts, dont cinq militaires, côté cambodgien. Plus de 138.000 Thaïlandais ont évacué les zones à risques, selon Bangkok, et plus de 140.000 Cambodgiens ont fait de même, d'après Phnom Penh.