"C'est pas énorme mais c'est un bon début" : les finances publiques ont "commencé à se rétablir", juge Pierre Moscovici
information fournie par Boursorama avec Media Services 10/10/2025 à 14:36

S'il sonne l'alarme face une "crise sans précédent" dans l'histoire de Ve République en matière d'instabilité gouvernementale et d'incertitude économique, le Premier président de la Cour des comptes veut néanmoins voir un signal positif à travers l'évolution du déficit public, qui va selon lui commencer son redressement en 2025.

Pierre Moscovici, à Paris, le 16 septembre 2025 ( AFP / GUILLAUME BAPTISTE )

"Revenir un peu dans les clous, ce n'est pas un mal". En parallèle de ses alertes lancées à répétition sur la "crise politique et démocratique sans précédent" qu'affronte selon lui le pays, Pierre Moscovici a contre-balancé ses signaux d'alarme par un constat plus encourageant sur l'évolution des comptes publics.

"C'est plutôt bien"

"Je constate une chose heureuse sur 2025, qui est que nos finances publiques ont commencé à se rétablir", a t-il commenté lors d'un entretien à RMC , vendredi 10 octobre. Si son institution ne dispose pas encore des "chiffres définitifs" pour l'année 2025, Pierre Moscovici juge en effet "crédible" la tendance d'un déficit public ramené à 5,4% du PIB, contre 5,8% l'an dernier.

"C'est plutôt bien, parce qu'après deux années 2023 et 2024 de dégradation très forte, revenir un peu dans les clous, c'est pas un mal", a t-il commenté. "C'est pas énorme mais c'est un bon début", a t-il encore estimé.

Face à la dette, "attention à l'avalanche"

Pierre Moscovici a par ailleurs prévenu que le projet de loi de finances déposé par le gouvernement ne pourrait pas être différent de celui sur lequel le Haut Conseil des finances publiques a rendu un avis jeudi. Le Haut Conseil des finances publiques, qu'il préside, dont "les avis sont obligatoires et sont un facteur de constitutionnalité d'un budget", a transmis "ce jeudi son avis au gouvernement, pour que, avant le 13 octobre, puissent être adoptés un projet de loi de finances et un projet de financement de la sécurité sociale", a rappelé Pierre Moscovici au Parisien .

"Ce projet de loi de finances ne peut clairement pas être différent de celui que nous avons examiné", a affirmé le Premier président de la Cour des comptes, expliquant que, dans le cas contraire, "cela poserait d'un point de vue légal un problème inédit. Nous serions hors délais." Or, "le Premier ministre a annoncé un objectif de déficit à 4,7% pour l'an prochain dans sa saisine du Haut Conseil. Maintenant, on évoque moins de 5%. C'est très différent", souligne-t-il. Cette nouvelle prévision de déficit rend "plus tendue" la trajectoire de retour sous les 3%, estime-t-il.

En raison de cette différence qui représente 6 à 9 milliards d'euros de plus, "le Haut Conseil soulignera dans son avis que les incertitudes politiques affectent la mise en œuvre du projet de loi de finances qui nous a été envoyé", a insisté M. Moscovici. "La charge de la dette atteint les 70 milliards, alors qu'elle était de 25 milliards en 2021. Nous sommes devant ce qu'on appelle un effet boule de neige. Il faut faire attention à l'avalanche", prévient-il.