Budget : "Perte en pouvoir d'achat", "impôts déguisés" : vives réactions après l'évocation d'une "année blanche" information fournie par Boursorama avec Media Services 15/07/2025 à 11:05
"Cette année blanche touche les plus pauvres, donc c'est une façon tout à fait injuste de commencer ce travail" sur le budget", a estimé Sébastien Chénu, député du Rassemblement national, sur BFMTV/RMC ce mardi 15 juillet.
Comment réaliser 40 milliards d'euros d'économies ? Ce mardi 15 juillet, le Premier ministre François Bayrou dévoile les grandes orientations du budget 2026, un casse-tête financier et politique. Objectif : ramener le déficit à 4,6% du PIB l'an prochain, contre 5,8% en 2024. Le tout dans un contexte international inflammable et incertain, entre tensions commerciales - Donald Trump a annoncé samedi que les produits l'UE seraient taxés de 30% - et militaires, ce qui a conduit Emmanuel Macron à demander dimanche un effort additionnel de 3,5 milliards d'euros pour la défense.
Parmi les pistes tenant la corde, la reconduction à l'identique de certaines dépenses entre 2025 et 2026, sans tenir compte de l'inflation. Une "année blanche" dont le rendement varie selon le périmètre retenu. Ce gel pourrait par exemple s'étendre au barème de l'impôt sur le revenu. Et, suivant de larges appels à mettre à contribution les retraités, les pensions pourraient aussi être désindexées de l'inflation. Une possibilité fustigée par les politiques de tous bords ce mardi 15 juillet.
"Cela appauvrit tout le monde"
Sébastien Chénu y voit des "impôts déguisés", sur BFMTV-RMC. "Cette année blanche touche les plus pauvres, donc c'est une façon tout à fait injuste de commencer ce travail" sur le budget, a indiqué le député du Rassemblement national. "Nos lignes rouges, c'est de faire contribuer les Français, demander aux Français des efforts qu'ils font déjà matin, midi et soir", a-t-il indiqué. "Si vous demandez des efforts supplémentaires aux Français, quelles que soient les catégories - travailleurs, retraités, jeunes, fonctionnaires - nous dirons non", a poursuivi l'élu, brandissant la menace de la censure "si (François Bayrou) veut faire les poches des Français".
La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, s'y également opposée, invitée de France 2. "Cette année blanche est en réalité une année noire pour les travailleuses et les travailleurs, pour les services publics", a-t-elle fustigé. "Ce serait une année où toutes les Françaises et les Français s'appauvriraient parce que cela veut dire très concrètement que les salaires, le financement des services publics, les prestations sociales, les retraites ne suivraient pas le montant de l'inflation. Donc que toutes et tous nous perdrions en pouvoir d'achat. Cela appauvrit tout le monde", a-t-elle détaillé.
"Une année rouge pour les Français"
"C'est une très mauvaise solution. Ce ne serait pas une année blanche mais une année rouge pour les Français", a quant à lui estimé Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise, sur le plateau de franceinfo. "Si vous gelez l'ensemble des prestations sociales, des pensions de retraite, et le barème de l'impôts sur le revenu, ce sont des mesures qui vont d'abord avoir un impact sur les plus modestes. Cet impact serait deux fois plus important pour les 10% les plus pauvres que pour les 10% les plus riches, selon une étude de l'institut des politiques publiques publiée il y a quelques jours", a-t-il cité. "Quant au fait de geler les budgets des ministères, il faut dire lesquels ! Mais je pense que tous les gens qui nous écoutent comprendront que si vous gelez le budget du ministère de l'Education nationale, ça veut dire moins de professeurs", a analysé Manuel Bompard. "Ce serait une mesure très, très mauvaise, que nous combattrons fermement pied à pied", a conclu l'élu.
Politiquement, le socle de soutiens du Premier ministre paraît plus friable que jamais. Autant dire que François Bayrou, qui s'exprimera à partir de 16h entourés de quelques ministres (Eric Lombard, Catherine Vautrin, Amélie de Montchalin, François Rebsamen et Astrid Panosyan-Bouvet), avec des infographies à l'appui, marche sur un fil. Cela revient à "prendre l'Himalaya par la face nord en hiver, et on est en short", métaphorise un membre du gouvernement.