Budget: Lecornu veut changer de méthode pour essayer de surmonter les blocages au Parlement information fournie par AFP 24/11/2025 à 13:56
Pour conjurer la perspective d'un rejet du budget à la fin de l'année et tenter de dégager des "compromis", Sébastien Lecornu veut changer de méthode en réunissant les partis sur des "priorités absolues" comme la sécurité, l'agriculture et l'énergie et en soumettant ensuite ces discussions à des votes thématiques au Parlement.
Martelant que son fragile gouvernement "n'a aucun autre agenda que de permettre à la France d'avoir un budget pour l'État et pour la Sécurité sociale pour l'année prochaine", le Premier ministre s'est dit toujours convaincu dans une allocution lundi matin à Matignon qu'il peut exister "une majorité" à l'Assemblée nationale.
Mais, soulignant "l'alerte" constituée par le rejet quasi-unanime du volet "recettes" du budget de l'Etat par les députés ce week-end, ce qui les a empêchés d'examiner la partie "dépenses", le Premier ministre a annoncé un changement de méthode d'ici la reprise des débats budgétaires à l'Assemblée mi-décembre.
A cette fin, il va recevoir l'ensemble des formations politiques ainsi que les partenaires sociaux pour discuter de cinq thèmes vus comme des "priorités (...) absolues" : le déficit, la réforme de l'Etat, l'énergie, l'agriculture, ainsi que la sécurité intérieure et extérieure.
Le résultat de ces discussions pourrait donner lieu dans la foulée à des votes par thématique afin de créer "un cadre de compromis" ensuite sur le budget, a précisé Matignon.
Le gouvernement saisira ainsi dès la semaine prochaine l'Assemblée nationale et le Sénat d'un vote spécifique sur la défense car les armées seraient "les premières victimes" d'un échec des discussions budgétaires, entraînant l'abandon de la hausse de 6 milliards d'euros de crédits prévue dans la loi de programmation militaire.
Sur les autres sujets qui pourraient être débattus au Parlement, M. Lecornu estime que l'énergie est "un enjeu majeur".
Le Parlement doit "clarifier la stratégie de la programmation pluriannuelle pour l'énergie" qui n'est "pas sans impact sur les finances publiques" et "est un énorme enjeu de pouvoir d'achat".
Quant à l'agriculture, "la négociation de la future politique agricole commune avec Bruxelles" doit faire l'objet "d'un consensus le plus large possible".
Concernant la réforme de l'Etat et la décentralisation, il a dit vouloir "avancer rapidement" pour un projet de loi qui pourrait être proposé au Conseil des ministres.
Il a réaffirmé que le budget 2026 devra "garder une cible de déficit à moins de 5% du PIB".
- "Forme de cynisme"-
Le Premier ministre a estimé qu'on pouvait "y arriver à la condition de sortir de cette situation de blocage politique que certains veulent installer comme étant une toile de fond à la prochaine présidentielle".
Il dénoncé "une forme de cynisme", s'en prenant aux "comportements de La France insoumise et même parfois du Rassemblement national" et implicitement au patron des Républicains Bruno Retailleau qui a déclaré préférer "une loi spéciale" (ndlr, la reconduction temporaire du budget 2025) plutôt "qu'un budget qui continuera à déclasser la France".
"Il y a quelque chose d'assez stupéfiant, au fond, de voir certains parlementaires, certaines forces politiques parler déjà de loi spéciale", a déploré M. Lecornu.
Parallèlement à ces discussions, les projets de budget de l'Etat et de la Sécurité sociale vont en effet poursuivre leur route au Sénat.
Dans l'hémicycle d'abord, où les sénateurs ferraillent sur le budget de la Sécu depuis plusieurs jours, avant un vote solennel prévu mercredi après-midi.
Mais également en commission des Finances, quelques mètres plus loin, où le volet "recettes" du projet budget de l'Etat est examiné au pas de course lundi matin avant son arrivée dans l'hémicycle à partir de jeudi.
Sur ce texte, les sénateurs repartent de la copie initiale du gouvernement, conséquence du rejet samedi matin de la première partie (recettes) du budget à l'Assemblée nationale.
Les débats en cours sur le budget de la Sécu ont néanmoins déjà dessiné les contours d'une droite sénatoriale inflexible, refusant quasiment tous les compromis trouvés à l'Assemblée nationale.
La droite et ses alliés centristes s'apprêtent d'ailleurs à s'opposer à la "suspension" de la réforme des retraites et au "dégel" des prestations sociales, deux votes cruciaux qui auront probablement lieu mardi soir.