Budget de la PAC : la ministre de l'agriculture dénonce les "risques" de la proposition de Bruxelles
information fournie par Boursorama avec Media Services 18/07/2025 à 16:51

Annie Genevard, ministre de l'Agriculture, à Saint Laurent d’Arce le 20 mars 2025. ( AFP / ROMAIN PERROCHEAU )

"La proposition de la Commission (européenne) ampute notre capacité à agir à l'heure du renouvellement des générations" a déclaré Annie Genevard, ministre de l'Agriculture.

"La proposition initiale de la Commission pour l'avenir du budget de l'Union et celui de la Politique agricole commune tourne le dos à la vision ambitieuse que j'ai toujours défendue, personnellement et avec ma famille politique, pour la place de l'agriculture dans le destin de la France et dans le projet européen", écrit la ministre sur son compte X .

"La proposition de la Commission ampute notre capacité à agir à l'heure du renouvellement des générations. C'est aussi oublier que le changement climatique exige des besoins accrus et dédiés pour sécuriser la production alimentaire", explique-t-elle, évoquant aussi la "nouvelle géopolitique agricole" dans un "monde bouleversé par les conflits armés et commerciaux".

"Je dénonce les risques pesant sur la politique commune la plus aboutie en Europe à un moment où il n'aura sans doute jamais été aussi impérieux de s'unir pour faire front face aux menaces. La souveraineté alimentaire de l'Europe mérite mieux", dit-elle, ajoutant que "la négociation s'ouvre pour de longs mois. J'y jetterai personnellement toutes mes forces"a t-elle assuré.

87 milliards d'euros en moins pour le budget 2028-2034

La Commission européenne a présenté mercredi 16 juillet sa proposition de budget de 2028 à 2034, fixé à 2.000 milliards d'euros , avec des moyens supplémentaires pour la compétitivité et la défense.

Trois cents milliards d'euros seraient consacrés aux revenus des agriculteurs, contre 387 milliards dont 270 milliards d'aides directes dans le précédent budget 2021-27 ..

Bruxelles explique ce différentiel par une nouvelle architecture budgétaire avec l'intégration de la PAC à un grand fonds de "partenariat régional et national" , relevant que les Etats pourront compléter les 300 milliards avec d'autres fonds européens.

Deux ans de négociations doivent démarrer sur le budget européen avant la finalisation du texte.

La France, première puissance agricole de l'UE, est aussi le premier bénéficiaire de la PAC, avec plus de 9 milliards d'euros d'aides agricoles par an - dont 77% d'aides directes aux agriculteurs. 85% des subventions touchées par les exploitations françaises relèvent de la PAC.

Les syndicats agricoles protestent

La Fédération nationale de l'agriculture biologique (FNAB) a déploré ce vendredi un budget proposé "sans budget national obligatoire pour l'agriculture biologique, et une très grande liberté des États dans la mise en œuvre" de la PAC.

L'ensemble des syndicats agricoles ont aussi exprimé leur rejet du projet.

Pour la FNSEA, c'est "un désengagement clair de l'UE vis-à-vis de sa seule véritable politique commune" , sans "ambition économique pour l'agriculture européenne".

La Coordination rurale a dénoncé l'imposition de "nouvelles conditions techniques et environnementales" . Pour sa présidente Véronique Le Floc’h, "plus que jamais la PAC (...) est un vecteur d'agricide", au moment où Bruxelles pousse à un accord de libre-échange avec le Mercosur.

La Confédération paysanne estime que l'absence d'objectifs communs "va aggraver les distorsions de concurrence entre Européens et empêcher toute action cohérente face aux accords de libre-échange. Cette manœuvre conduira inexorablement au nivellement des ambitions environnementales et sociales par le bas entre États membres".

Deux ans de négociations doivent débuter sur le budget européen avant la finalisation du texte.