Brésil: le Congrès approuve une loi pour réduire la peine de Bolsonaro information fournie par AFP 18/12/2025 à 04:36
Le Congrès brésilien a approuvé mercredi une proposition de loi pour réduire la peine de prison de l'ex-président Jair Bolsonaro, condamné en septembre à 27 ans de réclusion pour tentative de coup d'Etat.
Le texte, porté par la majorité conservatrice et adopté à 48 voix contre 25 mercredi par le Sénat, pourrait réduire sa durée d'incarcération à deux ans et quatre mois pour cette condamnation qui a provoqué la colère de Donald Trump.
Son approbation par la Chambre des députés la semaine dernière avait suscité de nombreuses critiques. Des manifestations contre la mesure dimanche ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes dans plusieurs grandes villes du pays.
"Ce n'est pas exactement ce qu'on souhaitait, ce n'est pas pour cela que nous nous battions, mais c'est ce qui était possible dans ce contexte", a réagi dans une vidéo le sénateur Flávio Bolsonaro, fils de l'ex-président, qui l'a désigné comme candidat à l'élection présidentielle de 2026.
L'ancien dirigeant d'extrême droite (2019-2022) a commencé à purger sa peine fin novembre dans les locaux de la Police fédérale à Brasilia.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva peut apposer son veto à la loi de réduction de peine, mais celui-ci peut à son tour être annulé par le Congrès.
En l'état, Jair Bolsonaro, 70 ans, pourrait demeurer incarcéré environ huit ans avant de bénéficier d'un éventuel aménagement de sa peine, selon le Tribunal d'exécution des peines de la capitale brésilienne.
Le nouveau texte prévoit également d'accorder la liberté conditionnelle à des dizaines de ses partisans condamnés pour les émeutes du 8 janvier 2023 à Brasilia.
Ce jour-là, des milliers de bolsonaristes avaient saccagé le Parlement, le palais présidentiel et la Cour suprême, réclamant une intervention militaire pour déloger du pouvoir le président actuel de gauche Lula, une semaine après son investiture.
- Texte reformulé -
Le sénateur centriste Renan Calheiros a qualifié le vote de "farce" et quitté la séance, accusant les alliés du gouvernement d’avoir laissé passer le texte en échange de soutien à une initiative augmentant la fiscalité sur certaines entreprises.
Le sénateur du Parti des travailleurs au pouvoir Randolfe Rodrigues a nié tout accord de ce type.
Au sein d'un Parlement à forte majorité conservatrice, les bolsonaristes tentent en vain depuis février de faire voter un texte permettant à Jair Bolsonaro de bénéficier d'une amnistie totale.
Mais à l'approche des vacances parlementaires de fin d'année, ils ont estimé que la réduction de sa peine constituait "une première étape".
La semaine dernière, la proposition de loi avait été approuvée par les députés à l'issue d'une séance houleuse.
Ce vote avait permis une levée de mesures américaines, dont certains droits de douane et des sanctions à l'encontre du juge Alexandre de Moraes qui avait condamné Jair Bolsonaro, allié de Donald Trump.
Le procès de l'ex-président, au centre de la crise entre les Etats-Unis de Donald Trump et le Brésil de Lula, avait entrainé des droits de douane américains de 40% sur certains produits brésiliens.
Le rapporteur de la proposition de loi à la chambre haute, Espiridao Amin, allié de M. Bolsonaro, a changé la formulation du texte pour que la réduction de peine ne concerne que les personnes condamnées "pour des crimes contre l'Etat de droit".
- "Voué au veto" -
L'entrée en vigueur d'une éventuelle réduction de peine pour Jair Bolsonaro pourra être retardée si le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva décide de censurer le texte avant sa promulgation.
"Ce texte est voué au veto", a dit aux journalistes le sénateur de gauche Randolfe Rodrigues.
Mais le Parlement aura le dernier mot et pourrait voter l'annulation du veto présidentiel.
En septembre, à l'issue d'un procès historique, Jair Bolsonaro a été reconnu coupable par la Cour suprême d'être le leader d'une "organisation criminelle" ayant conspiré pour son maintien au pouvoir malgré sa défaite à la présidentielle de 2022.
Selon l'accusation, ce projet putschiste, qui prévoyait même l'assassinat de Lula après son élection au second tour, a échoué faute de soutien du haut commandement militaire.