Borne invoque le besoin de "stabilité" et de "moyens préservés" pour l'éducation information fournie par AFP 27/08/2025 à 17:18
Ministre de l'Education en sursis, Elisabeth Borne a tenu mercredi sa première - et peut-être dernière - conférence de presse de lancement de la rentrée scolaire, affirmant le besoin de "stabilité" dans un contexte politique et budgétaire incertain.
Après avoir réuni les recteurs mardi, et avant la pré-rentrée des enseignants vendredi, la ministre, en poste depuis huit mois, a donné le coup d'envoi de la rentrée de quelque 12 millions d'élèves le 1er septembre.
Alors que les spéculations sur la chute du gouvernement vont bon train après la décision de François Bayrou de solliciter la confiance de l'Assemblée nationale le 8 septembre, l'ex-Première ministre a souligné le "besoin de stabilité pour notre pays" avec "les finances publiques telles qu'elles se présentent".
Elle a fait part de "la nécessité de pouvoir mener des politiques avec constance dans les différents ministères", et assuré être "aux côtés des enseignants".
Malgré son départ sans doute prochain, la ministre s'est voulu rassurante sur le budget de l'Education nationale, le premier de l'Etat, qui suscite des inquiétudes après la présentation par François Bayrou en juillet de son plan d'économies de près de 44 milliards d'euros.
"La rentrée se fait avec des moyens préservés, près de neuf mois après l'adoption du budget 2025, pour lequel je me suis pleinement engagée. Si l'adoption du budget 2026 s'annonce compliquée, je n'ai pas de doutes, nous devons garder ce cap", a-t-elle dit.
Mais pour la FSU-Snuipp, principal syndicat de l'enseignement primaire, "il est clair que l'Education nationale ne sera pas épargnée en 2026".
"S'engager sur le budget 2026 à cette date, c'est assez audacieux", estime de son côté Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU (collèges et lycées).
Pour les syndicats et personnels de l'éducation, c'est à nouveau l'expectative, avec déjà six ministres depuis le début du deuxième quinquennat Macron: Pap Ndiaye (14 mois), Gabriel Attal (resté un peu plus de cinq mois), Amélie Oudéa-Castéra (un mois), Nicole Belloubet (sept mois), Anne Genetet (trois) et Elisabeth Borne.
- "Valeur du baccalauréat" -
"On est vraiment agacés, on est fatigués de changer en permanence de ministre", a souligné Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du syndicat SE Unsa, pour qui "l'urgence" est aussi de "reconsidérer l'école et les personnels", qui "voient leurs conditions de travail se dégrader".
Pour cette rentrée comme pour les précédentes, l'enjeu restera notamment d'assurer la présence d'un enseignant devant chaque classe, alors que la crise d'attractivité perdure. "Tous les rectorats sont sur le pont pour qu'il y ait un professeur devant chaque classe", a souligné Mme Borne. "A ce stade, les éléments sont rassurants".
Soulignant avoir "entendu les interrogations sur la valeur du baccalauréat", la ministre a dit souhaiter une réforme du contrôle continu pour cet examen, pour "diminuer la pression sur les élèves" tout en "reflétant plus fidèlement leur niveau".
Il ne faut pas laisser "s’installer le doute sur la valeur de ce diplôme", désormais obtenu par plus de 80% d'une classe d'âge, a-t-elle ajouté.
"Dès cette semaine", les proviseurs seront chargés "d'élaborer un projet d’évaluation précisant clairement quelles évaluations seront prises en compte pour le contrôle continu du baccalauréat, donc aussi pour Parcoursup", a-t-elle affirmé.
Sur les "modalités de correction" du bac, Mme Borne a indiqué qu'il ne "serait plus possible" dès cette session que "des élèves ayant obtenu moins de 8 sur 20 puissent encore être rattrapés pour accéder à l’oral".
Quant aux nouveautés de la rentrée, la ministre s'est félicitée de la généralisation progressive du dispositif "portable en pause" (interdiction totale du téléphone dans les collèges) pour lutter contre "le fléau de la surexposition aux écrans".
Il est déjà interdit depuis 2018, mais devrait être laissé pendant les cours dans des casiers, mallettes ou pochettes dans les établissements où cela peine à s'appliquer.
La ministre a aussi jugé nécessaire de "permettre la pleine implication des parents" à l'école. "Dès septembre, une réunion de rentrée par niveau sera systématisée dans chaque école, dans chaque collège et dans chaque lycée", a-t-elle indiqué, soulignant que chaque école et chaque établissement devront en outre "disposer d'une charte des relations école-parents".