Biélorussie: Les manifestations anti-Loukachenko auraient fait au moins un mort
information fournie par Reuters 10/08/2020 à 09:42

BIÉLORUSSIE: LES MANIFESTATIONS ANTI-LOUKACHENKO AURAIENT FAIT AU MOINS UN MORT

MINSK (Reuters) - La répression par la police des manifestations de dimanche en Biélorussie après les premiers résultats de l'élection présidentielle donnant victorieux le président sortant Alexander Loukachenko a fait au moins un mort, a annoncé lundi une association de défense des droits de l'homme.

Une personne est décédée après avoir été percutée par un fourgon de police lors de heurts entre police et manifestants à Minsk, la capitale, et l'accident a fait une douzaine de blessés, a déclaré à Reuters Valentin Stefanovic, représentant du groupe de défense des droits Spring 96.

"Au moins 120 personnes ont été arrêtées, mais il ne s'agit que des premiers chiffres", a-t-il ajouté.

Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Minsk et certains ont érigé des barricades pour afficher leur solidarité avec l'opposition après la publication de sondages réalisés à la sortie des urnes donnant Alexander Loukachenko réélu pour un sixième mandat avec 79,7% des suffrages.

Lundi, la Commission électorale centrale a annoncé que le président sortant avait obtenu 80% des voix selon des résultats préliminaires. Sa principale opposante, Svetlana Tikhanouskaïa, est créditée de 9,9% des voix, a précisé la Commission.

Cette ancienne professeure d'anglais est sortie de l'ombre après l'arrestation au mois de mai de son mari, le blogueur Sergueï Tikhanouski, qui s'était porté candidat.

Alexander Loukachenko, âgé de 65 ans, mène le pays d'une main de fer depuis 1994 mais s'est trouvé confronté à une vague de colère contre sa gestion de l'épidémie de coronavirus, la situation économique dégradée et le non-respect des droits civiques.

Jamais en un quart de siècle un scrutin en Biélorussie n'a été déclaré libre et équitable par des observateurs étrangers, et la commission électorale interdit à l'opposition de procéder à son propre décompte des voix.

L'OPPOSITION, "PAS UNE MENACE"

Une répression musclée des manifestations pourrait nuire aux tentatives de Loukachenko pour améliorer ses relations avec l'Occident alors qu'une rupture est survenue avec la Russie, traditionnelle alliée de la Biélorussie qui a tenté de la pousser à renforcer leur union économique et politique.

Les meetings de campagne de Tikhanouskaïa ont rassemblé des foules sans précédent depuis la chute de l'Union soviétique en 1991, et plusieurs centaines de partisans ont scandé son nom dimanche à son arrivée à un bureau de vote.

D'après des associations de défense des droits de l'homme, quelque 1.300 personnes ont été arrêtées avant l'élection sur fond de durcissement de l'attitude des autorités, parmi lesquelles des observateurs électoraux indépendants et des membres de l'équipe de campagne de Tikhanouskaïa.

Après avoir voté, Loukachenko a qualifié de rumeurs et d'accusations fantaisistes les craintes de répression exprimées par certains. Tikhanouskaïa et les siens, a-t-il dit, ne constituent pas une menace. "Ils ne sont même pas dignes qu'on mène une répression contre eux", a-t-il déclaré.

Se présentant en garant de la stabilité mais qualifié de dictateur par les puissances occidentales, Loukachenko a accusé ses opposants d'être de mèche avec des soutiens étrangers pour déstabiliser le pays.

(Andreï Makhovsky, avec Vasily Fedosenko; version française Henri-Pierre André, Nicolas Delame et Jean Terzian, édité par Marc Angrand)