Bayrou joue son va-tout sur le budget, vote de confiance le 8 septembre
information fournie par Reuters 25/08/2025 à 18:33

Réunion hebdomadaire du cabinet au Palais de l'Elysée à Paris

PARIS (Reuters) -Le Premier ministre français, François Bayrou, a annoncé lundi qu'il allait solliciter un vote de confiance le 8 septembre au Parlement, jouant la survie de son gouvernement face à la contestation sur son projet de budget pour 2026.

A l'approche d'une rentrée politique et sociale périlleuse, qui inclut un appel informel à protester dans tout le pays le 10 septembre, François Bayrou a préféré prendre les devants et convoqué une session extraordinaire du Parlement au cours de laquelle il engagera, sur la base de l'article 49.1 de la Constitution, la responsabilité de son gouvernement après un discours de politique générale.

"J'ai demandé au président de la République de convoquer une session extraordinaire au Parlement où le gouvernement engagera sa responsabilité le 8 septembre, dans un vote de confiance", a-t-il dit lundi lors d'une conférence de presse, en présence de plusieurs ministres.

Mi-juillet, François Bayrou a dévoilé le contenu de son projet de budget pour 2026 qui entend faire près de 40 milliards d'économies via des mesures souvent impopulaires.

A travers des déplacements et des interventions sur les réseaux sociaux, le Premier ministre a déjà passé une partie de l'été à tenter d'expliquer le contenu de ce projet qui prévoit notamment la suppression de deux jours fériés, une "année blanche" impliquant le gel de certaines dépenses de l'Etat, le blocage du barème de l'impôt sur le revenu, le déremboursement de certains médicaments et une nouvelle réforme du système d'assurance-chômage.

Lundi, le Premier ministre a défendu un exercice de "clarification" sur son projet de budget et déploré un débat qui a été "dévoyé" pour se concentrer uniquement sur les mesures proposées. "Ne débattre que des mesures, c'est oublier la nécessité du plan d'ensemble", a regretté le chef du gouvernement.

"Notre pays est en danger parce que nous sommes au bord du surendettement", a martelé François Bayrou dans un nouvel avertissement sur la dette publique.

"Autant que je le pourrai, je ne laisserai pas le pays s'enfoncer dans ce risque", a-t-il dit.

"Je me battrai bec et ongles en prenant tous les risques pour que ce danger soit évité par le seul moyen: la prise de conscience des Français".

LFI ET RN POUR FAIRE TOMBER LE GOUVERNEMENT

La France insoumise (LFI), qui avait déjà annoncé le dépôt d'une motion de censure le 23 septembre, a fait savoir lundi qu'elle se mobiliserait le 8 septembre pour faire tomber le gouvernement Bayrou.

Le Premier ministre "préfère choisir lui-même sa date de départ", a ironisé la cheffe de file des députés LFI à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot.

"Bien évidemment, nous voterons pour faire tomber Bayrou et son gouvernement", a-t-elle affirmé devant la presse.

Première force à l'Assemblée nationale, le Rassemblement national (RN) a aussi indiqué, par la voix de son président Jordan Bardella, qu'il ne voterait pas la confiance dans le gouvernement de François Bayrou.

"François Bayrou vient d’annoncer la fin de son gouvernement, miné par son immobilisme satisfait. Jamais le RN ne votera la confiance à un gouvernement dont les choix font souffrir le peuple français", a écrit Jordan Bardella sur le réseau social X.

Probable arbitre du vote de confiance, le Parti socialiste (PS) s'est pour l'heure montré moins affirmatif.

"On verra si d'ici le 8 septembre le Premier ministre est capable d'écouter qu'il y a une autre voie possible. Pour l'instant, il m'a paru plutôt entêté", a déclaré devant la presse le député socialiste Arthur Delaporte.

La secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, a de son côté indiqué que son parti votera contre.

"Les Écologistes n’ont pas confiance dans ce (Premier ministre) qui porte un projet irresponsable aussi bien socialement qu’environnementalement", a-t-elle dit su X.

Reconnaissant la possibilité que son gouvernement tombe en cas d'absence de majorité sur le vote de confiance, François Bayrou a défendu une "prise de risque réfléchie" qui est la "seule condition pour que les Français prennent conscience" de la gravité de la situation financière du pays, a-t-il expliqué.

Le Premier ministre a défendu le fait que toutes les mesures présentées dans son projet de budget étaient "discutables et amendables" auprès des partenaires sociaux et lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2026 au Parlement qui débutera en octobre.

"La question principale, c'est de savoir si oui ou non nous sommes d'accord pour reconnaître qu'il y a urgence", a plaidé François Bayrou.

(Rédigé par Elizabeth Pineau et Blandine Hénault, édité par Zhifan Liu et Kate Entringer)