Bayrou dit avoir "fait tout ce qu'il devait faire" dans l'affaire Betharram information fournie par Reuters 15/02/2025 à 17:44
François Bayrou a répété samedi n'avoir rien à se reprocher dans l'affaire Betharram alors qu'il est accusé par l'opposition de gauche d'avoir menti en disant avoir ignoré dans les années 1990 des cas de maltraitance dans cet établissement scolaire privé proche de Pau, ville dont il est maire.
"J'ai fait tout ce que je devais faire quand j'étais ministre [de l'Education entre 1993 et 1997]", a déclaré le chef du gouvernement à la mairie de Pau (Pyrénées-Atlantiques) après avoir rencontré pendant trois heures et demie le collectif des victimes de violences et agressions sexuelles au collège-lycée catholique Notre-Dame de Bétharram.
"Quand j'ai appris en 1996, alors que j'étais ministre de l'Education nationale, la première plainte pour une claque, j'ai fait organiser une inspection générale de l'établissement [qui] a donné lieu à un rapport (...) qui était au bout du compte rassurant", a déclaré François Bayrou devant les journalistes.
"Pour les sévices sexuels, je n'en avais jamais entendu parler", a-t-il ajouté.
"Ayant été voisin de cette institution, je n'ai que le sentiment d'être bouleversé", a encore déclaré François Bayrou, dont les enfants ont été scolarisés à Betharram et où son épouse a enseigné le catéchisme.
Devant le Parlement mardi, lors des questions au gouvernement, François Bayrou avait déclaré n'avoir "jamais été informé de quoi que ce soit de violences ou de violences a fortiori sexuelles", s'attirant des accusations de mensonges de la part de La France insoumise (LFI) qui réclame sa démission.
DARMANIN DÉNONCE UN "PROCÈS POLITICIEN"
"Mardi dernier à l’Assemblee nationale, @bayrou a déclaré n’avoir 'jamais été informé' de violences à #Betharram. Aujourd’hui à Pau il dit avoir commandé et reçu un rapport sur ces violences en 1996. Bayrou a menti. La démonstration est faite par lui même. Il doit démissionner", a écrit samedi sur X le député LFI Paul Vannier.
Lors d'un déplacement dans la journée à Aix-en-Provence, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a volé au secours du chef du gouvernement, dénonçant un "procès politicien", alors qu'une motion de censure déposée par les socialistes sur un autre sujet - l'expression de submersion migratoire employée par le Premier ministre - doit être examinée cette semaine.
"Le fait que La France insoumise (...) en profite pour demander la censure du gouvernement montre bien qu'ils se fichent de la violence faite aux enfants et font de la politique sur tout. C'est déplorable", a estimé le garde des Sceaux.
"Sur le plan politique, le Premier ministre doit dire la vérité, toute la vérité : s'il s'avère qu'il a menti devant la représentation nationale, c'est bien sûr extrêmement grave", a commenté de son côté le président du Rassemblement national, Jordan Bardella.
A Pau samedi, le Premier ministre s'est refusé à "faire de la politique dans cette affaire".
Il a annoncé qu'il demanderait au ministère de la Justice "de détacher plus de magistrats pour aller au bout du travail" sur les 112 plaintes déposées pour des faits s'étalant sur plusieurs décennies.
Il a également jugé qu'il convenait de s'interroger sur le statut des victimes qui "découvrent que (...) les actes qui les ont frappés sont prescrits" et promis des "inspections aléatoires sur les internats".
"Est-ce qu'on aurait dû s'en apercevoir avant ? Bien sûr. C'est une raison de plus de construire une prévention sur ce sujet", a-t-il dit.
(Jean-Stéphane Brosse)