Peu d'embauches, plus de chômage: l'emploi en berne aux Etats-Unis
information fournie par AFP 06/09/2025 à 00:53

Les chiffres mensuels sur l'emploi aux Etats-Unis feront l'objet d'une attention particulière vendredi, le précédent rapport ayant été jugé "bidonné" en sa défaveur par le président Donald Trump qui a renvoyé la directrice du service statistiques ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Drew Angerer )

Le marché du travail américain est en perte de vitesse, selon un rapport officiel publié vendredi que le président Donald Trump juge peu fiable, confiant dans les retombées positives de ses politiques.

La première économie mondiale a créé 22.000 emplois en août, un niveau bien inférieur à ce à quoi les Etats-Unis étaient habitués, selon la publication du service statistiques du ministère américain du Travail (BLS).

Les analystes s'attendaient à 75.000 créations d'emplois, selon le consensus publié par MarketWatch.

Le taux de chômage a progressé, à 4,3% contre 4,2% en juillet et 4,1% en juin. Il s'agit du plus haut niveau depuis l'automne 2021.

"Ils (les auteurs du rapport, ndlr) disent qu'on perd des emplois et le mois suivant ils disent, au fait, on a une correction (des chiffres)", a cherché à relativiser Donald Trump depuis le Bureau ovale.

Une réaction bien différente du mois dernier. Le précédent rapport du BLS, déjà considéré comme décevant, avait mis en rogne le président qui avait alors limogé la directrice du service statistiques. Selon lui, les chiffres avaient forcément été "bidonnés" de manière partisane pour saper son bilan.

L'initiative avait stupéfait économistes et opposants politiques, ces derniers l'accusant d'essayer de faire taire le messager plutôt que d'affronter les conséquences de ses politiques, notamment ses droits de douane massifs qui bousculent les chaînes de production.

Donald Trump n'a pas renouvelé vendredi ses accusations de manipulation politique.

A ses côtés à la Maison Blanche, son conseiller économique Kevin Hassett a affirmé qu'il s'attendait lui aussi à voir les chiffres d'août révisés à la hausse. Et que la présidence "avait hâte d'avoir une nouvelle direction (au BLS) qui rende les chiffres plus fiables".

Plus tôt dans la journée, le président américain avait rejeté la faute sur le patron de la Réserve fédérale (Fed) Jerome Powell, affirmant sur son réseau Truth Social qu'il "aurait dû baisser les taux d'intérêt il y a longtemps".

Le "programme procroissance" de l'exécutif "continue d'être freiné par le refus stupide de Jerome +Trop tard+ Powell d'admettre que le président Trump a raison sur tout", a aussi cinglé sur X sa porte-parole Karoline Leavitt.

- Plus de destructions que de créations en juin -

Le rapport de juillet, qui avait fâché Donald Trump, comportait d'importantes révisions à la baisse du nombre d'emplois qui avaient été créés les mois précédents - montrant que le marché du travail résistait moins bien que ce qui avait été jusque-là imaginé.

Le président américain Donald Trump participe à un dîner dans la salle à manger d'Etat de la Maison Blanche à Washington, le 4 septembre 2025 ( AFP / SAUL LOEB )

Les chiffres publiés vendredi contiennent de nouvelles révisions, de moindre ampleur toutefois.

La plus notable concerne le mois de juin, où la tendance auparavant légèrement positive est devenue négative, avec 13.000 destructions d'emplois sur la période.

Plus le tableau se précise, plus il montre un marché du travail en perte de vitesse.

Le secteur industriel, dont le redressement est une des priorités du gouvernement, a détruit plus d'emplois qu'il n'en a créé ces derniers mois.

La santé est un des rares domaines qui embauche encore.

"Les Etats-Unis n'ont quasiment pas créé d'emplois au cours des quatre derniers mois. Cela touche aussi bien les cadres que les ouvriers", observe Heather Long, économiste pour la banque Navy Federal Credit Union, pour qui une baisse des taux de Fed s'impose afin d'éviter une récession.

Le président américain Donald Trump montre un graphique dans le bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington, le 7 août 2025 ( AFP / Brendan SMIALOWSKI )

La prochaine réunion de la banque centrale des Etats-Unis se tient les 16 et 17 septembre.

Les investisseurs considèrent maintenant une baisse des taux comme acquise: ils parient tous dessus, selon l'outil de veille de CME, FedWatch.

La question est maintenant de savoir si la diminution sera d'un quart de point - la Fed avançant généralement à petits pas - ou si les banquiers centraux décideront que la situation impose d'aller plus vite, en baissant les taux directeurs d'un demi-point.

Les taux de la Fed, qui guident les coûts d'emprunt, sont au même niveau depuis décembre, dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%.

Wall Street avait initialement bien accueilli le rapport sur l'emploi et la perspective accrue d'une prochaine baisse de taux, les marchés appréciant quand l'argent devient moins cher, y voyant du carburant pour l'économie.

La confiance s'est ensuite affaissée, les investisseurs semblant redouter de voir la première économie mondiale durablement dans une mauvaise passe.