Après le veto de Madrid, le hongrois Ganz Mavag retire son OPA sur le fabricant de trains Talgo
information fournie par Boursorama avec AFP 30/08/2024 à 16:22

( AFP / PUNIT PARANJPE )

Le consortium hongrois Ganz Mavag Europe a retiré son offre publique d'achat (OPA) sur le constructeur ferroviaire espagnol Talgo, mais a l'intention de déposer un recours après le veto de Madrid pour des raisons de "sécurité nationale", a annoncé vendredi le gendarme boursier.

"Etant donné les dommages graves que la décision du gouvernement espagnol entend pour les intérêts légitimes de l'offrant", ainsi que "l'incertitude (...) sur les délais de l'offre et sur les coûts de maintien de sa validité, Ganz Mavag informe la Commission nationale de la Bourse de sa décision de retirer l'offre publique d'achat à 100% du capital de Talgo", indique le communiqué transmis par la CNMV, le gendarme boursier.

Mardi, le gouvernement espagnol a bloqué cette OPA, faisant valoir "des raisons de protection des intérêts stratégiques et de la sécurité nationale de l'Espagne".

Bien que le gouvernement du socialiste Pedro Sánchez n'ait pas précisé les raisons exactes de sa décision, il n'avait pas caché les craintes que lui inspirait cette initiative, émanant d'un groupe considéré comme proche du Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui n'a jamais fait mystère de ses liens avec le président russe Vladimir Poutine.

Un point relevé par le consortium qui a regretté vendredi que la décision n'ait pas été justifiée par "la moindre motivation", le plaçant dans "l'impuissance la plus absolue".

Le groupe hongrois estime que son OPA est "conforme à toutes les exigences légales en vigueur et qu'il n'y a pas de raison fondée à l'opposition du gouvernement espagnol".

Il a donc l'intention "d'engager toutes les actions possibles en justice, tant au niveau national qu'au sein de l'Union européenne, de s'opposer à ladite décision qu'il estime non ajustée au droit et défendre la légitimité de leur offre publique d'achat".

Ganz Mavag précise qu'il déposera notamment un recours devant le Tribunal suprême espagnol, afin de demander l'annulation du veto du gouvernement, ainsi qu'une "indemnisation en réparation de tous les dommages causés".

Dès le mois de mars, Madrid avait manifesté ses inquiétudes, se disant "vigilant sur l'avenir de Talgo", lorsque le fabricant de trains espagnol avait annoncé faire l'objet d'une OPA à hauteur de "100%" de son capital par Ganz Mavag Europe, un consortium regroupant le groupe Magyar Vagon et le fonds public hongrois Corvinus Zrt.

Cette OPA, qui valoriserait l'entreprise à 619 millions d'euros, est "amicale", avait à l'époque précisé Talgo, en exprimant "un avis préliminaire favorable" à l'opération au regard du prix de cinq euros par action offert par le consortium hongrois, jugé "attractif pour les actionnaires".

Selon des médias espagnols, la décision de Madrid a été prise suite à un rapport du Centre national du Renseignement (CNI) ayant fait état de liens entre le consortium hongrois et la Russie.

Contacté par l'AFP, le ministère de l'Economie n'a pas confirmé.

En bloquant cette opération, le gouvernement a ainsi fait usage une nouvelle fois de son "bouclier anti-OPA", déployé depuis le début de la crise du Covid-19, qui rend obligatoire le feu vert de l'Etat avant que des intérêts étrangers puissent acquérir plus de 10% d'une entreprise espagnole jugée prioritaire.