Allemagne-L'AfD désigné comme entité extrémiste par le contre-espionnage
information fournie par Reuters 02/05/2025 à 10:44

(Ajoute communiqué, commentaire, contexte)

Le parti d'extrême droite allemand AfD (Alternative pour l'Allemagne) a été désigné vendredi comme "entité extrémiste" par les services de renseignement intérieur, une décision qui vise à renforcer les moyens de surveillance de cette formation arrivée deuxième des élections législatives de février dernier.

Cette décision intervient à quelques jours de la prestation de serment du conservateur Friedrich Merz comme nouveau chancelier allemand, en plein débat sur l'attitude à adopter face à la formation ultranationaliste au Parlement.

"La conception du peuple basée sur l'ethnicité et l'ascendance qui prédomine au sein du parti n'est pas compatible avec l'ordre démocratique libre", a estimé l'agence des services de renseignement intérieur dans un communiqué.

L'AfD ne considère pas les citoyens allemands issus de l'immigration et originaires de pays à majorité musulmane comme des membres à part entière du peuple allemand, a-t-elle ajouté.

L'AfD était classé comme "cas suspect" d'extrémisme par le contre-espionnage depuis mars 2021, une décision contestée sans succès par le parti devant la justice.

Cette nouvelle désignation permet aux autorités d'utiliser des méthodes secrètes pour surveiller l'AfD, comme le recrutement confidentiel d'informateurs et l'interception de communications. Le mouvement de jeunesse de l'AfD et d'autres sections du parti étaient déjà catalogués comme tels.

Commentant cette décision, la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser a déclaré que l'AfD menaçait ouvertement la démocratie.

"L'AfD représente un concept ethnique discriminant contre des groupes entiers de population", a-t-elle dit dans un communiqué.

Selon des analystes, cette désignation pourrait in fine renforcer le soutien à l'AfD, placé en tête de plusieurs sondages ces dernières semaines, et à son discours visant à se présenter comme la victime des partis établis.

En théorie, après sa percée aux législatives, la formation d'extrême droite est en droit de briguer un certain nombre de présidences de commissions au Bundestag mais elle aurait pour cela besoin du soutien des autres partis.

(Sarah K Marsh, avec Rachel More, Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Blandine Hénault)