Alerte de l'UICN sur les espèces menacées de phoques et d'oiseaux information fournie par AFP 10/10/2025 à 13:55
L'organisation internationale de protection de la nature, l'UICN, a lancé l'alerte vendredi depuis Abou Dhabi sur les espèces menacées de phoques de l'Arctique et d'oiseaux, pour lesquelles la situation s'aggrave.
"Cette mise à jour, qui arrive au bon moment, souligne l'incidence toujours plus grande qu'a l'activité humaine sur la nature et le climat, et les effets dévastateurs que cela provoque", a affirmé lors d'une conférence de presse la directrice générale de l'Union internationale pour la conservation de la nature, la Costaricaine Grethel Aguilar.
Cette organisation a annoncé, lors de son Congrès mondial, avoir dégradé d'un cran le statut du phoque à capuchon, désormais "en danger", du phoque barbu et du phoque du Groenland, "quasi menacés".
Elle a ajouté que 61% des espèces d'oiseaux dans le monde voyaient leur population baisser, contre 44% en 2016.
"La liste rouge de l'UICN comprend maintenant 172.620 espèces dont 48.646 sont menacées d'extinction", a écrit cette organisation internationale dans un communiqué.
- "L'Arctique change rapidement" -
Cela représente donc 28,2% des espèces, contre 27,9% dans la dernière mise à jour, en 2024.
Les phoques sont victimes du réchauffement climatique qui fait disparaître leur habitat naturel, la banquise.
"Le réchauffement mondial se produit quatre fois plus vite dans l'Arctique" que sur le reste de la planète, a rappelé l'UICN. Tous les mammifères de cette région du globe, dont les morses, les cétacés et les ours blancs, souffrent de cette montée des températures due aux activités humaines.
"Les phoques, qui dépendent de la banquise, sont une source cruciale de nourriture pour les autres animaux" et "jouent un rôle central dans les chaînes alimentaires, en consommant des poissons et des invertébrés et en recyclant des nutriments", ont souligné les scientifiques. Pour cette raison, les phoques sont considérés comme des "espèces clé de voûte".
L'UICN a relevé d'autres nuisances croissantes pour elles: trafic maritime, extraction minière et pétrolière, pêche industrielle et chasse.
Une scientifique de l'Institut polaire norvégien, Kit Kovacs, a souligné par visioconférence l'urgence de la situation au Svalbard.
"Quand je vivais dans l'archipel il y a seulement quelques décennies, on avait cinq mois de glace dans des endroits qui passent maintenant l'hiver sans que la mer gèle. C'est vraiment dur de dire à quel point l'Arctique change rapidement", a-t-elle expliqué.
- "Chassé et exporté" -
Concernant les oiseaux, la "liste rouge" bénéficie de neuf ans de travail de "milliers d'experts". La conclusion est que "1.256 (soit 11,5%) des 11.185 espèces examinées sont menacées dans le monde".
Cette mise à jour s'est particulièrement concentrée sur les forêts tropicales.
À Madagascar, 14 espèces sont devenues "quasi menacées" et trois "vulnérables". L'UICN a donné l'exemple du Philépitte de Schlegel, "vulnérable", et remarquable pour ses bleu et vert vifs autour des yeux.
En Afrique de l'Ouest, cinq espèces sont passées à "quasi menacées". Elles comptent entre autres le Calao à casque noir, "chassé et exporté". En Amérique centrale, du sud du Mexique au Costa Rica, le Troglodyte philomèle est "quasi menacé" lui aussi, à cause de la déforestation.
L'organisation internationale insiste cependant sur la possibilité, avec des politiques globales et ciblées, d'améliorer la situation.
C'est le cas pour la tortue verte, présente dans toutes les mers chaudes du monde, qui passe d'"en danger" à "préoccupation mineure". La population mondiale a augmenté d'environ 28% en un demi-siècle.
"Ce n'est pas parce que nous avons franchi ce grand pas dans la protection de l'espèce que c'est une raison de se relâcher", a cependant prévenu le directeur de l'ONG Marine Research Foundation, Nicolas Pilcher.