Activités en Syrie : Lafarge devant la Cour de Cassation pour contester sa mise en examen pour mise en danger d'autrui information fournie par Boursorama avec Media Services 24/01/2023 à 14:58
Le groupe est soupçonné d'avoir versé en 2013 et 2014, plusieurs millions d'euros à des groupes jihadistes, dont l'organisation État islamique.
La justice française n'est pas compétente pour juger Lafarge, estime le cimentier, qui a déposé un pourvoi devant la Cour de cassation contre sa mise en examen pour mise en danger de la vie d'autrui dans l'information judiciaire sur ses activités jusqu'en 2014 en Syrie, qui lui valent aussi d'être poursuivie pour complicité de crimes contre l'humanité.
Sa mise en examen avait été confirmée en mai par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris. Cette dernière avait également confirmé sa mise en examen pour complicité de crimes contre l'humanité.
Le groupe, désormais filiale d' Holcim , est soupçonné d'avoir versé en 2013 et 2014, via sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria (LCS), plusieurs millions d'euros à des groupes jihadistes, dont l'organisation État islamique (EI) , et à des intermédiaires, afin de maintenir l'activité d'une cimenterie en Syrie à Jalabiya, alors même que le pays s'enfonçait dans la guerre.
Risques d'extorsion, d'enlèvement
Dans ce contexte, Lafarge avait maintenu l'activité de ses salariés syriens sur le site jusqu'en septembre 2014, alors que ses employés de nationalité étrangère avaient été évacués en 2012. De ce fait, les salariés syriens étaient "exposés à différents risques", notamment d'"extorsion" et d'"enlèvements", a souligné le conseiller rapporteur lors de l'audience devant la plus haute juridiction de l'ordre judiciaire français.
En mai, la chambre de l'instruction s'était notamment fondée sur "l'immixtion permanente de la maison-mère dans l'activité de ses filiales" pour confirmer la mise en examen du groupe pour mise en danger d'autrui.
Affirmant qu'il n'y avait pas de jurisprudence sur la question, Me Patrice Spinosi, avocat du cimentier, a demandé mardi que la chambre criminelle sollicite son avis sur la question à la chambre sociale ou renvoie le litige devant une chambre mixte pour un débat contradictoire sur l'applicabilité du droit français dans ce cas de figure.
"La relation de travail découlait directement de l'organisation mise en place par Lafarge", qui "fixait elle-même les conditions de recrutement et de travail et encadrant les règles de sécurité", a observé pour sa part Me Catherine Bauer-Violas, avocate du Centre européen pour les droits constitutionnels et humains (ECCHR) et de deux personnes physiques, parties civiles.
Tout en soulignant que les questions de droit soulevées étaient "inédites", l'avocat général a préconisé le rejet du pourvoi.