Accalmie à la frontière entre Afghanistan et Pakistan après un cessez-le-feu information fournie par AFP 16/10/2025 à 19:49
La frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan a retrouvé le calme jeudi, les deux pays respectant un cessez-le-feu approuvé la veille au terme de plusieurs jours d'affrontements ayant fait des dizaines de morts et ayant débordé jusqu'à Kaboul, théâtre d'explosions.
D'après Islamabad, la trêve entrée en vigueur à 13H00 GMT mercredi doit durer 48H, le temps de "trouver une solution positive (...) par un dialogue constructif".
"La balle est dans le camp" des autorités talibanes, a affirmé jeudi le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif. Si, en 48 heures, elles "souhaitent résoudre les problèmes et répondre à nos véritables revendications, alors nous sommes prêts à les recevoir", a-t-il dit, en dénonçant le fait que "des terroristes opèrent du côté afghan de la frontière avec impunité".
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres - qui a salué le cessez-le feu - suit "avec préoccupation" la situation, appelant les deux parties à mettre un terme aux hostilités "de façon durable", d'après son porte-parole, Stéphane Dujarric.
Les violences avaient débuté le week-end dernier, après de premières explosions à Kaboul et dans le sud-est de l'Afghanistan. Kaboul a alors décidé de lancer une offensive à la frontière, à laquelle le Pakistan a promis une "réponse musclée".
Islamabad a dit avoir visé des positions de talibans afghans et de groupes armés sur le sol afghan. Aux premiers jours des affrontements samedi et dimanche, seuls des combattants avaient été déclarés morts, par dizaines, dans les régions frontalières.
Mais depuis des civils ont également été tués, selon des sources afghanes et l'ONU. Quarante sont morts et 170 ont été blessés mercredi à Spin Boldak, ville du sud de l'Afghanistan collée à la frontière, a déclaré à l'AFP Karimullah Zubair Agha, directeur de la Santé publique de cette région.
- "Aucun tir" -
De son côté, la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua) a recensé en tout 37 civils tués et 425 blessés.
Le long de la frontière, la trêve a été respectée jeudi.
"Aucun tir n'a été recensé dans les districts frontaliers depuis hier soir (mercredi). Mais des troupes paramilitaires supplémentaires ont été déployées pour contrer toute opération du TTP (talibans pakistanais) qui pourrait compromettre le cessez-le-feu", a déclaré à l'AFP un haut responsable sécuritaire pakistanais.
Le calme est également revenu à Kaboul où, peu de temps avant l'annonce de cessez-le-feu mercredi, de nouvelles explosions avaient retenti.
Des sources de sécurité pakistanaises ont indiqué que l'armée y avait visé un groupe armé avec "des frappes de précision".
Les autorités talibanes n'ont cette fois pas officiellement blâmé leur voisin. Elles ont fait état, sans détailler, de l'explosion d'une citerne de pétrole puis d'un transformateur électrique, provoquant des incendies. Mais sous couvert d'anonymat, un haut responsable taliban a indiqué à l'AFP que la deuxième explosion était le fait d'Islamabad, qui avait voulu "viser des civils".
Le porte-parole de la police de Kaboul, Khalid Zadran, a affirmé qu'il s'agissait de "frappes aériennes", qu'il n'a pas attribuées.
Aucun bilan officiel n'a été communiqué, mais l'ONG italienne Emergency, qui gère un hôpital dans la capitale, a dit avoir pris en charge 35 blessés et fait état d'au moins cinq morts.
- "Vieille pratique" -
Le gouvernement taliban avait décidé de lancer une offensive à la frontière en représailles aux premières explosions survenues dans la capitale afghane jeudi dernier.
Elles avaient eu lieu alors que débutait une visite inédite du chef de la diplomatie talibane en Inde, ennemi historique du Pakistan. Le Premier ministre Sharif a suggéré jeudi que New Delhi était impliqué dans la confrontation, sans détailler.
"C'est une vieille pratique du Pakistan d'accuser ses voisins pour ses propres échecs internes", a déclaré la diplomatie indienne.
L'escalade militaire s'inscrit dans des tensions bilatérales récurrentes, alimentées par des questions sécuritaires. Islamabad, confronté à une résurgence d'attaques contre ses forces de sécurité, accuse inlassablement son voisin afghan "d'abriter" des groupes "terroristes", ce que Kaboul dément.