Abou Dhabi retire ses dernières troupes du Yémen, tensions avec Ryad
information fournie par Reuters 30/12/2025 à 17:43

(Actualisé avec retrait des troupes des EAU, citation ministère Défense des EAU para 7)

Les Emirats arabes unis (EAU) ont annoncé mardi le retrait de leurs troupes du Yémen dans un climat de vive tension avec l'Arabie saoudite, à la tête de la coalition militaire qui a mené une frappe aérienne sur le port d'al Moukalla, dans le sud du pays.

Affaibli par une longue guerre civile, le Yémen fait face depuis plusieurs semaines à une offensive séparatiste menée par le Conseil de transition du Sud (STC) dont les forces, soutenues par les EAU, contrôlent de vastes zones du sud du pays, y compris la province stratégique de Hadramaout.

Mardi, le Conseil de direction présidentiel du Yémen a demandé à toutes les forces des EAU de quitter le pays dans les 24 heures. Un appel relayé par Ryad, qui soutient l'exécutif yéménite.

Le chef du Conseil, Rachad al-Alimi, a également annulé un accord de défense avec les EAU, selon les médias officiels, et a accusé Abou Dhabi, dans un discours télévisé, d'alimenter les conflits internes au Yémen.

"Malheureusement, il a été définitivement confirmé que les Émirats arabes unis ont fait pression sur le STC et lui ont donné pour instruction de saper l'autorité de l'État et de se rebeller contre celle-ci par une escalade militaire", a-t-il ajouté.

L'Arabie saoudite a exhorté les EAU à se conformer à cette demande, soulignant que sa sécurité nationale constituait une ligne rouge.

"La présence restante se limitait à du personnel spécialisé dans le cadre des efforts antiterroristes, en coordination avec les partenaires internationaux concernés", a dit le ministère de la Défense des EAU, mettant fin à la mission de ces unités commencée en 2019.

PAS DE VICTIMES, SELON RYAD

Ces déclarations sont les plus fermes à ce jour formulées par Ryad à l'encontre d'Abou Dhabi sur la question yéménite, illustrant la montée des tensions entre les deux puissances pétrolières.

Les EAU ont dit être déçus par la déclaration de Ryad et surpris par la frappe menée sur le port d'al Moukalla.

Cette frappe, d'une intensité limitée, est intervenue après l’arrivée, samedi et dimanche, de deux navires en provenance du port émirati de Foudjaïrah, qui ont désactivé leurs systèmes de suivi et déchargé sans autorisation de grandes quantités d’armes et de véhicules de combat destinés au STC.

La coalition menée par Ryad a déclaré que la frappe sur le port d'al Moukalla n'avait causé ni victimes ni dégâts collatéraux, selon les médias d'État saoudiens.

Deux sources ont déclaré à Reuters que la frappe visait le quai où la cargaison des deux navires avait été déchargée.

Rachad al-Alimi a imposé une zone d’exclusion aérienne et un blocus maritime et terrestre de tous les ports et passages pendant 72 heures, sauf exemptions autorisées par la coalition.

Le STC faisait initialement partie de l’alliance menée par l’Arabie saoudite au Yémen en 2015 face aux rebelles houthis, eux-mêmes soutenus par l’Iran, avant de revendiquer l'autonomie dans le sud du pays.

Les Houthis, qui ont contraint le gouvernement soutenu par Ryad à fuir la capitale, Sanaa, contrôlent le nord du Yémen.

(Reportage Yomna Ehab, Hatem Maher et Mohammed Ghobari, Nayera Abdallah et Ahmed Elimam, version française Elena Smirnova, Blandine Hénault et Nathan Vifflin, édité par Augustin Turpin)