A la COP30, Lula appelle à accélérer la sortie des énergies fossiles information fournie par AFP 07/11/2025 à 22:27
Le président brésilien Lula a appelé vendredi à une sortie "juste" et "ordonnée" des énergies fossiles, envoyant un signal politique fort au sommet de dirigeants mondiaux en prélude à la COP30 à Belem.
Deux ans après l'adoption inédite à la COP28 à Dubaï d'un engagement général à sortir progressivement des énergies fossiles, le thème ne figure pas officiellement à l'agenda de la conférence de l'ONU sur le climat, qui s'ouvrira lundi pour près de deux semaines dans cette ville d'Amazonie brésilienne.
Mais certains pays comme le Brésil, huitième producteur mondial de pétrole, veulent remettre le sujet dans les débats, en l'absence notable de grands pays pétroliers, à commencer par les Etats-Unis de Donald Trump.
"La Terre ne peut plus supporter le modèle de développement basé sur l'utilisation intensive de combustibles fossiles qui a prévalu au cours des 200 dernières années", a lancé Luiz Inacio Lula da Silva au deuxième et dernier jour du sommet.
Le président brésilien avait appelé jeudi à l'ouverture à définir "une feuille de route" pour "surmonter la dépendance aux combustibles fossiles".
Cela avait d'autant plus surpris que le Brésil vient de se lancer dans l'exploration pétrolière au large de l'Amazonie, au grand dam des écologistes et des représentants indigènes.
Mais Lula argumente que l'exploitation pétrolière peut servir à financer la transition énergétique pour les pays en développement.
- "Transition centrale" -
Alors que la cause climatique reflue, éclipsée par les tensions géopolitiques et commerciales, certains pays ne veulent pas relâcher la pression.
Parmi ces pays figurent de nombreux Européens. Malgré leurs récentes divisions, ils se targuent de réduire depuis plus de trois décennies leurs émissions de gaz à effet de serre et de viser -90% d'ici 2040.
Jeudi, le président français, Emmanuel Macron, avait appelé chaque pays à "élaborer sa stratégie pour éliminer progressivement les combustibles fossiles".
De nombreuses petites îles dont l'avenir est hypothéqué par l'intensification des cyclones et la montée des océans donnent aussi de la voix.
"La transition vers l'abandon des combustibles fossiles est centrale", a exhorté Surangel Whipps, président de l'archipel pacifique des Palaos, inquiet du "manque chronique d'ambition collective".
S'il a appelé à "accélérer sur tous les fronts" à Belem, le chef de l'ONU Climat, Simon Stiell, a voulu convaincre que la transition est déjà en marche.
L'année dernière, 2.000 milliards de dollars ont été investis dans les énergies renouvelables, soit deux fois plus que dans les combustibles fossiles, a-t-il souligné.
- "Un grand pas" -
"Le Brésil espère que cette question de l'abandon des combustibles fossiles soit effectivement inscrite à l'agenda" de la COP, a déclaré à l'AFP Joao Paulo Capobianco, secretaire exécutif du ministère brésilien de l'Environnement.
"Il est évident que personne n'attend une décision", a-t-il toutefois prévenu. La nécessité d'un consensus entre 200 pays rend en effet les chances d'un accord quasi-nulles.
"Je pense que la COP peut permettre qu'un grand pas soit franchi. Cela dépend de l'influence politique", dit à l'AFP Adna Albuquerque, 57 ans, saluant la position de Lula.
Cette spécialiste des peuples autochtones travaille comme bénévole dans les préparatifs du "Village COP", un grand espace au sein de l'Université fédérale de Belem. Près de 3.000 indigènes de tout le Brésil et d'autres pays vont y loger durant la conférence climat.
- Première classe -
Pendant ce temps, des initiatives concrètes avancent.
Un groupe de pays comprenant la France, l'Espagne et le Kenya veut profiter de la COP30 pour élargir le nombre de pays qui envisagent de taxer les premières classes des compagnies aériennes ainsi que les jets privés, a appris l'AFP de source proche des discussions.
"Il est juste que ceux qui ont le plus, et donc polluent davantage, paient", a estimé vendredi le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez.
Et le Brésil a lancé un fonds visant à protéger les forêts tropicales, baptisé TFFF, et abondé par la Norvège, l'Indonésie, la France, le Portugal et l'Allemagne.
Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a promis une "contribution substantielle" de son pays, mais sans en préciser le montant.