"34 milliards" d'impôts supplémentaires : accusé de voter des nouvelles taxes avec la gauche, le RN dénonce de la "désinformation" information fournie par Boursorama avec Media Services 04/11/2025 à 17:29
Le Rassemblement national a pesé dans le durcissement de l'"exit tax" contre les exilés fiscaux, de la "taxe Gafam" sur les géants de la tech, ou encore de celle sur les rachats d'actions.
Le parti présidentiel a fait le calcul des nouvelles taxes votées par le Rassemblement national dans le cadre de l'examen du budget 2026 : "34 milliards en 24 heures". Le parti d'extrême-droite a démenti lundi 3 octobre, assurant avoir "fait baisser la pression fiscale". Mais le doute sur la ligne économique du Rassemblement national s'est installé.
Fin du premier round, l'heure des comptes a sonné. Après huit jours à débattre des impôts dans l'hémicycle, les députés ont largement remanié le budget initial du gouvernement.
Souvent sous l'influence du parti d'extrême droite, comme lorsqu'il s'est agi de durcir l'"exit tax" contre les exilés fiscaux, la "taxe Gafam" sur les géants de la tech, ou encore celle sur les rachats d'actions .
Sans oublier la création d'un "impôt universel" sur les multinationales, pourtant porté par LFI.
Symbole d' un RN qui "vote, avec la gauche, des milliards d'impôts supplémentaires" , s'est offusqué le patron des Républicains, Bruno Retailleau. Les macronistes de Renaissance ont même fait le calcul: "34 milliards en 24 heures". Assez pour affirmer qu'avec cette politique les Français seraient "tous taxés, tous ruinés".
"Désinformation"
"Désinformation" , a répliqué le RN, fort du chiffrage de la ministre du Budget, Amélie de Montchalin, expliquant lundi que le déficit public restait "en ligne" avec les prévisions du gouvernement. Marine Le Pen a même clamé que son groupe "est fier d'avoir (...) fait baisser la pression fiscale sur les PME et les classes moyennes".
En parallèle, Jordan Bardella s'est chargé de lister les mesures adoptées -mais aussi celles repoussées, comme la "taxe Zucman"- pour mieux démontrer que sa formation "défend la baisse globale de la fiscalité", comme il l'assure dans une tribune au Figaro . Manière de justifier, en creux, les mesures visant les grandes entreprises et les hauts revenus, pour mieux défendre les petits patrons, dans la tradition poujadiste du parti à la flamme.
Le tout assis sur un "contre-budget" présenté fin octobre, et qui propose surtout de tailler dans les dépenses qualifiées d'"inutiles" et "toxiques", principalement l'immigration, l'Europe et le "train de vie de l'État". Un plan d'économies de 100 milliards d'euros selon le RN, même si certains assurent que le parti surestime la portée des mesures, dont certaines contreviennent en outre à la Constitution ou aux règles de l'UE.
Ce plan est censé permettre "un choc fiscal positif" pour Jordan Bardella. Mais le programme sert aussi à justifier les hausses de prélèvements. Ainsi de la mesure visant les multinationales : "Ce n'est pas honteux" d'ailleurs "c'était dans (notre) programme depuis des années", a souligné Marine Le Pen, tandis que son fidèle lieutenant Jean-Philippe Tanguy a expliqué que "c e n'est pas une taxe" mais "un mécanisme de lutte contre la fraude".
Chacun sa "sensibilité"
L'argument vaut aussi pour le nouvel impôt "sur la fortune improductive", initiative des centristes du Modem, soutenue car jugée "très proche" -dixit Jean-Philippe Tanguy- de l'impôt "sur la fortune financière" proposé par le RN.
Ces parades rhétoriques permettent au mouvement d'extrême droite de retomber sur ses pieds et d'afficher une ligne unique, malgré des divergences manifestes entre ses deux chefs, Jordan Bardella ayant pris un virage plus libéral que Marine Le Pen.
Ainsi quand cette dernière affirme que "l'assistanat" n'est "pas un mot de (son) vocabulaire", son ambitieux dauphin juge dans son dernier livre "impossible de donner tort" à un agriculteur qui s'emporte contre "des mecs qui ne font rien (et) touchent presque autant" que lui.
Simple nuance pour la triple candidate à la présidentielle, qui n'y voit pas de "désaccord fondamental" et vante plutôt "une forme de couple politique dont l'un aurait une sensibilité plus sociale et l'autre une sensibilité plus entrepreneuriale" .
Il est vrai que leur objectif commun reste inchangé : précipiter la chute du gouvernement de Sébastien Lecornu, dans l'espoir de provoquer une dissolution et un "retour aux urnes" censé porter cette fois-ci le RN au pouvoir. Quitte pour y parvenir à passer par pertes et profits les quelques gains symboliques obtenus sur le budget. Un texte "de bric et de broc", qui "n'a aucune cohérence" et "vise à faire les poches des Français", comme l'a qualifié dimanche Sébastien Chenu, laissant peu de doutes sur la position de son groupe en cas de vote.