10.000km de pipelines à travers l'Europe : qu'est-ce que le méconnu réseau "NPS" de l'Otan que la Pologne compte rejoindre? information fournie par Boursorama avec Media Services 03/10/2025 à 16:07
Confrontée à la menace militaire venant de l'Est, Varsovie a annoncé un plan d'investissements massifs pour se connecter au maillage d'oléoducs mis en place par l'Alliance atlantique pendant la Guerre froide. Objectif : sécuriser sa capacité d'approvisionnement en carburants.
Bases aériennes militaires, raffineries, dépôts pétroliers, hubs ferroviaires et routiers... A travers l'Europe occidentale, des centaines d'infrastructures critiques sont connectées entre elles par le "NPS", le réseau méconnu de pipelines de l'Otan que la Pologne compte aujourd'hui rejoindre. Le gouvernement polognais a présenté vendredi 3 octobre les grandes lignes de ce projet estimé à 4,7 milliards d'euros destiné à accroître la sécurité du pays, face à la pression russe.
Construit pendant la guerre froide, ce système d'oléoducs (NPS), voué à approvisionner les forces de l'Otan en carburants, s'arrête en Allemagne, et la Pologne, qui a adhéré à l'Alliance atlantique en 1999, cherchait depuis une dizaine d'années à le rejoindre. "Il s'agit de l'un des plus grands investissements dans la sécurité de l'État polonais au cours des 30 dernières années", a déclaré à la presse Cezary Tomczyk, vice-ministre de la Défense, lors de la signature de l'accord entre son ministère et l'opérateur national d'oléoducs PERN, chargé du projet.
"Nous parlons d'un projet qui (...) atteindra un montant de 20 milliards de zlotys (4,7 milliards d'euros)", a-t-il souligné, indiquant que la Pologne devra construire "un pipeline de 300 kilomètres, depuis la frontière allemande jusqu'à la base PERN près de Bydgoszcz (nord)". Le responsable a annoncé que le Bureau des ressources de l'Otan avait accordé à la Pologne des fonds pour la planification et la conception du projet.
Une fois la phase de planification et de conception terminée, une décision de tous les membres de l'Alliance sera nécessaire pour approuver la construction définitive du tronçon polonais.
Long d'environ 10.000 km, le réseau de pipelines de l'Otan a été mis en place dans les années 1960-1970, pour approvisionner les forces de l'Alliance en carburants en pleine période de Guerre froide.
Le NPS traverse douze pays membres de l'organisation et offre une capacité de stockage de 4,1 millions de mètres cubes, reliant des dépôts de stockage, des bases aériennes militaires, des aéroports civils, des stations de pompage, des postes de chargement ferroviaire et routier, des raffineries et des points de prélèvement, selon l'Otan.
La Pologne, championne des dépenses de défense parmi les alliés de Kiev
Utilisé pour soutenir des opérations hors-zone depuis le théâtre européen, le NPS constitue, selon l'Otan, le meilleur outil pour répondre à une augmentation soudaine de la demande de carburants, principalement pour le transport aérien et le ravitaillement en vol.
Dans le détail, le NPS traverse la Belgique, la France, l'Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas (au sein du réseau multinational Centre-Europe CEPS, le plus étendu, ndlr), le Danemark, la Grèce, l'Islande, l'Italie, la Norvège, le Portugal et la Turquie.
La Pologne, le plus grand pays du flanc oriental de l'Otan, est un soutien ferme de l'Ukraine attaquée par la Russie et elle partage des frontières avec les deux pays. Varsovie est le champion parmi les alliés en termes de budget de défense, prévoyant d'y consacrer 4,7% de son PIB cette année.