Dans un marché immobilier très délicat, certains professionnels ont fait le choix de ne travailler que sur des immeubles entiers. Un métier qui requiert beaucoup d’habileté pour tirer leur épingle du jeu.
Trois d’un coup! À l’instar du petit tailleur, Yohann Bejjani peut se targuer d’une belle réalisation dans des conditions difficiles. Ce professionnel de l’immobilier qui a choisi de se mettre au service de propriétaires privés souhaitant vendre un ou des immeubles entier est arrivé à ses fins en réalisant trois cessions entre Paris et Levallois-Perret pour une dizaine de millions d’euros au cours des derniers mois. Même après 20 ans d’expérience dans des enseignes telles que BNP Paribas Real Estate ou Cushman&Wakefield, la performance de celui qui a choisi de se mettre à son compte en créant IAV (Immeuble à vendre) mérite d’être signalée.
Ce qui n’empêche pas l’intéressé d’admettre qu’il faut se montrer plus que jamais patient et opiniâtre pour espérer aller jusqu’à la signature. «Lorsque j’ai pris le mandat, j’imaginais qu’il me faudrait cinq mois pour régler l’affaire et cela m’a finalement pris un an et demi» , avoue-t-il. Il est vrai aussi qu’au vu de la disparité des trois immeubles en question (l’un, rénové, situé dans le Maris à Paris avec de bons locataires, l’autre dans le Marais également mais non rénové et le 3e à Levallois-Perret , squatté et se dégradant), le propriétaire pensait les vendre en lot avec une ristourne pour faire passer la pilule tandis que lui a préféré les vendre séparément au plus près de la valeur de chaque bâtiment. «J’ai choisi de me concentrer sur les vendeurs en établissant une relation de confiance avec eux et en m’investissant totalement sur leur projet de vente» , explique-t-il. Une opiniâtreté qui lui a permis de vendre récemment à un acquéreur fortuné un immeuble en bloc au tarif qu’il entrevoyait un temps à la découpe. Un service qui passe néanmoins par un nécessaire mandat exclusif et une commission de 5% HT sur le prix de vente.
Perte de repères sur les valeurs
Si la perte de repère de la valeur des choses est une vraie difficulté à laquelle se confronte quotidiennement ce spécialiste de l’évaluation, il est porté par le fait que les propriétaires particuliers d’immeubles de Paris et sa proche couronne sont de plus en plus enclins à vendre. «Elle est loin l’époque des années 60-70 où l’immobilier était une poule aux œufs et où en faisant quelques affaires on pouvait acquérir plusieurs immeubles quasiment sans fiscalité, se souvient-il. La CSG puis la TVA ont compliqué la donne et aujourd’hui, le rendement est très faible sans une approche professionnelle.» Cas classique: lorsqu’intervient une succession, les descendants de ces anciens multipropriétaires doivent souvent céder une partie du parc pour régler les frais de succession. Depuis les années 1970 le nombre d’immeubles détenus en pleine propriété par des particuliers aurait été quasiment divisé par dix. Et la tendance ne semble pas devoir s’arrêter.
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