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Pourquoi les restaurateurs français ne tiennent-ils pas de carnet de rappel pour tracer le virus ?
information fournie par Le Figaro 01/10/2020 à 15:00

Les mesures sont strictes et coûteuses pour les restaurateurs, déjà fortement impactés depuis le début de l'épidémie et le confinement.(Crédits photo : Pixabay - pasja1000)

Les mesures sont strictes et coûteuses pour les restaurateurs, déjà fortement impactés depuis le début de l'épidémie et le confinement.(Crédits photo : Pixabay - pasja1000)

En Italie, en Allemagne ou au Portugal, les clients de restaurants laissent leurs coordonnées si un cas de coronavirus se déclare au moment où ils y étaient. En France, les professionnels le demandent mais l'idée ne convainc pas encore les autorités.

À Marseille comme à Aix-en-Provence, les bars et restaurants sont fermés depuis quelques jours et pour encore quelques jours. À Paris, ils ferment désormais à 22 heures. L'enjeu de ces mesures : enrayer la propagation de l'épidémie. Mais elles sont strictes et coûteuses pour les restaurateurs, déjà fortement impactés depuis le début de l'épidémie et le confinement.

Ces fermetures totales et précoces peuvent-elles être évitées ? En premier lieu, elles symbolisent l'échec de l'application du protocole sanitaire mis en place depuis de nombreuses semaines dans ces lieux. « Faisons appliquer le protocole sanitaire », tacle à répétition Franck Delvau, président de l'Union des métiers des Industries et de l'Hôtellerie (Umih) Île-de-France. « Ceux qui ne respectent pas le protocole, il faut les fermer. Si on va vers un reconfinement, économiquement et moralement ça va être dramatique pour nous », assure-t-il. Il cite notamment les bars ou la circulation à l'intérieur est active et les clients ne sont pas tous assis, ou tous à un mètre de distance, par exemple.

Tracer le virus

Alors pour continuer à faire fonctionner le secteur de la restauration et à tracer la circulation du virus, l'Allemagne, l'Italie et le Portugal notamment, ont mis en place une nouvelle mesure : le carnet de rappel. Désormais, dans ces pays, les clients laissent leurs coordonnées aux restaurateurs. Nom, prénom, numéro de téléphone, adresse parfois si nécessaire. Le but ? Être prévenu si un autre client du restaurant, qui était présent leur jour de leur venue, est déclaré positif au coronavirus ou cas contact.

« On n'arrête pas de proposer ça aux préfets et au gouvernement », réagit-on du côté de la centrale de l'Umih. « On leur dit, mettons en place le cahier de rappel, prenons la température. On veut renforcer le protocole », ajoute-t-on, déplorant de ne pas être écouté ou concerté par les autorités sanitaires. Cela se ferait en lien étroit avec les agences régionales de santé (ARS), qui se chargeraient de contacter tous les clients du restaurant potentiellement cas contact. En bref, les restaurateurs n'auraient qu'à recueillir les coordonnées des clients à leur arrivée.

La mairie de Paris est favorable à cet ajout dans le protocole sanitaire. « Notre position c'est qu'on puisse garder les bars et restaurants ouverts », explique au Figaro Frédéric Hocquard, adjoint à la mairie en charge du Tourisme et de la vie nocturne. « Tout ce qui peut empêcher la fermeture on le prend, d'autant plus que les restaurants sont prêts à faire ces carnets de rappel », ajoute-t-il.

Il déplore certaines mesures gouvernementales, comme la fermeture des bars à 22 heures, qui fragilisent le lien social et le tissu économique. « C'est moins dangereux d'aller boire un coup en terrasse en extérieur que d'aller à la fac ou en entreprise », avance l'élu. Il vante en outre l'été parisien moins mauvais que prévu en matière de tourisme. « On s'est moins effondré que d'autres capitales parce qu'on a été capable d'entretenir ce feu sous la cendre, il ne faut pas que cela s'arrête », termine Frédéric Hocquard.

Les gestes barrières restent la priorité

Dans les faits, certains restaurateurs parisiens tiennent déjà ces carnets de rappel et pratiquent aussi la prise de température depuis deux semaines, en partenariat avec la ville, rappelle Franck Delvau. « Mais il n'y a pas eu grand succès », déplore-t-il. Et ce pour plusieurs raisons. D'une, cela n'est pas officiellement inscrit dans le protocole sanitaire, ce n'est donc pas obligatoire et cela se fait au bon vouloir du restaurateur et du client. En outre, « les restaurateurs n'ont pas un pouvoir de police, c'est compliqué de demander certaines choses aux gens, comme leurs coordonnées, ou de leur refuser l'accès parce qu'ils ont de la température », ajoute Franck Delvau.

Ensuite, certains clients ne jouent pas le jeu du carnet de rappel. « On a trouvé des Donald Trump et des Madonna », regrette encore le représentant de l'Umih. Enfin, rien ne garantit qu'une personne ayant mangé dans tel restaurant à telle date, testée positive quelques jours après, appelle le restaurant en question pour le prévenir. Franck Delvau regrette que tout cela ne fonctionne pas encore. « On a demandé à discuter avec le ministère de la Santé, mais les décisions ont été prises de façon unilatérale », déplore-t-il encore. Reste que le dispositif présente donc certaines limites.

« Les carnets de rappel permettent de tracer le virus, mais ne limitent pas sa propagation », se défend-on au ministère de la Santé qui rappelle la priorité : le respect des gestes barrières. Le ministère estime également qu'il peut être compliqué d'obliger restaurateurs et clients à tenir cette mesure. « Les décisions d'obligation sont difficiles à prendre, nous, on donne des armes pour des personnes mais le meilleur moyen de lutter contre le virus, c'est de faire attention », ajoute-t-on. « L'option du cahier est intéressante dans la logique de tester, de tracer, puis d'isoler », lâche-t-on malgré tout dans l'équipe d'Olivier Véran. En bref, la porte n'est pas fermée.

Rendez-vous ce vendredi entre l'Umih et le gouvernement

À Marseille, la fermeture des restaurants est fortement contestée par les professionnels du secteur. Hier, mercredi, la justice a d'ailleurs validé cette mesure. Face à cela, les restaurateurs proposent également la mise en place des carnets de rappel pour prévenir l'épidémie. « On le propose mais on ne nous reçoit pas pour en discuter », critique fermement Frédéric Jeanjean, secrétaire général de l'Umih dans les Bouches-du-Rhône. Il se réjouit néanmoins qu'une rencontre soit organisée demain entre le ministre de la Santé Olivier Véran, le ministre en charge des PME Alain Griset et un responsable de l'Umih, a appris Le Figaro .

Frédéric Jeanjean reproche au gouvernement de ne pas être à l'écoute des restaurateurs dans les Bouches-du-Rhône. « Le premier ministre dit on concerte mais on a appris à la télévision qu'on devait fermer sous 48 heures. On ne nous parle pas, on n'est pas concerté », tacle-t-il. « On vient avec des propositions, qu'on nous laisse les faire au moins, on ne veut pas seulement des chiffres et des statistiques, on veut des propositions pour continuer à travailler », conclut-il.

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