
Ménages, États, entreprises, banquiers, assureurs : à qui profitent les taux bas ? (Crédit photo: Fotolia)
Lors de son discours à l'Université Paris-Dauphine, le Gouverneur de la Banque de France a fait le point sur les effets de la politique de taux bas de la BCE pour les différents acteurs de la vie économique. Ménages, États, entreprises, banquiers, assureurs … à qui profitent les taux bas ?
En 2019, alors que beaucoup espéraient la fin de la politique monétaire de la BCE (Banque centrale Européenne), celle-ci a encore été prolongée. Lors de son discours à l'Université Paris-Dauphine le 9 janvier dernier, François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France, a fait le point sur les effets de cette politique pour les différents acteurs de la vie économique. Le gouverneur estime que " les effets positifs restent dominants, même s'ils ont leurs limites aujourd'hui ". Ménages, États, entreprises, banquiers, assureurs … à qui profitent les taux bas ?
L'économie
Les taux bas ont permis de soutenir l'économie. Le FMI estime que sans cette politique conduite au sein des économies avancées, la croissance mondiale aurait été inférieure de 0,5 point de pourcentage en 2019 comme en 2020. En zone euro, les effets sont estimés à 2 à 2,5 points de pourcentage pour la croissance. Et plus de croissance, c'est aussi moins de chômage : sur les plus de onze millions d'emplois créés dans la zone euros entre 2013 et 2019, deux à trois millions reviendraient directement aux effets de la politique de taux bas.
Les ménages
Cette politique a permis aux ménages d'emprunter à des taux historiquement faibles. Par ailleurs, leur patrimoine immobilier a pris de la valeur, comme les actions.
Du fait de la croissance, les ménages, y compris les plus défavorisés, sont les bénéficiaires de la reprise de l'emploi.
En revanche, les épargnants sont les grands perdants : le rendement des actifs sans risque investis en produits de taux (livrets, fonds en euros de l'assurance vie …) est de plus en plus faible. Certaines banques de la zone euro en sont même arrivées à appliquer un taux négatif sur les dépôts, un peu comme une " taxation de l'épargne ". Le gouverneur de la Banque de France estime néanmoins qu'il n'est ni probable, ni souhaitable, d'appliquer des taux négatifs aux particuliers ou aux PME en France.
Les entreprises
Les taux bas ont permis aux entreprises en zone euro, notamment les PME et TPE, d'accéder facilement à un financement à faible coût. Le gouverneur précise néanmoins qu'elles ont cessé globalement d'être emprunteuses nettes, c'est-à-dire qu'elles peuvent autofinancer complètement leurs investissements.
Les États
Les États sont les grands gagnants de cette politique des taux bas car elle leur a permis de réaliser de substantielles économies sur le coût de la dette. Les contribuables en profitent eux-aussi indirectement. Par exemple, la France, qui s'endette à taux négatif jusqu'à 9 ans, a vu la charge de ses intérêts divisée par deux en vingt ans. Mais dans le même temps, le volume de la dette a été multiplié par 1,6. Plutôt que de les inciter à faire des économies, les taux bas ont incité les États à s'endetter encore plus … Paradoxalement, ils sont en partie responsables de l'explosion de la dette, rendant difficilement envisageable une remontée trop brutale des taux.
Le secteur financier
En rendant les coûts de financement plus faibles, la politique de taux bas a permis d'améliorer la solvabilité des emprunteurs et donc de faire baisser le coût du risque pour les banques.
Mais bien que la capacité du secteur financier à absorber les chocs se soit considérablement renforcée depuis la crise de 2008, les taux bas mettent à mal la rentabilité des banques et des compagnies d'assurance. La stabilité du secteur financier s'en trouve fragilisée.
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