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Les producteurs de volailles et de foie gras redoutent un Noël confiné
information fournie par Le Figaro 10/11/2020 à 15:06

(Crédits photo : Pixabay - takedahrs  )

(Crédits photo : Pixabay - takedahrs )

Ils appellent les Français à ne pas renoncer à la tradition. Les restrictions sanitaires empêcheraient les grandes réunions familiales pendant cette période cruciale pour leur activité.

À quoi ressemblera Noël cette année ? À ce stade, impossible de répondre à cette question. Et cette incertitude fait craindre le pire aux éleveurs de volailles. À l'approche des fêtes, ils redoutent que le confinement se poursuive et avec lui, l'interdiction de se réunir en grand comité au sein des familles. « D'habitude, à Noël, la tradition veut que l'on mange de la volaille, notamment de la dinde ou du chapon. Ce sont des volailles d'une certaine taille, pour les grandes tablées. Nous craignons que les familles ne puissent pas se retrouver en nombre. Il y a donc beaucoup d'inquiétude », explique Jean-Marie Schaeffer, aviculteur label rouge en Alsace, et président d'Anvol, interprofession de la volaille de chair.

La filière, qui représente les éleveurs de poulet, dinde, canard à rôtir ou encore pintade, réalise 750 millions d'euros de chiffre d'affaires pendant la période de Noël, soit entre 15 et 20% de son activité annuelle, explique Anvol. « Les enjeux sont d'autant plus importants qu'on ne peut pas compter sur l'exportation pour compenser car à Noël, nous sommes vraiment sur des produits de tradition très française », explique le président de l'interprofession qui représente quelque 100.000 emplois.

Son inquiétude est partagée par les producteurs de foie gras. « Autant au printemps, on s'est dit 'on n'est pas en saison festive'. L'impact du confinement ne nous a pas effrayé. Mais là, on est dans la pire des situations car nous sommes sur les deux mois de la saison festive. Novembre et décembre représentent 75% des ventes de l'année », déplore Marie-Pierre Pé, directrice du comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog). La situation est d'autant plus critique que les restaurants et traiteurs sont quasiment à l'arrêt. « La restauration en France et à l'étranger représente 60% de nos débouchés. C'est pour cela qu'à la suite au premier confinement, nous avons enregistré 50 millions d'euros de pertes », explique cette dernière.

Les producteurs de volailles de chair ont fait face au même problème. « Pendant le premier confinement, avec les poulets, ça s'est bien passé grâce aux grandes et moyennes surfaces. Mais pour les producteurs de pigeons, cailles, ou canards, cela a été très compliqué car les restaurants et traiteurs représentent 60% à 90% de leurs ventes. Ils se sont retrouvés avec des stocks énormes. Là, avec ce deuxième confinement, on reproduit le même phénomène », note Jean-Marie Schaeffer.

Des produits en petit format

Pour tenter de sauver leur saison malgré un éventuel confinement pendant les fêtes, les producteurs tentent de s'adapter. « Nous allons inciter les grandes surfaces et les bouchers à proposer des découpes de volailles. Et nous allons communiquer sur des idées de cuisine pour accompagner le consommateur », expliquent les volaillers. Du côté des producteurs de foie gras, les marques vont proposer des petits conditionnements adaptés aux réunions restreintes. « Nous ne serons pas sur des terrines d'un kilo mais des portions pour 6 personnes par exemple », détaille Marie-Pierre Pé.

Cette pratique a ses limites. « Il y a des petites volailles qui pourront s'adapter à des réunions familiales plus restreintes, comme la canette ou le pigeon. Mais les grandes volailles comme le chapon ne s'adaptent pas. Et les stocks doivent être écoulés », explique Jean-Marie Schaeffer. « Malgré notre réactivité, nous faisons face à la baisse de fréquentation dans les grandes surfaces et des débouchés qui ne sont toujours pas là. Même s'il y a des initiatives, ça ne compensera pas », regrette le Cifog.

Appel à la solidarité

La filière tente de convaincre les grandes surfaces de jouer la carte de la solidarité. Les volaillers comptent sur elles pour honorer leurs commandes pendant les fêtes. Le Cifog aimerait pour sa part mettre en place des opérations commerciales à l'image du « Comptoir du canard » proposé par Carrefour ou Intermarché en octobre. « Cela consistait à mettre en avant nos produits sur des comptoirs pour animer les ventes. Ça a plutôt bien marché », explique Marie-Pierre Pé. Cette dernière appelle également à utiliser les rayons vides où se trouvaient les produits non essentiels désormais interdits à la vente. « Ces rayons pourraient servir à mettre en avant les produits festifs ? », s'interroge-t-elle.

En parallèle, la filière compte sur les Français pour ne pas changer leurs habitudes culinaires pendant les fêtes. « Nous aimerions que les familles aient le réflexe de se retrouver, même en petit comité, pour partager cette tradition. Nous aimerions qu'ils achètent de la volaille car les éleveurs travaillent dur depuis plusieurs mois pour cette période de Noël. Cela permettra de soutenir nos éleveurs », explique Jean-Marie Schaeffer. « Certains producteurs risquent la faillite. Nos charges de structures sont très élevées et les aides de l'État sont très compliquées à débloquer. Il y a énormément de critères à respecter pour rentrer dans les cases. Tous n'en bénéficieront pas. Alors notre message aux Français est 'soyez là. Faites-vous plaisir et aidez nous'. »

La crainte d'un retour de la grippe aviaire

En plus du Covid, les éleveurs doivent faire face à un retour de la grippe aviaire aux abords de la France. Pour le moment, aucun cas n'a été déclaré dans le pays, mais par précaution, le gouvernement a décidé de relever le niveau d'alerte à « élevé » pour 46 départements dont les Landes et le Gers, réputés pour leur production de foie gras. S'il était détecté en France, ce virus mettrait en difficulté les volaillers. Les éleveurs de canards du Sud-Ouest ont notamment été frappés à deux reprises, lors des hivers 2015-2016 et 2016-2017, par des épisodes d'influenza aviaire qui avaient occasionné des abattages massifs pour éradiquer la maladie et coûté des centaines de millions d'euros aux producteurs.

« Cette fois, nous sommes plus sereins car nous sommes expérimentés. Nous avons mis en place beaucoup d'actions qui permettent d'être très réactifs. On a rappelé les règles de sécurité à nos éleveurs, on a recensé nos élevages, cartographié. Nous pouvons envoyer un message pour bloquer les mouvements d'animaux. On est prêts », assure la présidente du Cifog. « Il faut faire attention mais les protocoles de biosécurité en élevage ont été renforcés », rappelle également Anvol.

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