Rénové, le Manoir de Tourpes, en Normandie, est à vendre pour 2,5 millions d’euros. Deux gardiens assureront l’intendance.
« Le patrimoine nous transcende et nous fait sentir français », déclare Pierre-Emmanuel Chadefaux, directeur général de Prosper, une entreprise fondée en 2023 qui achète, rénove et meuble des châteaux Monuments Historiques. Effectivement, l’inauguration du Manoir de Tourpes, à Bures-sur-Dives, dans le Calvados (14), ce mercredi, a rassemblé des amoureux du patrimoine, des agents immobiliers, des journalistes et même d’anciens propriétaires du manoir, curieux de découvrir à quoi ressemble leur ancienne habitation après rénovation.
Le résultat est là. La pelouse est parfaitement tondue, le manoir, un édifice style Renaissance, datant du 16e siècle, a été repeint. Il sent le neuf et en même temps, il conserve le charme de l’ancien. Prosper en a fait l’acquisition il y a un an et demi et l’a entièrement réhabilité. « Si on vend une banquette Louis XIII, c’est rude pour le dos, et ça ne marche plus. Tout comme les lits qui grincent ou les portes qui ne ferment plus. Il faut proposer du classicisme à la française mais confortable », affirme Pierre-Emmanuel Chadefaux, qui souhaite coller au goût du jour. Il faut donc allier confort et authenticité pour parvenir à vendre des châteaux et des manoirs selon le fondateur de Prosper.
C’est exactement dans cet esprit que Thomas Jourdain, directeur architectural et mobilier, a pensé la rénovation du manoir de 400 mètres carrés, comportant 10 pièces dont 3 chambres et un dortoir pour enfants. Il a intégré des moulures qui n’existaient pas afin de rappeler le château de Versailles. Il a réutilisé des tommettes au sol et a également gardé un sol en pierres de Caen. Pièce maîtresse du manoir, l’escalier qu’il a reproduit quasi à l’identique, et prolongé. En parallèle, il a créé une cuisine toute équipée qui répond aux dernières normes. « L’architecte peut avoir la tentation de laisser sa trace à tout prix. Une intervention réussie pour moi c’est lorsque l’architecte s’est effacé », affirme-t-il. Il a misé sur une rénovation « au goût un peu Versailles, un peu cabinet de curiosités ». Pour cela, il a conservé « le côté rustique » du manoir tout en lui conférant « un caractère de gentilhommière ».
« Le manoir a un peu perdu son âme de manoir campagnard pour devenir un manoir de luxe»
Marie-Dominique et Stanislas, septuagénaires, sont d’anciens propriétaires du manoir, inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques (façade et toiture). Ils sont revenus dans cet ancien relais de chasse qu’ils ont vendu il y a 4 ans, où ils ont vécu 22 ans et ont élevé leurs enfants. Émue, Marie-Dominique considère la rénovation « chic et harmonieuse ». « Le manoir reprend vie et c’est le principal», ajoute son époux. Le couple a dû se séparer à contrecœur de ce manoir, la propriété devenant trop grande pour lui et les enfants vivant loin désormais. « Nous ne voulions pas que les enfants aient en charge quelque chose d’ingérable », confie Marie-Dominique. Elle est heureuse que le manoir soit restauré mais est désolée de voir « qu’il a un peu perdu son âme de manoir campagnard pour devenir un manoir de luxe ».
Le manoir, qui est le tout premier livré par Prosper, correspond effectivement aux attentes d’une clientèle plutôt aisée, de cadres parisiens à la recherche d’une résidence secondaire, ou d’étrangers, Anglo-Saxons, Américains et Australiens. Prosper souhaite vendre le manoir pour 2,5 millions d’euros, meublé et rénové. Une fois que la vente sera actée, la relation entre l’acquéreur et Prosper ne s’arrêtera pas là puisque la société propose un service d’intendance sur place avec une conciergerie, une maintenance technique, pour un forfait annuel de 15.000 euros, en plus du coût réel du château. Les charges coûtent environ 60.000 euros par an, sachant que la moitié peut être défiscalisée. « La pelouse sera tondue, le chauffage mis en route et le poulet mis au four avant l’arrivée des propriétaires pour le week-end ou pour la semaine », développe Pierre-Emmanuel. Des excursions pourront aussi être proposées pour partir à la découverte de la gastronomie locale ou des monuments normands.
Aurore et Benoît, les gardiens, sont ravis d’avoir troqué leur ancienne vie contre cette vie au grand air. Ils se sont affairés pour que la pelouse soit tondue et pour qu’aucune herbe folle ne vienne gâcher le paysage. Aurore était dans un service d’aide à la personne dans le sud-ouest de la France et Benoît est un ancien militaire. Ils savent faire preuve de rigueur et se plier au moindre désir des clients. Ils peuvent venir les récupérer à la gare de Caen en navette ou remplacer une ampoule qui a grillé. La vraie vie de château en somme pour les futurs propriétaires.
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