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La ministre du Logement et les HLM: faites ce que je dis, pas ce que je fais
information fournie par Le Figaro 22/04/2021 à 06:00

Emmanuelle Wargon, qui prône la mixité sociale, a été raillée sur les réseaux sociaux parce qu’elle vit dans une ville cossue du Val-de-Marne.

Emmanuelle Wargon a fait l’amère expérience de l’arroseur arrosé. La ministre du Logement réclame plus de mixité sociale et veut « du logement social partout », notamment dans les villes aisées, comme elle l’avait affirmé au Figaro en fin d’année dernière. Une déclaration qui passe mal auprès de certains internautes qui ne se sont pas privés de rappeler à la ministre où elle a élu domicile.

Emmanuelle Wargon vit à Saint-Mandé, dans le Val-de-Marne (94). Une ville cossue où les prix peuvent dépasser allégrement les 10.000 euros le m² car située à proximité de Paris. La ministre y possède d’ailleurs une maison de 150 m², estimée à 1,5 million d’euros, selon sa déclaration de patrimoine. Soit 10.000 euros le m². Une valorisation bien inférieure à la moyenne de Meilleurs Agents, spécialiste de l’estimation immobilière, qui avoisine plutôt les 15.000 euros.

Pire, Saint-Mandé, ville d’une vingtaine de milliers d’habitants, est un des plus mauvais élèves du département avec un peu plus de 12% de HLM. Seules 5 des 21 communes du Val-de-Marne soumises à la loi SRU font moins bien, selon le dernier bilan triennal de la loi SRU publié par le gouvernement. Saint-Mandé fait d’ailleurs partie des 280 communes carencées, qui n’ont pas atteint leur objectif.

Une ministre du Logement qui veut plus de HLM et habite dans une ville chic qui en construit peu. Il n’en fallait pas plus pour exciter les réseaux sociaux qui s’en sont donné à cœur joie pour railler Emmanuelle Wargon.

Et mettre dans une situation inconfortable une ministre qui prône la mixité sociale. Contactée par Le Figaro , Emmanuelle Wargon reste droite dans ses bottes. « Ce n’est pas aux habitants des villes qui ne respectent pas leurs obligations, de déménager ou d’être pointés du doigt» , réagit l’entourage de la ministre qui « regrette les invectives sur les réseaux sociaux, qui sont allés jusqu’à diffuser ( son ) adresse, et le climat malsain qu’elles révèlent ». Pour la ministre chargée du Logement qui a durci cette année les sanctions contre les élus récalcitrants, « c’est aux maires concernés de se mettre en conformité avec la loi et de prendre leur part du combat social pour la mixité qui est un des piliers de notre pacte républicain ».

Qu’en pense l’un d’entre eux, le nouveau maire de Saint-Mandé? « Construire 25% de HLM d’ici 2025, ce n’est pas possible , rétorque Julien Weil, fraîchement élu l’été dernier. Ce n’est pas que je ne veux pas de mixité mais la mixité a ses limites dans une ville où les prix au m² dépassent les 12.000 euros le m² .» Et de pointer du doigt le « d iscours ambivalent » de la ministre qui « créé une certaine ambiguité et fragilise sa position »: « Si la ministre a choisi Saint-Mandé et pas une autre ville, c’est qu’elle est venue y trouver un cadre de vie résidentiel, luxuriant, un urbanisme maîtrisé et une ville proche de Paris . Elle ne peut pas fustiger les riches qui ne veulent pas de HLM et habiter un joli pavillon », lâche le maire LR de Saint-Mandé.

En attendant, pour ne pas avoir respecté son objectif de HLM, Saint-Mandé, dont le budget s’élève à 40 millions d’euros, a vu sa sanction quasiment doubler: de 500.000 à 925.000 euros, « l’équivalent du coût du Covid pour la ville depuis un an », souligne Julien Weil. Et comme la loi l’y autorise, la préfecture a également décidé de reprendre à la municipalité les permis de construire.

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