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La crise de l’orange va-t-elle faire grimper les prix dans les rayons des supermarchés ?
information fournie par Le Figaro 20/10/2024 à 08:00
Temps de lecture: 4 min

(Crédits: Pexels - Tim Mossholder)

(Crédits: Pexels - Tim Mossholder)

Face à une maladie qui décime la production brésilienne, principal exportateur mondial d'oranges, les prix ont triplé en deux ans.

La crise de l'orange ne fait que commencer.  Mais va-t-elle s'inviter jusqu'à la table du petit-déjeuner des Français, faisant augmenter le prix du jus consommé pour bien commencer la journée ? Ces derniers mois, une maladie est venue frapper de plein fouet la production mondiale du célèbre agrume. En cause, la prolifération  d'un insecte , le psylle, vecteur d'une bactérie, qui une fois transmise aux agrumes, cause une réaction des arbres entraînant leur mort à brève échéance. La qualité et les rendements en fruits se trouvent également impactés. C'est le drame de la maladie du HLB - Huanglongbing, maladie du dragon jaune.

Cette dernière a contribué «à décimer presque tous les agrumes de Floride» , et touche désormais gravement le Brésil, informe Raphaël Morillon, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).  Les conséquences sur la production n'ont pas tardé à se faire sentir . Selon les prévisions de l'association interprofessionnelle brésilienne des producteurs d'agrumes et industriels, la récolte de 2024 est en baisse de 30% avec 232 millions de «caisses culture» ( 40 kg d'oranges), contre environ 300 millions en 2023.

À l'heure où la Floride et le Brésil représentent respectivement 10 à 12% et 50 à 60% des volumes mondiaux d'oranges mis à l'industrie, les tarifs ont logiquement flambé. Le prix de l'orange a ainsi triplé les deux dernières années passant de 2000 à 7000 dollars la tonne à Rotterdam.

Les industriels lancent l'alerte

Sans surprise, les prix des produits finis se trouvent à leur tour frappés par cette situation, à mesure que les matières premières devenaient de plus en plus chères. «C'est là où nous tirons la sonnette d'alarme» , prévient Arnaud Jobard directeur commercial de Suntory,  marque propriétaire d'Orangina et d'Oasis . Dans un communiqué en juin dernier, l'entreprise qui utilise l'orange dans trois quarts de ses produits a joué un rôle de lanceur d'alerte. «La crise de l'orange s'ajoute à une inflation forte sur nos matières premières» , s'inquiète le représentant, qui cite les coûts du transport, des emballages et du sucre en tête. Selon les chiffres de l'entreprise, la hausse des coûts des dernières années représenterait l'équivalant d'un an de profit. Si le marché «a bien résisté» en 2023, «nous observons une baisse de la consommation sur le jus d'orange depuis janvier 2024, de l'ordre de -7%» , observe de son côté Florence Frappa, DG France de Eckes Granini, groupe propriétaire des marques Joker et Pago.

Face à la crise, deux leviers sont activés par les industriels. La baisse des marges, à hauteur d'un chiffre non communiqué par les entreprises interrogées, et la hausse du prix dont elles tempèrent l'importance - «moins de 10 centimes» , affiche-t-on du côté de Suntory. Les industriels vont également chercher une consommation alternative par «des produits à base du jus d'orange avec un mélange à base de clémentines ou encore de pommes» , analyse Éric Imbert, expert du marché des fruits et légumes au Cirad.

Désormais, l'évolution des prix des produits à base d'orange dépendent des  négociations avec les distributeurs , qui s'achèveront comme chaque année, le 1er mars. «La crise de l'orange doit devenir une évidence pour tous les acteurs comme c'était le cas pour celles de l'huile d'olive et du cacao» , plaide Arnaud Jobard. Concernées par leurs marques distributeurs à base d'orange, «les grandes enseignes sont à l'écoute» , rapporte Florence Frappa, «mais face à une situation exceptionnelle, les discussions prennent du temps» .

De leur côté, les distributeurs interrogés, confirment connaître la problématique de l'orange. Thierry Desouches, responsable des relations extérieures de Système U, se dit particulièrement attentif à l'équilibre entre «baisse des marges, et hausse de prix» . Si ces éléments sont fournis en «toute transparence» , la hausse de la rémunération des industriels s'impose, ajoute-t-il. Pour autant, lors des  crises de matières premières , Thierry Desouches observe également que les ventes de marques distributeurs «augmentent en volume par rapport aux marques national». Les prix «jouant en notre faveur» .

Une crise sur le long terme

Le problème, c'est que la crise est partie pour durer, selon Raphaël Morillon et sa collègue Virginie Ravigné, elle aussi chercheuse au Cirad. Les psylles résistent maintenant aux pesticides sur les terres brésiliennes et commencent à s'installer dans les pays méditerranéens jusqu'ici épargnés. Deux espèces de psylles sont vecteurs de la bactérie responsable de la maladie. Le premier est présent en Espagne, quand le second, encore plus dangereux, vient d'être détecté à Chypre. «Il ne fait peu de doute qu'ils vont coloniser le bassin méditerranéen» , prévient Virginie Ravigné. Quelques années seulement après leur apparition dans une région, «tous les agrumes cultivés sont infectés par la maladie HLB» et demain «ce sera au tour des clémentiniers corses d'être touchées» , ajoute la chercheuse.

Les industriels l'ont bien compris et comptent sur la science. Le groupe Eckes Granini dévolue une partie du prix négocié avec les producteurs d'orange à la recherche fondamentale, là où Santory finance en partie le Cirad. À terme, les chercheurs veulent rendre résistante les oranges à la maladie HLB, grâce au croisement de différentes espèces d'agrumes. Mais cela prendra «15, 20 ans» , avertit Raphaël Morillon. Les scientifiques comptent notamment sur  le citron Caviar , qui possède des gênes de résistance à la bactérie responsable de la maladie HBL. «Après, il faudra que ces génotypes gardent un goût d'orange» , abonde le chercheur, qui admet que ce «n'est pas évident» .

Pour l'heure, une solution intermédiaire est envisageable : utiliser des génotypes plus tolérants, tel que le citron vert de Tahiti. Son nombre supérieur de chromosomes et la ressemblance de son génotype avec d'autres espèces d'agrumes -parmi elles l'oranger - intéresse particulièrement les chercheurs. Entre la crise climatique qui touche les pays producteurs et les maladies, la crise de l'orange est profonde.

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