
(Crédits: Unsplash - Anthony Tan)
Le discours se fait désormais plus rassurant avec une sérieuse reprise des transactions. Mais la situation est très contrastée selon les arrondissements.
Le plus dur serait-il vraiment derrière nous concernant le marché immobilier ancien ? Certains professionnels, notamment dans le secteur du luxe, veulent désormais le croire. Lors d'une récente présentation par le réseau Barnes de ses derniers chiffres, l'enseigne évoque ainsi un «redémarrage» de son marché avec une hausse des volumes de vente et un arrêt de la baisse des prix dans Paris intra-muros. «La progression annuelle de 37% de nos ventes sur janvier-mai 202, nous ramène quasiment au niveau de 2022, année de tous les records» , se félicite ainsi Richard Tzipine, directeur général de Barnes. Et côté tarifs, la baisse moyenne de 10% enregistrée sur un an et demi semble sur le point de s'achever. «Les fondamentaux sont désormais plus sains, après une période où nous avons connu des prix absurdes dans certains cas» , poursuit le dirigeant.
Concrètement, le réseau a enregistré toute une série de dynamiques très positives mais qui laissent aussi apparaître en creux, les segments et secteurs qui restent en difficulté. Parmi les très bons élèves, on retrouve en haut du podium la rive gauche avec le 6e arrondissement et plus encore le 7e. « C'est plus que jamais le secteur recherché par notre clientèle, souligne Guillaume de Blaÿe de Barnes Paris Rive Gauche. Il rassemble les suffrages de la clientèle française fortunée qui connaît déjà très bien le secteur et des étrangers à la recherche de l'ADN français. On y trouve aussi bien un beau bâti des 17e et 18e siècles, dans le secteur Saint Thomas d'Aquin que de belles surfaces familiales avec de très bonnes écoles vers le Gros-Caillou.» Une tendance parfaitement illustrée par une transaction à 100 millions d'euros pour un hôtel particulier du 7e arrondissement réalisée par le réseau . Un marché qui séduit également les marchands de biens qui effectuent de très gros travaux (à partir de 3500 €/m² et parfois au-delà de 8500 €/m² avec le recours d'architectes de renom) pour séduire une clientèle internationale qui ne recherche que des biens clés en main aux derniers standards du moment.
Les maisons de la Butte
Les biens d'exception du côté de la Butte Montmartre, et en particulier les maisons se portent bien également. Le réseau en a ainsi vendu 8 ces derniers mois pour des prix allant de 20.000 à 26.000 €/m². Et lorsque l'on franchit le périphérique, Neuilly-sur-Seine, véritable 21e arrondissement de Paris, ne semble pas non plus donner de signes d'essoufflement. Quant à la véritable pépite qui draine une clientèle de plus en plus large avec des prix qui grimpent, c'est Saint-Germain-en-Laye qui finirait presque par éclipser sa prestigieuse voisine, Versailles.
Une fois ces motifs de satisfaction affichés, les agents immobiliers reconnaissent que tout est loin d'être rose. «Pour obtenir les mêmes résultats, il faut fournier beaucoup plus d'effort qu'auparavant, souligne Marie Beauchet qui travaille sur les 9e et 18e arrondissements. Il faut porter à bout de bras les dossiers et être là en permanence avec des acheteurs fébriles qui peuvent changer d'avis à tout moment.» Et au-delà des acheteurs qui restent en position de force, il y a certains arrondissements qui sont plus à la traîne. C'est étonnamment le cas du 8e arrondissement, qui rassemble traditionnellement les suffrages de la clientèle du Moyen-Orient. «C'est un secteur très sensible à l'environnement économique et géopolitique, rappelle Philippe Joffre de Barnes Saint-Honoré. Et depuis les gilets jaunes, la clientèle étrangère a été marquée par le fait que ce secteur est un peu trop proche des lieux de pouvoir et de manifestations.»
Et en petite couronne, la commune qui peine à redémarrer semble être Boulogne-Billancourt. Une ville qui avait vu ses tarifs s'envoler, jusqu'à dépasser parfois le 16e arrondissement voisin alors que sa desserte par les transports et parfois la qualité du bâti sont souvent un cran en dessous. Résultat: alors que les propriétaires rechignent à une franche baisse des prix, les acheteurs préfèrent aller voir ailleurs.
Plus généralement, les biens «classiques» de belle facture mais sans rien d'exceptionnel tout comme la clientèle familiale aisée mais pas fortunée n'ont pas retrouvé les niveaux d'activité d'avant-crise. Ce cœur du marché souffre toujours de taux d'intérêt qui restent élevés par rapport aux prix. Résultats: bon nombre de propriétaires qui souhaitaient s'agrandir pour gagner en confort diffèrent encore et toujours leurs achats. Même chose pour les arrondissements les moins recherchés de cette clientèle, notamment dans l'Est parisien (hors proximité du bois de Vincennes): la reprise ne se fait que sur la pointe des pieds. Un petit printemps qui attend donc de se généraliser.
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