
(Crédits photo : Adobe Stock - )
Mis au placard pendant une dizaine d'années en France, les taux variables pourraient faire leur retour, sous la pression de la BCE.
Une menace plane sur le crédit immobilier . Une pratique bien connue des Anglo-Saxons mais beaucoup moins des Français. À peine 5% des banques tricolores ont en effet recours aux taux variables. Et si l'on parle de «menace», c'est que l'on associe volontiers ces derniers à la crise des subprimes, à la fin des années 2000. Le passage aux taux variables semble prendre de plus en plus d'épaisseur. Bien qu'en forte hausse, les taux de crédit restent très bas en France (environ 2% sur 20 ans selon l'Observatoire Crédit Logement ). Une situation intenable pour la BCE, régulateur des banques européennes, qui envisagerait d'imposer le retour des taux variables aux banques. « Nous ne pouvons pas vivre éternellement avec des taux bas. Nous allons réadapter nos taux. Je comprends la direction dans laquelle elle (BCE) veut aller », confirme Thierry Breton, commissaire européen, sur LCI ce mercredi (voir ci-dessous).
Contactée par Le Figaro , la Fédération bancaire française (FBF) confirme que « les autorités publiques (Commission européenne, autorité bancaire européenne, comité de Bâle) considèrent comme moins risqué pour les banques qu'elles accordent des prêts à taux variables plutôt qu'à taux fixe puisque le risque est alors porté par les emprunteurs » et affiche son opposition. « Notre modèle à taux fixe, unique, protège les emprunteurs en leur permettant de connaître de façon certaine le coût de leur crédit pour toute sa durée, quelles que soient les évolutions de l'environnement économique. L es prêts à taux fixes sont accordés en fonction des revenus de l'emprunteur et non de la valeur de son bien. Notre modèle doit être préservé », affirme la FBF qui reconnaît que la position française « n'est pas majoritaire en Europe ». Une grande banque se dit même prête « à résister en continuant à proposer uniquement des crédits à taux fixe ».
Un précédent qui date d'il y a plus de 15 ans
De son côté, la Banque de France exclut le passage à des taux variables. « Un tel projet ne fait pas l'objet de discussions , confie au Figaro l'institution bancaire qui rappelle que la dernière production significative de prêts à taux variables remonte « aux années 2005-2007 ». En revanche, la préservation du modèle français du crédit nécessite une gestion du risque prudente de la part des banques. Il a fait ses preuves mais n'est soutenable que si la discipline nécessaire à sa préservation est respectée ». Dit autrement, les banques doivent veiller à prendre moins de risque et, sous-entendu, à le faire porter un peu plus aux emprunteurs.
Contrairement aux pays anglo-saxons, les banques françaises prêtent à des taux de crédit fixes. Ce qui offre une protection aux emprunteurs immobiliers face à l'envolée de l'inflation. Mais les établissements financiers, quant à eux, perdent de l'argent sur les crédits du fait que les taux auxquels elles prêtent aux ménages sont plus bas que ceux auxquels elles empruntent.
Des taux variables plafonnés?
A contrario les taux variables pourraient, selon Maël Bernier, de Meilleurtaux.com, aider à valider des dossiers bloqués par le taux d'usure (taux maximal au-delà duquel une banque ne peut pas prêter, NDLR). « Les taux variables purs sont invendables pour les banques! En revanche, des taux variables plafonnés sont un moyen de contourner le taux d'usure et de relancer le marché du crédit , analyse cette experte du crédit immobilier. Sur 20 ans, vous pouvez emprunter à 1,81% (hors assurance et hors frais) avec un taux variable (contre plus de 2% à taux fixe) qui n'ira pas au-delà de 2,8% ».
Dit autrement, ces taux variables «capés» permettront sans doute à des ménages d'emprunter plus pour disposer d'une pièce supplémentaire. « Cette solution a été un temps intéressante pour contourner le taux d'usure mais, financièrement parlant, elle ne l'est plus », corrige Olivier Lendrevie, président de Cafpi, courtier en crédit immobilier. En attendant, le simple mot «variable» risque de donner de l'urticaire à plus d'un acheteur. « Il faudra beaucoup de pédagogie pour expliquer aux ménages que ces taux variables n'ont rien à voir avec ceux qui sont proposés aux États-Unis ou en Espagne par exemple », conseille Maël Bernier.
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer