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Comment Françoise ou Philippe ont divisé par trois leur facture d'électricité
information fournie par Le Figaro 24/11/2022 à 06:00
Temps de lecture: 6 min

(Crédits photo : Unsplash - Johannes Plenio  )

(Crédits photo : Unsplash - Johannes Plenio )

Ce 24 novembre, la Journée nationale contre la précarité énergétique est marquée par un colloque de la Fondation Abbé Pierre et des trophées primant les meilleures solutions à ce problème. L'occasion de mettre en lumière des dispositifs permettant de réduire l'addition.

Il y a trois ans, leur facture d'électricité dépassait allègrement les 2000 euros par an et pourtant ils avaient froid, dans leur maison de 70 mètres carrés située dans le petit bourg d'Estrées-Saint-Denis dans l'Oise, dont ils ont hérité. Mal entretenue, elle était devenue presque inhabitable et un de leurs fils a été hospitalisé cinq fois pour asthme. Après 60 000 euros de travaux, financés par des aides, la consommation de Bruno et Françoise a été divisée presque par quatre (3,7) et leur facture quasiment d'autant. Un prêt à taux zéro a permis au couple de couvrir leur reste à charge (environ 1800 euros). Mais cet ancien salarié d'un magasin de bricolage pendant 39 ans, à la retraite depuis deux ans, et sa femme, qui a assuré des emplois à temps partiel, tous deux en invalidité à la suite de problèmes de santé et en situation de précarité, n'auraient jamais envisagé d'entreprendre seuls un tel chantier.

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De leur côté, Philippe, ancien militaire devenu garde champêtre à Clairoix (Oise), retraité, et Lydiane, femme au foyer qui n'a jamais pu retrouver de travail suite à un accident de voiture qui lui a valu de perdre un œil, vivaient reclus, sans véhicule, dans une maison rurale et humide de 80 mètres carrés adossée à une colline, où les moisissures côtoyaient les infiltrations d'eau dans la salle de bains. Ils supportaient les 15 degrés l'hiver malgré leurs problèmes de santé et une facture d'électricité salée. Il aura fallu trois ans avant que Philippe accepte la visite du Secours catholique dans leur logement. Après 70 000 euros de travaux avec notamment l'installation de radiateurs électriques à inertie et l'isolation des murs en fibre de bois, ce dernier est passé d'une catégorie G à D sur l'échelle du diagnostic de performance énergétique (DPE), grâce aux aides, et un reste à charge limité à 1400 euros.

«L'impact de ce type de rénovations n'est pas seulement le confort et la réduction de la facture, il permet également d'améliorer la santé des occupants et d'avoir de nouveau une vie sociale dès lors que ces derniers n'ont plus honte de leur logement», explique Franck Billeau, directeur du Réseau Eco Habitat, qu'il a fondé en 2014 dans les Hauts-de-France pour aider à l'amélioration de l'habitat. Ainsi, les deux enfants d'Elisa, sujets à bronchites à répétition, ne sont plus malades depuis leur rénovation. Certains ont réduit leurs antidépresseurs, d'autres sont retournés chez le coiffeur car ils ont une meilleure estime d'eux-mêmes et parfois même retrouvé un emploi. Quant à Bruno et Françoise, ils peuvent à nouveau recevoir leurs petits-enfants chez eux.

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Les foyers en situation de précarité énergétique sont nombreux à pouvoir bénéficier de ce type d'accompagnement mais peu franchissent le pas. «Les propriétaires pensent qu'ils n'ont droit à aucune aide et ont souvent peur de se faire avoir par des artisans, tout comme ces derniers se méfient des foyers qu'ils soupçonnent de ne pas être solvables» , souligne Franck Billeau. D'où l'importance de dispositifs d'accompagnement, qui instaurent de la confiance de part et d'autre et facilitent les mises en contact avec MaPrimeRénov', l'Anah, les collectivités locales, les associations (Fondation Abbé Pierre, Secours catholique..), les acteurs privés (Fondation Leroy-Merlin par exemple dans le cas de Philippe et Lydiane) et les groupes de protection sociale comme l'AG2R.

L'apparition d'un nouveau métier, ensemblier solidaire

«On peut faire disparaître les passoires thermiques d'ici dix ans. Mais cela suppose d'apprendre à mieux collaborer entre différents organismes. D'où l'émergence d'un nouveau métier, ensemblier solidaire », lance Gilles Berhault, délégué général de Stop à l'exclusion énergétique. Dix personnes issues du monde du bâtiment ou du social sont actuellement formées à ce nouveau métier, consistant à accompagner de bout en bout une famille à rénover son habitat, depuis le montage du dossier de financement jusqu'à la réalisation des travaux, en passant par les devis et les solutions techniques à imaginer.

Les Compagnons bâtisseurs participent également de cette dynamique, avec une spécificité: cette association implique les habitants, du moins en partie, quand c'est possible, dans leur chantier (autoréhabilitation), ce qui permet de réduire un peu le budget global.

12 millions de Français concernés par la précarité énergétique

Avant même la guerre en Ukraine et la flambée des prix, 20% des ménages, soit 12 millions de Français, étaient en situation de précarité énergétique. Les occupants des 5,2 millions de passoires thermiques du parc français de résidences principales, classées F et G sur l'échelle du diagnostic de performance énergétique (DPE) sont les premiers concernés. Le nombre d'impayés a déjà augmenté de 17% entre 2019 et 2021, entraînant près de 300 000 coupures d'électricité. Les prix de l'énergie ayant bondi pour les ménages de 28% au deuxième trimestre 2022, comparé à la même période de l'année précédente, de nouveaux publics sont concernés. Avec la fin progressive du bouclier tarifaire et la nouvelle hausse de 15% attendue sur le gaz et l'électricité au début 2023, cette crise énergétique va sans nul doute faire basculer de nouveaux foyers vivant avec moins de dix euros par jour et par personne dans la précarité, comme le souligneront les intervenants du colloque organisé par la Fondation Abbé Pierre aujourd'hui.

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D'où la mobilisation autour du sujet, à l'occasion de la Journée contre la précarité énergétique, qui a lieu aujourd'hui 24 novembre. Lancée en 2021 par une vingtaine d'organismes impliqués sur le sujet, cette seconde édition est l'occasion de sensibiliser sur l'ensemble du territoire, au travers de diverses manifestations. Et les solutions existent. Le collectif Stop à l'exclusion énergétique - réunissant cinquante acteurs - a pour objectif de sortir chaque année un million de personnes par an de la précarité énergétique. Les trophées 2022 des solutions contre la précarité énergétique qu'il organise seront dévoilés aujourd'hui 24 novembre au Ministère de la Transition écologique.

Economiser tout en offrant de la chaleur aux plus démunis

Avec son service minimum de l'électricité à mille watts garantis à tout client, sans coupure d'électricité, le fournisseur d'énergie verte Plum Énergie a été lauréat 2021, dans la catégorie financement.

Cette année, la start-up à impact Don de chaleur est candidate dans cette même catégorie. Cette dernière permet à tout un chacun, via une application lancée le 7 novembre, de relever une série de défis quotidiens et ludiques pour s'engager dans la sobriété énergétique. « Les gens sont focalisés sur le chauffage, mais un pommeau de douche écologique permet de réduire la consommation d'eau - et donc du ballon d'eau chaude ou de la chaudière - jusqu'à 50%» , souligne Matthieu Sattler, cofondateur de la start-up.

Des générateurs électriques pour les populations déplacées en Ukraine

Grâce à ces écogestes, chaque kWh économisé permet non seulement de faire baisser la facture de chaque participant mais aussi d'alimenter une cagnotte solidaire en soutien à l'un des cinq projets que ce dernier choisit, abondée par les fournisseurs partenaires : Stop à l'Exclusion Énergétique, Habitat et Humanisme, Emmaüs Solidarité, Ulisse Énergie et Électriciens sans frontières, qui apporte des générateurs électriques aux personnes déplacées en Ukraine. Aujourd'hui, 200 000 euros d'engagements financiers permettent déjà d'envisager de financer plusieurs projets d'ici Noël. De quoi «promouvoir une nouvelle forme de générosité embarquée» , souligne Matthieu Sattler.

Solinergy, la fondation du groupe Effy, va pour sa part distribuer à cinq mille foyers en situation de précarité énergétique des kits d'urgence composés d'articles comme des régulateurs de douche, joints isolants pour fenêtres, ampoules E27 ou un guide d'écogestes. Et ce via des associations de terrain telles que Soliha, Croix-Rouge Insertion et Habitat & Humanisme.