José «Pepe» Mujica, 89 ans, président uruguayen de 2010 à 2015, est décédé. Cet apôtre de la frugalité avait renoncé à 90% de son salaire présidentiel et a vécu pendant près de 30 ans dans une fermette de 45 m².
Surnommé le «président le plus pauvre du monde» pour avoir reversé la quasi-totalité de ses revenus de dirigeant à un programme de logement social, «Pepe» Mujica avait révélé en début d’année que son cancer de l’œsophage diagnostiqué en mai 2024 s’était propagé et que son corps ne supportait plus les traitements. Son décès a suscité dès mardi de nombreuses réactions de dirigeants, notamment au sein de la gauche latino-américaine.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva , qui a dit vouloir venir lui dire adieu tout comme le Chilien Gabriel Boric, a salué une «grandeur humaine (qui) a dépassé les frontières» . Son homologue mexicaine Claudia Sheinbaum a rendu hommage à un «exemple pour l’Amérique latine et le monde entier» , par sa sagesse et sa simplicité. Avec son verbe haut, son style décontracté et des réformes marquantes, Pepe Mujica a atteint une popularité inédite pour un dirigeant de ce pays de 3,4 millions d’habitants, coincé entre les géants brésilien et argentin.
Héritier politique
Dans les années 1960, il fut l’un des fondateurs de la guérilla urbaine d’extrême gauche Mouvement de libération nationale Tupamaros (MLN-T). Blessé par balles en 1970, il fut emprisonné pendant toute la dictature (1973-1985) et torturé. Après sa libération en 1985, il se lance dans la politique et fonde en 1989 le Mouvement de participation populaire (MPP), pilier du Frente Amplio qui mènera la gauche au pouvoir pour la première fois en 2005 avec Tabaré Vasquez.
Le dirigeant, qui occupa aussi les fonctions de député, sénateur et ministre, a durant son mandat présidentiel bousculé les conventions, promouvant des mesures progressistes pour l’Amérique latine, comme la légalisation du cannabis, une première mondiale en 2013, ainsi que l’avortement et le mariage homosexuel. Jusqu’au bout, il a oeuvré pour la gauche dans son pays, menant la campagne présidentielle de Yamandu Orsi en novembre. «Il y a quelque chose de doux, un peu comme un cadeau d’adieu» , dans la victoire de son héritier politique, avait-il dit dans un entretien à l’AFP.
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