Lauréat du concours Imagine Angers, cet immeuble de 11 étages qui vient d’être inauguré mêle 29 appartements haut de gamme, une résidence senior de 94 logements et une crèche de 24 berceaux.
Lorsque Maxime Leforestier chantait «Comme un arbre dans la ville» dans les années 70, c’était surtout pour signaler à quel point le végétal était une incongruité dans un environnement urbain. Un demi-siècle plus tard, les choses ont heureusement changé et l’immeuble Arborescence à Angers s’en veut une illustration. Dès l’origine, à savoir l’appel à projets «Imagine Angers» inspiré de «Réinventer Paris», les architectes lauréats ont voulu un immeuble qui s’élèverait tel un arbre à 35 mètres de hauteur avec vue sur l’allée de platanes centenaire bordant la Maine et doté d’une végétation foisonnante. Normal, le tandem était constitué de l’agence angevine Crespy & Aumont installée dans une ville se revendiquant comme la plus verte de France, et de Pauline Gaudry dont l’agence WY-TO a un pied à Paris, l’autre à Singapour , cité que l’on décrit comme une «ville jardin».
C’est dans cet état d’esprit qu’est né Arborescence, un projet porté par Vinci Immobilier et qui vient tout juste d’être inauguré. Certes, l’accouchement a été assez long pour un concours remporté en 2018 mais le maire de la ville, Christophe Béchu à l’origine de cette initiative n’a pas manqué d’adresser un petit tacle à Anne Hidalgo. «Nous avons copié et amélioré Réinventer Paris, s’est-il amusé lors de l’inauguration. Car chez nous, les projets aboutissent et les équipes ont été payées pour les présenter.» Sur un site désaffecté mais particulièrement bien situé en bordure de la Maine et à l’entrée directe du centre-ville, le projet devait atteindre deux ambitions: être visuellement marquant mais tout en délicatesse et jouer la carte de la cohabitation intergénérationnelle.
Cabane dans les arbres
«C’est un rêve d’architecte et sans doute tout simplement un rêve d’enfant que de créer une cabane dans les arbres, la possibilité d’habiter en hauteur dans un lieu préservé» , explique Jean-Pierre Crespy. Les courbes sont venues tout naturellement pour accompagner cette idée de végétal, cette intégration en douceur pour ne pas trop s’imposer face aux monuments anciens de la ville, voire pour évoquer la célèbre douceur angevine. «Nous avons voulu un bâtiment bioclimatique qui sait tirer le meilleur parti de ses multiples expositions mais aussi avec une architecture biophilique qui introduit la nature et le vivant dans les bâtiments» , souligne Pauline Gaudry, de l’agence WY-TO. Et cette enveloppe tout en courbe doit permettre aux personnes vivant dans les «branches» de se croiser et de partager des moments en passant par le «tronc» central: les espaces communs et le jardin partagé du rez-de-chaussée. Mais cette liberté architecturale a créé de fortes contraintes techniques, entre la création de ces multiples courbures de béton et l’absence de poteaux avec des porte-à-faux pouvant aller jusqu’à 8 mètres.
«Dans notre vision de promoteur, il est essentiel que nos opérations aient du sens grâce à leur programmation pour que tous les différents publics puissent se rencontrer» , explique Eric Boscherie, directeur régional de Vinci Immobilier. C’est ainsi que le bâtiment comprend 29 logements qui se sont tous vendus entre 8000 et 10.000 euros les m² (à l’exception de celui de 120 m² du dernier étage, revenu à la vente car son acquéreur initial a dû faire face à une difficulté) mais aussi 94 appartements en résidence seniors sous l’enseigne Ovelia (compter 1000 euros de loyer par mois pour un studio et 1500 euros pour un 2-pièces) sans oublier une crèche de 24 berceaux et un spa/espaces de bien-être qui doit ouvrir en fin d’année sur le toit-terrasse.
Babilou et Papilou
Et déjà, l’alchimie entre ces différents publics semble fonctionner. «Mon petit-fils a tout de suite repéré que j’habite à côté d’une crèche Babilou, s’amuse Jérôme Rallo, un locataire de 74 ans de la résidence senior. Et je lui ai répondu que moi je suis dans une résidence Papilou.» Autre spécificité de cette résidence: la présence de 3 «gîtes urbains». Avec la pleine bénédiction de la mairie, ces trois appartements vendus à des investisseurs pourront accueillir visiteurs et touristes pour des locations en court séjour.
Mais pour que cette «Arborescence» soit un plein succès, il faudra attendre que la végétation plantée s’épanouisse et se maintienne en bonne santé. Le programme comporte en effet pas moins de 1000 m² de surfaces végétalisées, 500 m² de jardinières, 3800 plantes vivaces et près de 260 arbres, arbustes et plantes retombantes sans oublier 1 km de tuyaux pour assurer l’arrosage automatique. Le paysagiste Guillaume Sevin se félicite d’avoir été associé au projet très en amont afin de pouvoir peser sur les choix et garantir que la végétation disposera des meilleures conditions. Un suivi d’un an sera d’ailleurs assuré par ses équipes tandis qu’au rez-de-chaussée un salarié de la résidence seniors assurant la maintenance des lieux a été spécialement formé pour entretenir le jardin du rez-de-chaussée.
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer