
Le crowdfunding séduit toujours en France, mais ses rendements attractifs cachent des risques importants. (Crédit photo : Shutterstock)
D'après le Baromètre du crowdfunding en France pour le 1er semestre 2025 (France FinTech & Forvis Mazars), le financement participatif continue de séduire : plus de 56.000 projets ont vu le jour. Mais derrière ces succès se cachent des rendements très attractifs… et des risques bien réels.
Des montants stables, mais une explosion du nombre de projets
Au premier semestre 2025, le crowdfunding a permis de lever 819 millions d'euros, soit quasiment autant qu'en 2024 (-1,3 %). Mais c'est surtout le nombre de projets qui impressionne : 56.359 initiatives ont été soutenues (+22 %). La majorité de ces projets sont liés au don (73,5 M€ collectés pour plus de 52.000 projets), preuve que les Français continuent d'utiliser le financement participatif comme outil de solidarité et de proximité.
Le prêt, moteur du crowdfunding
Avec 679,5 millions d'euros collectés, le prêt reste la colonne vertébrale du secteur. Deux catégories dominent :
- les obligations (495,6 M€ collectés) avec un rendement brut moyen de 9,11 %,
- les prêts rémunérés (183,9 M€), en forte hausse, avec un rendement brut moyen de 11,34 %.
Ces rendements, très supérieurs aux placements classiques, expliquent l'engouement des investisseurs. Mais ils vont de pair avec des risques : en immobilier, 20 à 25 % des projets financés accusent plus de 6 mois de retard et 10 à 15 % sont en procédure collective.
Immobilier en difficulté, énergies renouvelables en plein essor
Le financement de projets immobiliers recule nettement : 388,2 M€ pour 468 projets, soit une baisse de 15 % par rapport à 2024. Le rendement brut moyen reste élevé (10,9 %), mais la multiplication des retards et des défauts fragilise ce segment.
À l'inverse, les énergies renouvelables attirent de plus en plus : 159,5 M€ en prêts et 11,4 M€ en capital, soit une progression de 7 %. Les rendements y sont plus modérés (7,45 % en moyenne), mais les risques restent limités : seulement 2 à 4 % des projets en procédures collectives et aucune perte définitive recensée.
L'investissement en capital s'effondre
Le crowdequity (investissement en capital dans les start-up) est le grand perdant de 2025 : seulement 65,8 M€ levés, soit une chute de près de 47 %. Les investisseurs se montrent frileux, et les plateformes adoptent une sélectivité accrue.
Un secteur en recomposition
Le marché reste concentré : cinq plateformes captent près de 47 % de la collecte totale et le top 10, 66,5 %. En parallèle, de nouveaux acteurs apparaissent, tournés vers des projets locaux ou à impact sociétal, comme Human For Impact et Kolibri Crowdfunding.
Rendement ou sécurité : un équilibre à trouver
Depuis 2015, le crowdfunding a financé plus de 11,6 milliards d'euros, dont 9,1 milliards en prêts. Si les rendements peuvent dépasser 11 % dans certains segments, les investisseurs doivent garder en tête que ce n'est pas un placement garanti. Les retards de paiement et les faillites sont fréquents, notamment dans l'immobilier, quand les projets liés aux énergies renouvelables offrent une meilleure résilience.
En résumé, le crowdfunding reste un outil puissant pour financer des idées et donner du sens à son argent. Mais pour les particuliers, il doit être abordé comme un investissement diversifié et risqué, et non comme une épargne sans danger.
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