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Rénovation énergétique : est-ce vraiment la solution miracle pour relancer l'économie tout en protégeant l'environnement ?
information fournie par Boursorama avec Newsgene 18/06/2020 à 12:40

Rénovation énergétique : est-ce vraiment la solution miracle pour relancer l'économie tout en protégeant l'environnement ?

Rénovation énergétique : est-ce vraiment la solution miracle pour relancer l'économie tout en protégeant l'environnement ?

La rénovation énergétique des logements est souvent présentée comme une solution miracle qui permettrait à la fois de protéger l'environnement et de faire gagner de l'argent aux Français. Mais l'analyse du système français et des résultats des dispositifs mis en place depuis quelques années montre que la réalité est plus nuancée.

Peut-on d'une même main protéger l'environnement, réduire les factures des Français et créer des myriades d'emplois face à la crise ? Oui, selon l'Etat, en accélérant massivement la rénovation des logements. Mais cette combinaison miraculeuse d'écologie et d'économie n'a rien d'évident.

« Un plan de modernisation du pays autour de la rénovation thermique de nos bâtiments » : c'est la promesse faite ce dimanche par le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, dessinant les premiers axes d'un projet de relance pour sortir de la crise du coronavirus. L'idée est ancienne. Cela fait plus d'une décennie que s'enchaînent les plans en faveur d'une rénovation à grande échelle des bâtiments, notamment les logements, pour mieux les isoler et donc dépenser moins d'énergie.

Un système qui ne ferait que des gagnants

Début 2018, l'actuel gouvernement promettait déjà d'arriver à rénover 500 000 logements par an. Les derniers chiffres en date, fournis à l'AFP par le ministère du Logement, s'en rapprochent avec 380 000 rénovations dans les logements privés et 100 000 dans les HLM, en moyenne sur les dernières années.

Cette politique s'inscrit dans un discours partagé bien au-delà de l'actuelle majorité, notamment chez les écologistes. La rénovation énergétique des logements serait une panacée qui permet à la fois de protéger l'environnement et de faire gagner de l'argent aux Français, en diminuant les factures de gaz et d'électricité.

Ces dernières semaines, un autre argument a gagné de l'ampleur. La rénovation des bâtiments va créer « des centaines de milliers d'emplois » , selon Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique, un argument crucial à l'entame d'une crise économique à l'ampleur sans précédent.

Un siècle pour rentabiliser son investissement

Mais « le risque, c'est qu'on crée de la mauvaise rénovation énergétique par des emplois très peu qualifiés » , prévient auprès de l'AFP l'économiste Matthieu Glachant, qui a travaillé sur l'évaluation des politiques publiques de rénovation des bâtiments. « L'enjeu, c'est d'améliorer la qualité , insiste-t-il. Et si on se met à faire de la relance là dessus, j'ai peur que ça rate un petit peu. Car ce que fait la relance, c'est améliorer la quantité. »

Le spécialiste est sceptique car il a évalué, à partir de données observées entre 2000 et 2013, les économies vraiment réalisées par les particuliers sur leur facture après des travaux de rénovation énergétique. La réalité est très décevante par rapport aux modèles promus par les pouvoirs publics. Une dépense d'un millier d'euros se traduit en moyenne par une économie annuelle de moins de 10 euros. Autrement dit, il faut plus d'un siècle pour rentabiliser son investissement.

Ces données remettent en cause le bien-fondé du système français d'incitations. Il est largement basé sur le principe d'une subvention octroyée en fonction des travaux réalisés et non des résultats observés ensuite. « Les subventions, ça déresponsabilise les gens sur les résultats des travaux : moins il y a de reste à charge, moins vous faites des efforts pour trouver un bon artisan » , avance M. Glachant.

Une politique injuste ?

L'inefficacité économique des subventions n'est en outre pas leur seul problème. Elles posent aussi un souci d'équité sociale car, en s'adressant aux propriétaires, elles gonflent le portefeuille de ménages généralement plus aisés. « C'est le problème de la régressivité de cette politique : on fait des transferts de pauvres à riches » , souligne Stefan Ambec, spécialiste de l'économie de l'environnement.

Certes, l'exécutif a récemment exclu les ménages les plus aisés de l'actuelle prime, dite MaPrimeRenov'. Mais cela revient aussi à réduire la portée de cette aide, alors même qu'il se dit plus ambitieux que jamais en matière d'environnement.

« Il y a un arbitrage entre efficacité - combien de logements on va rénover - et équité » , admet M. Ambec qui, comme de nombreux économistes, favorise plutôt une politique de taxation des dépenses d'énergie pour inciter à des travaux efficaces.

1 commentaire

  • 18 juin 15:35

    Un bon artisan n'est pas plus reconnu officiellement qu'un mauvais.Aucun système en place de valorisation.Les mauvais font faillite et renaissent sous un autre nom.Les artisans de manière générale ne connaissent même pas les règles de l'art et n'y font pas appel ! (normes, anciens DTU...)Il faut former, sanctionner, valoriser, estimer, améliorer.Aucune de ces actions n'est vraiment réalisé en pratique (ex : la mise en pratique de la réglementation thermique jamais vérifiée in situ).


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